FR :
De la Commission Laurendeau-Dunton jusqu’à la loi 101, la pensée de Claude Ryan en matière de langue démontre qu’il est possible de concilier, jusqu’à un certain point, les principes libéraux et nationalistes, mais qu’en cas de conflit majeur entre les deux, le libéralisme est, chez Ryan, une valeur supérieure au nationalisme. Si le droit d’une majorité d’imposer le respect de sa langue est légitime, ce droit doit rester soumis, dans une société démocratique, aux droits reconnus aux individus et aux minorités. Si certains droits individuels doivent être subordonnés à des droits collectifs, il ne peut s’agir pour Ryan que d’une mesure exceptionnelle et ponctuelle commandée par un esprit de justice. Dans le cas du Québec, l’orientation scolaire des néo-Québécois créait un exemple de situation injuste, car elle menaçait la survie du groupe francophone. Mais l’aménagement législatif en matière de langue s’avérera de plus en plus restrictif envers les droits historiques de la minorité anglophone et les libertés individuelles au point où, avec la loi 101, il ira trop loin pour Ryan et brisera le fragile équilibre entre le respect des droits individuels et le respect des droits collectifs qu’il a tant souhaité.
EN :
From the Laurendeau-Dunton Commission to Quebec's controversial Bill 101, Claude Ryan's attitude on linguistic issues shows that it was possible, up to a point, for him to reconcile liberal and nationalist principles. Nonetheless, when Ryan's nationalism came into conflict with his liberalism, the latter predominated. While he believed that the French-speaking majority had the legitimate right to impose the respect of its language, it also had the obligation to respect both individual and minority rights. Though Ryan was able to acknowledge that certain individual rights should be subordinated to collective rights, this could only occur in exceptional and isolated cases. In Quebec's case, the fact that most allophone immigrants traditionally opted for English-language education constituted what he believed to be an exceptional situation because it threatened the cultural and linguistic survival of the province's French-speaking majority. However, when Bill 101 began to restrict both individual rights and the English-speaking minority's historic rights, Ryan could no longer support government efforts to achieve a new linguistic equilibrium. He felt that the Parti québécois' linguistic legislation had ruptured the fragile legal and moral equilibrium he had hoped to see established between the respect of individual and collective rights.