Résumés
Résumé
Le phénomène des Yvettes demeure un sujet boudé de l’historiographie québécoise. D’abord parce qu’on ignore souvent comment les rassemblements des Yvettes de Québec et de Montréal se sont organisés, mais aussi parce qu’on ignore qui étaient ces femmes qui y ont participé. Suite aux événements, les journalistes dressent rapidement un portrait uniforme de ces femmes qu’on présente comme des mères au foyer insultées par les propos de Lise Payette et, de manière générale, par le discours des mouvements féministes égalitaires de l’époque. Les médias croient alors à une manipulation des participantes par le Parti libéral du Québec. Même si la plupart des historiens et historiennes ne catégorisent pas les Yvettes comme antiféministes, ils n’envisagent absolument pas qu’elles puissent être féministes. Ce n’est que dix ans plus tard que, très prudemment, quelques-uns reconnaissent que ces femmes se sont positionnées sur la scène politique et donc les reconnaissent comme des femmes actives plutôt que passives et manipulées. Néanmoins, l’alliance officieuse du féminisme égalitaire et du nationalisme québécois depuis les années soixante empêche encore plusieurs historiennes féministes d’interpréter le phénomène des Yvettes comme l’expression d’un autre genre de féminisme au Québec que celui valorisé dans les taxonomies actuelles.
Abstract
The "Yvettes" phenomenon has not received a great deal of attention in Québécois historiography. As a result, little is known about how the "Yvettes" assemblies of Montreal and Quebec City were organised, and even less is known about their participants. At the time, the media portrayed these women as having been manipulated by Liberal party officials. Early historical judgements reflected this belief. Moreover, historians were unwilling to consider the "Yvettes" as feminists. They were, at best, not antifeminists. A decade after the 1980 referendum, however, some historians came to accept that the "Yvettes" were not manipulated by Quebec's Liberal party. On the contrary, they had been active participants in the referendum campaign. Nonetheless, historical study of the "Yvettes" phenomenon has been hampered by the tacit alliance that has existed between egalitarian feminism and Quebec nationalism since the 1960s. This alliance has prevented many feminist historians from accepting the "Yvettes" movement as the expression of an alternative, and thus acceptable, form of feminism.