Chantal Maillé (dir.). Une bâtisseuse remarquable : Francine Descarries et le féminisme québécois, Montréal, Éditions du remue-ménage, 2023, 218 p.

En octobre 2021 se déroulait le colloque intitulé Francine Descarries, figure de proue du féminisme québécois. L’événement a été organisé par Chantal Maillé et l’équipe de travail du Réseau québécois en études féministes (RéQEF), soit Véronica Gomes, Anne-Julie Beaudin, Laurie Gagnon-Bouchard et Camessarde Rosier-Laforêt. Étudiantes, professeures, militantes et chercheuses s’étaient alors donné rendez-vous afin de rendre hommage aux travaux et à la carrière de la sociologue Francine Descarries. C’est de ce colloque que naît l’ouvrage collectif Une bâtisseuse remarquable : Francine Descarries et le féminisme québécois, publié aux Éditions du remue-ménage en 2023. Celui-ci n’est pas biographique; il est plutôt organisé autour d’axes thématiques inspirés par la carrière et les recherches de Francine Descarries. Chantal Maillé, qui assure la direction de cet ouvrage collectif, se charge de présenter celle qui en est le sujet. Sociologue, professeure, chercheuse et mentore, Francine Descarries est l’une des figures de proue des études féministes au Québec. Celle qui fondera l’Institut de recherches et d’études féministes (IREF) de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) et qui instiguera le Réseau québécois en études féministes (RéQEF) ne compte néanmoins pas de publications majeures concernant l’ensemble de son travail. Dans Une bâtisseuse remarquable, l’objectif consiste donc à traiter, en trois parties, de la participation de Descarries à l’élan des études féministes, de la contribution de ses travaux aux études féministes et de l’influence de son oeuvre sur les questions féministes actuelles. La première partie de l’ouvrage veut montrer l’importance de Descarries dans l’essor des études féministes au Québec. Dans le chapitre « Francine Descarries, femme de parole, de coeur et d’action, une voix exceptionnelle dans le champ des études féministes », la sociologue et professeure à l’Université de Montréal Christine Corbeil présente en quoi les sujets auxquels sa collègue Descarries et elle se sont intéressées durant leurs années communes (1985-2010) ont été à l’avant-garde des études féministes sur la maternité et sur l’étude du mouvement des femmes. Le deuxième texte, « Le combat partagé d’une sociologue engagée », est le fruit de Lyne Kurtzman et d’Ève-Marie Lampron, deux femmes dont le parcours à l’UQAM les a amenées à mieux connaître Francine Descarries. Celles-ci mettent surtout en lumière les actions accomplies par Descarries afin de faire progresser les études féministes : elles soulignent ses réussites dont l’obtention de subventions majeures, la mise en oeuvre de projets en collaboration avec le milieu communautaire et les groupes de femmes ainsi que l’organisation d’événements rassembleurs pour les féministes de tous horizons. « Autour de Relais-femmes : une alliée d’exception » prend une autre forme. En effet, le troisième texte est une entrevue qu’a menée Chantal Maillé avec Lise Gervais, ancienne coordonnatrice de Relais-femmes. Comme dans le texte de Kurtzman et de Lampron, l’entretien avec Lise Gervais révèle le rôle déterminant de Descarries dans le financement de l’organisation Relais-femmes, mais aussi dans l’accompagnement de plusieurs groupes de femmes dans la recherche féministe. La deuxième partie plonge dans les contributions scientifiques de Francine Descarries. Dans « Typologie du mouvement des femmes, 1988 : retour dans le temps… », la sociologue et professeure Shirley Roy présente le travail qu’elle a accompli avec Descarries en 1988 pour la rédaction de l’ouvrage Le mouvement des femmes et ses courants de pensée : essai de typologie. Roy et Descarries ont cherché à l’époque à mieux saisir la complexité et la diversité des idées féministes et à en dégager les grands courants afin d’outiller à la fois le milieu de l’enseignement et celui des militantes. Le défi a certainement été bien relevé, car le texte suivant, « Enseigner les études féministes avec Francine Descarries », de …