Le présent numéro s’inscrit dans le prolongement d’un colloque qui s’est tenu en 2022, organisé par Vanessa Blais-Tremblay, Caroline Loranger, Adrien Rannaud et Stéphanie Bernier et intitulé « Les années 1920 au Québec : reconfiguration de l’espace culturel et nouvelles modélisations littéraires, artistiques et médiatiques ». Cette rencontre interdisciplinaire, dans la lignée de la « grande histoire synthétique » proposée par l’équipe de La vie littéraire au Québec (formée en 1989 par Maurice Lemire et dirigée depuis 2012 par Chantal Savoie, Lucie Robert et Denis Saint-Jacques), a permis de confirmer plusieurs de nos hypothèses initiales sur les années 1920, notamment celle voulant que cette décennie soit empreinte du sentiment général de faire l’expérience d’un monde nouveau, aux potentialités simultanément nouvelles et décuplées. Dans les arts et la culture en général, la décennie 1920 se caractérise par une grande effervescence et d’importantes transformations. La presse à grand tirage accélère la circulation des autres modes d’expression culturels et artistiques et participe à leur implantation. Au même moment, le système éditorial professionnel se complexifie et permet de rejoindre des lectorats plus diversifiés. Le développement des industries culturelles, l’élargissement des publics et la mise en place de nouveaux rapports de concurrence, de complémentarité et de subordination entre les différentes instances de production, de médiation et de réception forment aussi les trames principales de la transformation du champ culturel de cette époque. Les « années folles » sont également marquées par le développement et la démocratisation de nouvelles technologies sonores et de nouveaux médias (la radio commerciale, le disque, le cinéma sonore) ainsi que par la mise en place de stratégies d’arrimage entre les circuits de production, de diffusion et de réception existants et émergents, ce qui en fait à notre avis l’une des périodes les plus enthousiasmantes de l’histoire de la musique au Québec. Le rapport au son se modifie durant la décennie 1920, de même que les modalités de négociation économique, esthétique et politique sur lesquelles repose cette transformation. Il nous apparaissait ainsi particulièrement important de cerner la teneur de ce rapport renouvelé au son ainsi que l’influence de ces grandes transformations sur les trajectoires individuelles et collectives des agentes et agents culturels de la période. La particularité de ce dossier prend également racine dans les réflexions portées par l’équipe de recherche de Vie musicale au Québec (VMQ), dirigée par les professeures Sandria P. Bouliane, Vanessa Blais-Tremblay et Laura Risk, et qui comprend notamment le professeur Pierre Lavoie parmi ses collaborateurs et collaboratrices, formant ainsi les quatre articles du présent dossier. Depuis maintenant cinq ans, VMQ s’affaire à poser les bases théoriques et méthodologiques d’une histoire plurielle et décloisonnée de la « vie musicale » au Québec durant la première moitié du xxe siècle. Historiquement, cette notion de « vie musicale » a souvent agi comme une sorte de dispositif (au sens où l’entend Michel Foucault et après lui, Gilles Deleuze), légitimant certaines pratiques et excluant les autres. À titre d’exemple, la « vie musicale » qui intéresse Annette Lasalle-Leduc dans La vie musicale au Canada français (1964) produit des lignes de coupe qui ont pour effet d’éconduire les amateurs (« Là était la plaie, le mal chronique dont souffrait la musique dans notre milieu »); en plus de distinguer « ceux de nos musiciens qui eurent le courage de persister dans une carrière artistique […] d’une fort belle tenue, pleine de dignité et d’honnêteté » de ces autres artistes qui ont persisté dans la « musique de cinéma au temps du muet, les programmes dits “commerciaux” de la Radio à ses débuts et autres besognes avilissantes du même genre » – …
IntroductionLa vie musicale dans les années 1920 au Québec
…plus d’informations
Vanessa Blais-Tremblay
Université du Québec à MontréalSandria P. Bouliane
Université LavalLaura Risk
Université de Toronto à Scarborough
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