Comptes rendus

E. Steiner et C. Yallop (2001) (eds) : Exploring Translation and Multilingual Text Production : Beyond Content, Berlin/New York, Mouton de Gruyter, coll. « Text, Translation, Computational Processing », 336 p.[Notice]

  • Judith Lavoie

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  • Judith Lavoie
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Paru en 2001 aux Éditions Mouton de Gruyter dans la collection « Text, Translation, Computational Processing », l’ouvrage dirigé par Erich Steiner et Colin Yallop regroupe neuf articles qui s’interrogent sur la traduction multilingue, l’enseignement de la traduction, les outils informatiques d’aide aux langagiers et les rapports qu’entretiennent la linguistique et la traduction. Dans un texte d’introduction fouillé et méthodique, les deux directeurs de l’ouvrage justifient d’abord la pertinence du livre, publié dans cette collection et chez cet éditeur en particulier en raison de la filiation méthodologique qui les unit ; en effet, l’éditeur et les directeurs s’intéressent aux modèles linguistiques actuels et insistent sur les développements récents en recherche traductionnelle. Steiner et Yallop présentent ensuite l’approche privilégiée, résolument tournée vers la réalité de la traduction, autrement dit « la vraie vie » des traducteurs et des traductologues, le souci de la profession étant au coeur de leurs préoccupations. Enfin, ils mettent l’accent sur l’originalité du format (nous y reviendrons en conclusion). Il importe de préciser que cet ouvrage traite principalement de la notion de sens, par opposition à celle de contenu. Les directeurs et les collaborateurs du livre souhaitent dépasser la notion de contenu en ce qu’elle constitue une barrière à l’appréhension du sens dans une perspective multidimensionnelle et stratifiée. En outre, la théorie fonctionnelle du langage de Michael Halliday – figure centrale du livre, comme le précisent Steiner et Yallop en introduction – sera reprise et analysée, non seulement par Halliday lui-même, mais par d’autres collaborateurs de l’ouvrage, une initiative qui montre la cohérence interne de ce collectif. L’ouvrage est divisé en trois parties de longueurs inégales, intitulées respectivement : « Theoritical Orientation », « Modeling Translation » et « Working with Translation and Multilingual Texts : Computational and Didactic Projects », qui constitue la partie la plus courte (78 pages au total, contre 125 pages en moyenne pour chacune des deux autres). Toutefois, la valeur ne résidant pas dans la quantité mais dans la qualité, cette dernière partie, malgré sa minceur, est tout aussi chargée que les deux premières. Mais revenons à la première qui comporte trois articles aux visées théoriques. Celui de Michael Halliday interroge la qualité ou encore la valeur d’une traduction dépendant si on l’observe d’un point de vue linguistique ou traductionnel. L’article qui suit, signé par Michael Gregory et intitulé « What can Linguistics Learn from Translation ? », présente d’abord la traduction en tant qu’activité humaine, donc possible. L’auteur s’appuie sur la traduction biblique afin de montrer le rôle important assumé par la mise en contexte et la formulation dans la réception d’un texte traduit. Enfin, Christian Matthiessen, dans « The Environments of Translation » aborde la traduction dans une perspective multilingue. Il montre d’ailleurs d’entrée de jeu qu’il baigne littéralement dans la traduction depuis l’enfance, car le suédois, l’anglais et l’allemand sont les trois langues principales parlées par les membres proches et éloignés de sa famille. Son approche a pour but d’établir la nature foncièrement transformatrice et créatrice de la traduction. La seconde partie de l’ouvrage compte quatre articles. Celui de Juliane House, intitulé « How Do We Know when a Translation is Good ? », reprend une thématique soulevée par Halliday concernant la valeur d’une traduction. Après avoir décrit les différentes traditions dans lesquelles la traduction est définie comme bonne ou mauvaise, House propose une étude détaillée de la traduction allemande d’un livre pour enfants dont le texte original était rédigé en anglais. Erich Steiner, l’un des deux directeurs du collectif, s’intéresse aux caractéristiques des versions interlinguales et intralinguales de textes publicitaires. Tout comme House, Elke …