Résumés
Résumé
Au Québec comme ailleurs, et pour diverses raisons, les rapports entre le nationalisme et la religion ne sont pas toujours allés de soi. Ici, les liens étroits entretenus pendant longtemps entre l’Église catholique et les nationalistes canadiens-français (on parle souvent de clérico-nationalisme) n’ont pas empêché que soit posée la question suivante : peut-on être à la fois nationaliste et catholique ? Certains événements comme la mise à l’Index de L’Action française de Charles Maurras en France en 1926 ainsi que la crise sentinelliste, qui a déchiré les Franco-Américains en 1928, ont eu des répercussions ici et posé ce problème avec plus d’acuité. En 1936, un jeune prêtre et philosophe dominicain canadien-français, Louis Lachance, a tenté d’y apporter une réponse dans un essai intitulé Nationalisme et religion. Pour Lachance, il n’y a de nationalisme légitime que lorsque subordonné et encadré par la religion. Cet article expose les thèses contenues dans ce livre et rappelle entre autres qu’elles ont été reçues favorablement par l’un des critiques les plus véhéments du nationalisme canadien-français de l’époque, Jean-Charles Harvey.
Abstract
For a variety of reasons, and despite the close ties which have historically linked the Roman Catholic Church to Quebec's nationalist movement (many authors even speak of "clerical nationalism" to describe traditional French Canadian nationalism), the relationship between the two groups has at times been strained. These tensions were not unique to French Canada. Indeed, in the wake of certain events, most notably New England's notorious Sentinelle Affair and Pope Pius XI's 1926 condemnation of French monarchist Charles Maurras' Action française—both of which shook French Canadian nationalism to the core—, Catholic thinkers the world over pondered the following question: Could one be at once a nationalist and a Roman Catholic? In 1936 a young French Canadian priest and Dominican philosopher, Louis Lachance, sought to answer this fundamental question in an essay titled Nationalisme et religion. He believed that nationalism could only be legitimate when it was framed by and subordinated to religion. This article explores the ideas contained in this key text. It also examines the favourable reception that Jean-Charles Harvey, one of French Canadian nationalism's most vehement and persistent critics, gave to Nationalisme et religion.