Si les revues comme Sélection du Reader’s Digest, Les Débrouillards et Coup de pouce ont toujours fait partie de mon horizon familier, c’est au baccalauréat que j’ai commencé à fréquenter les périodiques dans une perspective analytique. Je me suis prise d’affection pour la revue Liberté, fondée en 1959 et toujours active aujourd’hui (salutations aux collègues !), fascinée par les différentes pratiques de l’essai qu’elle fédère, par ses rapports parfois ambigus aux formes d’engagement politique et littéraire. Alors à la recherche d’un sujet de maîtrise, je me suis plongée dans les livraisons des années 1960 de Liberté. Au fil des pages, j’avais l’impression d’avoir accès à des pensées plurielles, mouvantes, contradictoires, qui nuançaient le « grand récit de la Révolution tranquille » que je connaissais, ajoutant du gris là où l’histoire identifiait de l’ombre (de la noirceur) et de la lumière. Depuis ce temps, je suis habitée par la certitude que les périodiques, peu importe leurs qualificatifs (littéraires, intellectuels, savants, hebdomadaires, etc.), constituent des espaces vitaux, au sein desquels j’ai l’impression de voir le monde « respirer » autrement. À sa façon et avec les outils qui lui sont propres, cette deuxième livraison de Mens sur la Révolution tranquille cherche aussi à mettre en mouvement certaines représentations figées. Le mouvement dont je parle concerne aussi la vie ou la fabrique des revues, dont celle de Mens. En janvier 2024, nous aurons l’honneur d’accueillir au sein du comité de rédaction Claudia Raby, dont les travaux passionnants sur Jeanne Lapointe et la pratique « genrée » de la biographie intellectuelle ont déjà trouvé une place dans nos pages. Nous sommes particulièrement enthousiastes à l’idée que cette spécialiste de l’histoire littéraire des femmes et de l’histoire intellectuelle du Québec se joigne à notre équipe. Nous lui souhaitons chaleureusement la bienvenue ! En phase avec les réflexions actuelles (tout en étant assez anciennes) sur la non-neutralité de la langue, la revue a également élaboré cet automne une politique d’écriture inclusive. Il est possible de la trouver sur Érudit ainsi que sur notre page web, hébergée par le Centre de recherche sur les francophonies canadiennes. Tout texte soumis à Mens doit désormais suivre cette politique. Celle-ci sera appelée à se raffiner, suivant les besoins de l’écriture et des formes savantes. Je vous invite en ce sens à me faire parvenir vos commentaires et suggestions. La revue Mens perçoit le mouvement comme effet dynamique, comme trouble, comme possibilité d’action, bref, comme ce qui lui permet de conserver sa pertinence et sa vivacité.
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