Résumés
Résumé
L’essor récent de l’offre et de la demande de livres numériques a précipité le développement des collections des bibliothèques publiques en mode immatériel. Les prêts de livres numériques effectués par les bibliothèques sont le reflet des comportements d’emprunt des usagers. La nature et l’amplitude des prêts de livres numériques au Québec demeurent méconnues. Cette relative méconnaissance origine de la nature nouvelle du phénomène numérique et de l’absence d’études en la matière. Cet article dresse un portrait des prêts de livres numériques effectués par les bibliothèques publiques autonomes du Québec à l’aide des données de 2013 et 2014. Il en ressort que l’emprunt de livres numériques est une pratique essentiellement urbaine, qui concerne davantage les livres pour adultes, de fiction qui plus est.
Abstract
The recent surge in the supply of and demand for digital books has precipitated the development of digital collections in public libraries. The digital book loans of Quebec public libraries reflect the borrowing behaviors of their users. The nature and scope of digital book loans in Quebec remain unknown. This relative ignorance stems from the new nature of the digital phenomenon and the lack of studies on the subject. This article profiles the digital book loans of Quebec public libraries using data from the years 2013 and 2014. It reveals that the borrowing of digital books is essentially an urban practice, favors adult books and, what is more, books of fiction.
Corps de l’article
L’ère numérique entraîne avec elle de nombreuses mutations et engendre des réalités naissantes, notamment en matière de développement technologique, de transformation des publics comme des mutations des modes de production et de diffusion des produits et services culturels[1]. Ces transformations, lesquelles sont toujours d’actualité, ne sont pas étrangères à la réalité québécoise du secteur du livre où la langue, la culture et la petitesse du marché sont également identifiées comme des éléments contextuels exacerbant les défis qui en émanent[2].
Ce contexte de transformation dans lequel est plongée l’industrie québécoise du livre soulève, crée et actualise certains problèmes. Ceux-ci concernent notamment la grande complexité des goûts et des habitudes des consommateurs, ainsi que la rapidité d’évolution des tendances et la méconnaissance de leurs publics par les industries culturelles[3]. Ces problèmes sont au coeur du secteur du livre : en France, la pratique de la lecture augmente, mais celle de la lecture de livres est en baisse[4]. Les pratiques de lecture de la population évoluent : elles se diversifient en parallèle à la multiplication des formats[5] de lecture[6]. Au Québec, les données manquent pour interpréter cette diversification des pratiques.
Les bibliothèques publiques québécoises constituent un acteur important de la chaîne du livre : en 2010, leur activité économique se chiffrait à plus de 415 millions de dollars[7], et elles auront prêté tout près de 53 millions de documents à la population[8]. En 2012, leur nombre atteignait le millier de points de service et elles desservaient plus de 95 %[9] de la population québécoise. L’essor récent de l’offre et de la demande de livres numériques a précipité le développement des collections des bibliothèques publiques en mode immatériel[10]. Au Québec, les bibliothèques publiques, de concert avec les principaux acteurs du milieu du livre, ont convenu d’un protocole d’entente permettant d’offrir à leurs usagers, via la plateforme collective dédiée www.pretnumerique.ca, le prêt de livres numériques. Cette plateforme de prêt de livres numériques a commencé ses activités peu après le second congrès des milieux documentaires, tenu en novembre 2010. L’Association des bibliothèques publiques du Québec (ABPQ), le Réseau BIBLIO du Québec et Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) se sont alors associés dans le but de favoriser la diffusion du livre numérique québécois et francophone.
Les prêts de livres numériques effectués par les bibliothèques publiques sont le reflet des comportements d’emprunt des usagers. Notre objectif ici est de dresser un premier portrait détaillé de la nature et de l’ampleur des prêts de livres numériques réalisés dans les bibliothèques publiques autonomes (voir note 14) au Québec, en 2013 et 2014. Nous posons donc les questions suivantes : quelle est l’ampleur du phénomène de prêts de livres numériques au Québec? Quels sont les genres les plus prêtés en la matière? Peut-on observer des variations sur le territoire québécois?
Cette étude est la première du genre au Québec. On peut ainsi la qualifier d’exploratoire tant au plan méthodologique que sur celui des résultats. Nous avons fait le choix d’adopter une approche inductive et ainsi de tenter d’améliorer notre compréhension du phénomène par l’analyse des données, et ce, avec un recours limité à un cadre théorique existant. En effet, dans l’approche inductive, ce sont les données de terrain qui, par différents niveaux d’analyse, font émerger la théorisation. L’approche inductive inverse le processus traditionnel de la recherche hypothético-déductive où un cadre théorique existant est appliqué à des données. Dans une approche inductive, la théorisation émerge à partir des données et les résultats sont ensuite comparés aux écrits scientifiques. Ajoutons que notre démarche est de type amplifiant, c’est-à-dire qu’elle vise la généralisation à partir d’un nombre déterminé de faits observés (un échantillon)[11], et que cet échantillon, nous le précisons plus loin, est représentatif.
Collecte des données
Les données concernant les prêts de livres numériques effectués par les bibliothèques publiques du Québec sont disponibles à même la plateforme collective de diffusion www.pretnumerique.ca, laquelle est gérée par l’organisme Bibliopresto.ca[12] dont la direction a répondu favorablement à notre requête d’accès à des données détaillées[13]. Précisons ici que l’extraction des données de prêts de la plateforme a été réalisée par les équipes et partenaires de Bibliopresto.ca et qu’un fichier Excel regroupant les données nous a été remis.
Les données extraites de la plateforme incluent les données de prêts de livres numériques de toutes les bibliothèques publiques québécoises ayant effectivement développé le service de prêts de livres numériques pour leurs usagers. Ainsi, on y retrouve les données de bibliothèques publiques autonomes et affiliées, et celles de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ)[14]. Ces données se traduisent, pour chaque bibliothèque, par le nombre de prêts réalisés en 2013 et 2014 selon différentes variables que nous abordons plus loin.
Les données regroupent ainsi les prêts de livres numériques effectués entre le premier janvier 2013 et le 31 décembre 2014 selon la catégorie de livres. Les catégories[15] de livres utilisées sont au nombre de 31 et nous les avons regroupées, lorsque pertinent à nos analyses, notamment dans un objectif de généralisation, sous une classification synthétique (fiction pour adultes, non-fiction pour adultes, fiction pour la jeunesse, et non-fiction pour la jeunesse); ces regroupements demeurant communs à l’ensemble des acteurs du secteur du livre (auteurs, éditeurs, diffuseurs, libraires et bibliothécaires).
Encore nous faut-il préciser que les livres au format papier sont traités et catégorisés à l’aide des systèmes de classification traditionnelle, notamment par l’attribution d’une cote (Dewey, LoC, etc.) dont l’objectif est d’ordonner le savoir universel et d’attribuer une localisation physique à chaque ouvrage. Ces systèmes de classification permettent également des analyses au niveau des segments des collections de livres. Or, ces systèmes ne sont pas adaptés aux réalités du monde numérique : les livres numériques ne se voient pas attribuer de cote[16], et ce sont, qui plus est, les éditeurs eux-mêmes qui déterminent la catégorie des titres qu’ils publient.
Cet état de fait implique deux éléments importants : d’abord, un titre pourrait avoir été catégorisé de façon erronée, la catégorisation des éditeurs n’étant pas validée par un tiers. Ensuite, certains titres font l’objet d’une catégorisation multiple, c’est-à-dire qu’un roman pourrait avoir été catégorisé à la fois « Romans et nouvelles », « Romans historiques », et « Romans sentimentaux », alors qu’un essai pourrait l’avoir été à la fois sous « Sciences humaines et sociales », « Sports et loisirs », et « Famille et maternité ». Par voie de conséquence, les statistiques présentant le nombre de prêts effectués dans ces catégories sont le reflet de cette pratique de catégorisation multiple, ce qui a pour effet de gonfler artificiellement les données. De plus, le niveau d’agrégation des données ne nous permet pas de savoir si ce phénomène de catégorisation multiple est distribué uniformément dans les différentes catégories. Cela étant, il se dégage des données présentées ici des tendances générales permettant de dresser un portait relativement juste des usages du livre numérique en bibliothèque.
Enfin, parmi les données transmises par l’organisme, on retrouve également des données ayant été collectées par les équipes de Biblipresto.ca auprès de chacune des bibliothèques de l’échantillon. Ces données concernent la population desservie, le nombre d’usagers inscrits et les budgets d’acquisition de livres au format papier et au format numérique, et ce, pour la période de référence, soit 2013 et 2014.
Échantillon
L’échantillon a été élaboré à partir de toutes les bibliothèques publiques ayant eu 24 mois consécutifs d’activités via la plateforme www.pretnumerique.ca, au cours de la période allant du premier janvier 2013 jusqu’au 31 décembre 2014. Ainsi, celles qui ont commencé leurs activités de prêts de livres numériques au cours de cette période ont été évacuées de l’échantillon, afin de ne pas biaiser les analyses. Nous avons également fait le choix de concentrer nos analyses sur les données des bibliothèques publiques autonomes du Québec et, du même souffle, nous avons évacué de l’échantillon les bibliothèques affiliées ainsi que BAnQ. Cette décision a été motivée par la volonté de comparer des réalités similaires. En effet, les données des bibliothèques affiliées sont agrégées sous l’égide de leur centre régional de services aux bibliothèques publiques (CRSBP)[17], ce qui a pour effet de déterritorialiser les résultats et d’affecter la représentativité des données de chaque bibliothèque affiliée. De la même manière, la portée nationale des services de prêts de BAnQ nous a incité à l’exclure de nos analyses, ici également dans le but de réaliser des analyses comparatives, reposant sur des bases communes. Qui plus est, les prêts de livres numériques effectués par les CRSBP, en 2014, sont au nombre de 60 696, soit une fraction des 278 480 prêts de livres numériques réalisés par les bibliothèques publiques autonomes de notre échantillon. Enfin, il eût été fort intéressant d’analyser les 549 130 prêts de livres numériques effectués par BAnQ en 2014, mais l’impossibilité d’arrimer ces prêts à un lieu géographique (provenance du prêt) rendait impossible l’analyse sur des bases comparables à celles des bibliothèques publiques autonomes.
L’échantillon est constitué de 25 bibliothèques publiques autonomes sur un total de 170[18] au Québec. Ces 25 institutions desservaient en 2013, par leur déploiement sur le territoire, 43 % de la population québécoise[19], laquelle était estimée à 8 115 700 individus en janvier 2013[20]. Selon les déclarations faites par celles-ci au moment de la collecte de données par les équipes de Bibliopresto.ca, les 25 bibliothèques de l’échantillon enregistraient un total de 914 710 usagers inscrits en 2013, soit l’équivalent de 11 % de la population québécoise.
Enfin, précisons que d’autres plateformes de prêts de livres numériques sont actives au Québec et que certaines bibliothèques publiques y ont recours : les principales sont les plateformes OverDrive et Numilog, cette dernière n’étant utilisée que par BAnQ selon les déclarations des bibliothèques participantes aux équipes de Bibliopresto.ca. Il ne nous a malheureusement pas été possible de calculer la part de tous les prêts de livres numériques effectués au Québec qui revient à la plateforme www.pretnumerique.ca, mais les déclarations des bibliothèques de l’échantillon au moment de la collecte de données par les équipes de Bibliopresto.ca démontrent que 73 % de celles-ci n’utilisent que la plateforme collective www.pretnumerique.ca. Ainsi peut-on affirmer avec une certaine assurance que la part des prêts de livres numériques transitant par cette plateforme est, sinon importante, à tout le moins représentative des activités de prêts de livres numériques au Québec relatives aux bibliothèques publiques autonomes du Québec.
Enfin, nous sommes d’avis que la composition même de l’échantillon constitue un résultat de recherche en soi. En effet, celui-ci révèle certaines caractéristiques des bibliothèques publiques québécoises qui ont pris la décision de développer une offre de livres numériques destinée à leurs usagers au cours de la période analysée, et cet état de fait, que nous analysons plus loin, demeure l’un des reflets du développement des services de prêts de livres numériques des bibliothèques publiques autonomes du Québec.
Catégorisation des données
Une première catégorisation des données nous est apparue potentiellement utile pour une meilleure compréhension des variations dans les données, nommément les variations territoriales. À cet égard, nous avons fait le choix d’utiliser une typologie territoriale ayant recours à une échelle locale, celle des municipalités, afin de rendre compte de façon adéquate de la réalité municipale des bibliothèques autonomes, lesquelles sont des institutions gérées par le palier municipal. La typologie utilisée est la typologie locale du champ culturel[21]. Celle-ci distingue six types de municipalités :
Une deuxième catégorisation nous a semblé pertinente afin de mieux apprécier les résultats des prêts de livres numériques : il s’agit d’une catégorisation par type de livre. Nous avons regroupé les 31 catégories de livres présentes dans les données brutes sous quatre types, à savoir la fiction pour adultes, la non-fiction pour adultes, la fiction pour la jeunesse et la non-fiction pour la jeunesse[22].
Analyses
En adéquation avec notre objectif de dresser un portrait des prêts de livres numériques des bibliothèques publiques québécoises, nous avons fait le choix de recourir à la statistique descriptive et avons procédé à des analyses univariées et bivariées, les premières permettant de « résumer les informations concernant une variable[23] », les secondes permettant l’examen de « l’association entre deux variables en comparant des distributions de pourcentages[24] ». Aussi, en cohérence avec notre approche inductive, nous avons effectué tous les croisements des différentes variables afin d’en apprécier les éventuelles variations, divergentes comme convergentes.
Suivant l’objectif descriptif que nous nous sommes donné, nos analyses ne mettent pas en relation les prêts de livres numériques avec d’éventuels déterminants, notamment l’espace médiatique. De la même manière et pour les mêmes raisons, elles ne tiennent pas compte non plus de l’offre de livres déployée par les bibliothèques publiques. Si les prêts de livres numériques effectués sont effectivement fonction de l’offre déployée, de même que l’offre déployée est notamment fonction de la demande des usagers, l’explication des causes sous-tendant les prêts de livres numériques ne constitue pas l’objectif de cet article, s’agissant, répétons-le, de présenter un premier portrait de ces prêts au Québec.
Résultats
Les bibliothèques de l’échantillon ont globalement réalisé un total de 168 942 prêts de livres numériques en 2013, dont 91 % concernaient des livres pour adultes, contre 278 480 en 2014, dont 92 % concernaient des livres pour adultes. Si ce résultat démontre une croissance certaine des comportements d’emprunt de livres numériques, nommément une progression de 65 % en une année, il positionne également ce comportement comme émergent en comparaison des 19 430 451 prêts de livres au format papier réalisés en 2013[25] par ces mêmes bibliothèques[26]. En effet, les prêts de livres numériques représentaient moins d’un pour cent du total des prêts de livres au format papier en 2013.
En cohérence avec ces proportions différenciées des prêts au format papier et au format numérique, les budgets d’acquisition de livres numériques des bibliothèques de l’échantillon s’élevaient à 368 132 $ en 2013[27], soit l’équivalent de 2,64 % des montants alloués pour l’acquisition de livres au format papier, lesquels atteignaient 13 967 033 $ pour la même année[28].
Les prêts de livres numériques demeurent un phénomène somme toute urbain, comme le démontrent les résultats présentés au tableau 2. En effet, on remarque tout d’abord que ce sont majoritairement des bibliothèques situées dans des municipalités à haute densité de population (MCHD) et les municipalités qui leurs sont satellites (MS1) qui se sont les premières lancées dans le prêt de livres numériques; ces bibliothèques représentant 68 % de l’échantillon (17 sur 25). On constate ensuite que ces 17 bibliothèques ont accaparé, en 2013 et 2014, respectivement 89 % et 88 % de tous les prêts de livres numériques réalisés. Dit autrement, la forte majorité des emprunts de livres numériques ont été effectués par des usagers de bibliothèques situées dans les villes de Montréal, Québec et Laval, ainsi que dans les banlieues de ces villes, notamment Blainville, Candiac, Dorval, Pointe-Claire, Repentigny et Saint-Lambert.
Il est cependant intéressant de constater, à la lecture des données présentées au tableau 3, que si la majorité des emprunts de livres numériques sont effectués en milieu urbain, ce sont les bibliothèques sises dans des municipalités intermédiaires (MI, des municipalités de 25 000 habitants et plus, situées à plus de 30 minutes de voiture d’une ville de 50 000 habitants et plus) qui affichent le ratio le plus élevé de prêts par usager inscrit. Les bibliothèques situées dans des municipalités périphériques (MP) et satellites de niveau deux (MS2) affichent, quant à elles, les ratios les plus bas en la matière, ce qui semble entériner la nature urbaine du phénomène qu’est le prêt de livres numériques.
Nous l’avons précisé plus haut, mais il importe de le rappeler afin d’apprécier les prochains résultats avec la retenue qui s’impose : un même livre numérique peut avoir été classé dans plus d’une catégorie. Par le fait même, lors de l’extraction des données comptabilisant le nombre de prêts effectués, cette double, voire triple catégorisation a pour effet d’augmenter le nombre total de prêts. Cela étant, nous avons contré cette multiple catégorisation en agrégeant les données en quatre groupes, chacun représentant un genre mutuellement exclusif. Ainsi, un roman historique, par exemple, n’aurait pu être classé dans d’autres catégories que celles regroupées sous le type « Fiction pour adultes ».
Le tableau 4 présente donc les résultats des prêts de livres numériques de l’échantillon selon le genre, et ce, pour 2013 et 2014. Notons d’abord que la très grande majorité des prêts de livres numériques concerne les ouvrages de fiction (78 %). De plus, et conformément aux données présentées en introduction de la section des résultats, ce sont majoritairement des livres numériques pour adultes (93 %) qui sont empruntés aux bibliothèques publiques autonomes du Québec. Rappelons ici que ce portrait se limite aux des bibliothèques publiques autonomes du Québec et que certains genres de livres pourraient être davantage empruntés via d’autres types de bibliothèques; on pense notamment aux emprunts d’ouvrages de non-fiction pour adultes dans les bibliothèques collégiales et universitaires.
Nous avons souhaité analyser les éventuelles variations territoriales des prêts effectués selon le genre de livres. Notre échantillon étant constitué majoritairement de bibliothèques de type MCHD et MS1, et certaines des catégories, qui plus est, ne regroupant les données que d’une à trois bibliothèques, nous ne saurions ni tirer de conclusions hâtives des résultats de ces analyses, ni procéder à quelque généralisation que ce soit. Cependant, il se dégage de ces résultats des tendances nettes qu’il nous est apparu pertinent de soulever. Les résultats de ces analyses sont présentés aux tableaux 5 et 6.
On y remarque d’abord que la proportion de prêts de livres numériques de fiction demeure fortement majoritaire sur l’ensemble du territoire, et ce, quel que soit le type de municipalité. On constate ensuite que, plus on s’éloigne des grands centres (MCHD et MCFD), plus la proportion d’emprunts de livres numériques de fiction pour adultes est élevée, l’écart demeurant toutefois relativement ténu. En cohérence avec cette tendance, les adeptes de non-fiction pour adultes sont plus nombreux dans les grands centres urbains (MCHD et MCFD). Cet état de fait peut être causé par plusieurs facteurs, notamment la présence accrue d’universités en milieu urbain. Enfin, il semble que les livres pour la jeunesse, fiction et non-fiction confondues, soient davantage empruntés près ou à l’intérieur des grands centres.
Nos dernières analyses nous ont porté à examiner les catégories de livres les plus prêtées selon qu’il s’agisse de fiction pour adultes, de non-fiction pour adultes et de livres pour la jeunesse. Les résultats de telles analyses pourraient être le reflet d’un engouement pour un auteur ou une série de livres, en témoigne l’immense succès de la série 50 nuances de Grey parue en 2013 au Québec. Ajoutons qu’il serait fort intéressant d’étudier ces résultats sur une période plus longue (cinq à dix ans), qui plus est d’en comparer les données avec celles des prêts de livres au format imprimé ou avec celles des ventes des détaillants québécois, afin de pouvoir en tirer les conclusions les plus fidèles au phénomène.
Les tableaux 7, 8 et 9 présentent les résultats de ces analyses. En matière de fiction pour adultes, il appert que ce sont les romans et nouvelles qui sont les livres numériques les plus empruntés. Cela étant, il est probable que la catégorisation des romans pour adultes soit effectuée de telle sorte que la catégorie « romans et nouvelles » soit surreprésentée dans les statistiques.
Au regard des résultats concernant les livres numériques de non-fiction pour adultes, ce sont les biographies qui affichent la plus forte proportion d’emprunts du genre. On remarquera cependant que les livres de tourisme et voyages, de sciences humaines et sociales, et de cuisine représentent, ensemble, environ le tiers des emprunts de non-fiction pour adultes.
Enfin, en matière de livres pour la jeunesse, les catégories ne sont qu’au nombre de trois, ce qui confine nos analyses à un niveau général. On notera toutefois que la fiction, ici aussi, se taille la part du lion.
Discussion
Pour que le prêt de livres numériques puisse se développer au sein des bibliothèques publiques autonomes du Québec, il importe que celui-ci soit en tout premier lieu accessible. En effet, « l’offre culturelle centrale précède la demande : l’amateur ne peut pas en effet manifester le désir de consommer un prototype artistique ou culturel singulier qui n’existe pas encore[29] ». Cela étant, il faut préciser que l’offre culturelle est développée notamment en faisant écho à la demande et aux besoins exprimés par les usagers, en témoignent les nombreux services de suggestions d’achats des bibliothèques publiques du Québec. Il n’est toutefois pas faux de dire que la prémisse du développement du livre numérique, en bibliothèque comme ailleurs, demeure sa mise à disposition sur les différentes plateformes utilisées par les publics.
Qui plus est, cette mise à disposition implique une certaine exhaustivité, c’est-à-dire que plus l’offre sera grande et diversifiée, plus elle sera attrayante pour les publics. À cet égard, les résultats de nos analyses des données ont démontré que le nombre de bibliothèques publiques autonomes qui offraient le prêt de livres numériques à leurs usagers était de 25 sur un total de 170 possibilités, soit 15 % de toutes les bibliothèques publiques autonomes québécoises. L’analyse des données a également permis de mesurer le budget des bibliothèques de l’échantillon qui était consacré au développement des collections de livres numériques, celui-ci représentant, en 2013, 2,64 % du budget total d’acquisition de livres au format papier. Par ailleurs, on dénombrait 65 bibliothèques publiques autonomes offrant le service de prêts de livres numériques à leurs usagers au mois d’août 2015[30], soit 160 % de plus que le nombre de bibliothèques de notre échantillon. Cela étant, il demeure que les prêts de livres numériques pourront prendre leur envol à partir du moment où les collections de livres numériques de ces bibliothèques seront aussi attrayantes que les collections de livres au format papier. À ce chapitre, il importe de préciser que certains éditeurs ne rendent pas systématiquement disponibles tous les nouveaux titres publiés au format numérique; que les titres qui sont effectivement publiés au format numérique ne sont pas forcément offerts au prêt en bibliothèque; que peu d’éditeurs ont procédé à la numérisation des titres de leur catalogue; et que les fonds et les nouveautés de plusieurs éditeurs européens ne sont pas encore disponibles au format numérique au Québec, faute d’ententes entre les acteurs.
D’égale importance, l’offre centrale (étant entendue ici comme l’ensemble des collections de livres numériques des bibliothèques) ainsi déployée doit être accompagnée de son offre périphérique. En effet, « la notion d’offre privilégie l’expérience globale de consommation. Elle est ainsi composée d’une offre centrale relevant des oeuvres, activités et produits culturels, et d’une offre périphérique qui comprend les services associés et additionnels[31] ». En matière de livres numériques, l’offre périphérique peut se traduire notamment par les différents formats disponibles (PDF vs EPUB, par exemple), les types de verrous utilisés, et par le fait même leur interopérabilité (possibilité de les lire à l’aide de différents appareils). De façon plus spécifique au prêt de livres numériques, l’offre périphérique peut constituer un téléchargement facile à réaliser, ou un système de réservation efficace, lequel pourrait être intégré aux multiples fonctionnalités des appareils, ou la possibilité d’acheter le livre numérique devant une liste d’attente trop longue, ou encore un service de recommandation de lectures, voire un service personnalisé de médiation du livre selon les goûts et préférences des lecteurs, notamment par le recours à des algorithmes de recommandation[32].
Sur le plan des résultats émanant de nos analyses, il semble que la tendance à la consommation de livres numériques de fiction ne soit pas spécifique au Québec. En effet, une étude française datant de 2012 identifie la littérature sentimentale, la science-fiction, la fantasy, le polar et le thriller comme les catégories d’oeuvres les plus populaires dans l’environnement numérique[33]. La popularité de ces catégories de livres numériques de fiction est également avérée au Québec, où les oeuvres de ces catégories accaparent plus du quart des emprunts des ouvrages numériques de fiction pour adultes par les usagers. Précisons cependant que les données québécoises se distinguent par le fait que le roman historique constitue une catégorie fort populaire, celle-ci représentant près du quart de tous les emprunts d’ouvrages numériques de fiction pour adultes.
Les données analysées indiquent que l’emprunt de livres numériques par les usagers des bibliothèques publiques autonomes du Québec serait un phénomène urbain. En effet, près de 90 % (89 % en 2013 et 88 % en 2014) de tous les emprunts de livres numériques ont été effectués dans une bibliothèque publique autonome située dans un centre urbain à haute densité (Montréal, Laval, Longueuil ou Québec) ou dans une municipalité satellite à ces centres urbains, ces deux types de municipalités regroupant 68 % de toutes les bibliothèques publiques autonomes qui offraient effectivement un service de prêt de livres numériques à leurs usagers en 2013 et/ou 2014. L’urbanité du phénomène pourrait être le reflet de nombreux facteurs, notamment celui d’une population dont les caractéristiques sociodémographiques sont plus fortement corrélées à la maîtrise de l’environnement numérique, celui de la présence accrue d’institutions d’enseignement collégial et universitaire (en témoignent d’ailleurs les plus fortes proportions de prêts de livres numériques de non-fiction pour adultes dans les municipalités urbaines), ou celui encore d’une éventuelle offre plus attrayante déployée par les bibliothèques de ces municipalités.
Les données analysées ne font pas état du type de lecteur numérique utilisé par les usagers des bibliothèques publiques en matière d’emprunt de livres numériques. Il aurait été intéressant de disposer de cette information puisque nous aurions pu la mettre en lien avec une étude dont les résultats ont été dévoilés à l’occasion de l’événement Tools of Change for Publishing, tenu en février 2011 à New York. Ces résultats proposaient une typologie des lecteurs fondée sur le type d’appareil utilisé :
[1] les lecteurs sur readers [liseuse spécifiquement dédiée à la lecture de livres numériques] sont de gros lecteurs et de gros acheteurs de livres […] [2] les lecteurs sur smartphones [téléphones intelligents] sont des lecteurs occasionnels, plus nombreux que les autres. À leur première visite, ils dépensent 15 dollars, puis en moyenne 7 dollars avec une seule visite par mois. Ils consomment pour moitié des titres gratuits et pour une autre moitié des titres payants; c’est une clientèle volatile avec un taux de désabonnement élevé […] [3] les lecteurs sur iPad sont de moins gros consommateurs de livres que les lecteurs sur readers. Ils dépensent en moyenne 22 dollars canadiens à la première visite. Ils achètent moins fréquemment des textes, quatre à cinq fois par mois, c’est une clientèle moins fidèle, plus insaisissable [4] les lecteurs adeptes du tout-gratuit ne dépensent rien par définition et se fournissent en contenus piratés sur le web; ils résistent « scandaleusement » à la commercialisation, ce sont de gros lecteurs qui lisent essentiellement sur readers[34].
De la même manière, les données collectées ne font pas mention des dates d’emprunt. Ainsi, il ne nous a pas été possible d’apprécier les éventuelles variations saisonnières dans les comportements d’emprunt de livres numériques. Or, il y a fort à parier que de telles variations sont observables. Par exemple, en 2011-2012 aux États-Unis, on a remarqué une consommation très élevée de livres numériques juste après la fête de Noël, moment généralement favorable pour offrir du matériel électronique. À cet égard, l’étude a révélé qu’en une période de quatre jours suivant les fêtes de Noël, les usagers d’une bibliothèque avaient téléchargé 3 028 livres numériques à partir de différents appareils, notamment des ordinateurs, des téléphones portables et des liseuses[35].
Conclusion
Au regard de notre objectif visant à dresser un portrait de la nature et de l’ampleur des prêts de livres numériques réalisés par les bibliothèques publiques autonomes au Québec en 2013 et 2014, force est de constater que le prêt de livres numériques dans ces mêmes bibliothèques constituait, à cette période, un phénomène nouveau, encore au stade des balbutiements.
La nature récente de la pratique de l’emprunt de livres numériques, l’urbanité de celle-ci, de même que la nature fictive des ouvrages empruntés présagent peut-être d’une tendance lourde pour le livre numérique, mais pourraient également ne constituer que l’écho d’une réalité spécifique aux bibliothèques publiques autonomes, une réalité qui pourrait s’avérer fort différente de celle des bibliothèques en milieu scolaire ou des librairies et autres détaillants en ligne. De la même manière, il est possible que cette double nature du phénomène (son caractère urbain et la nature fictive des ouvrages) de même que sa faible ampleur soient le reflet d’un format qui n’a pas encore trouvé sa place dans le marché, ou encore le portrait des tout premiers utilisateurs de ce format.
Ces constats se présentent dans un rapport antagoniste, ce qui émane de la nature exploratoire de cette étude. Les résultats de cette exploration laissent poindre de nombreuses problématiques de recherche qui pourraient participer à une meilleure compréhension de la relation entre les publics lecteurs et le livre au format numérique.
Le phénomène étant émergent, il importe d’abord d’en analyser l’évolution au fil du temps. Devant sa progression rapide, il nous semble que ces analyses devraient, de surcroît, être réalisées sur une base annuelle, à tout le moins pour les cinq prochaines années.
Ensuite, les prochaines analyses pourraient être enrichies de données additionnelles afin de préciser les comportements d’emprunt de livres numériques en bibliothèque au Québec. Les données concernant la durée et le moment d’emprunt (et par le fait même, l’heure d’emprunt, le jour de la semaine, le mois et la saison, le jour du retour), la catégorie de prix (prix public pratiqué par l’éditeur), la provenance du livre (livre édité au Québec ou ailleurs), ainsi que le type d’appareil utilisé pour le téléchargement contribueraient certainement à préciser notre compréhension du phénomène.
D’égale importance, les analyses annuelles des emprunts de livres numériques pourraient faire l’objet d’études comparatives avec les données de ventes de livres numériques telles qu’elles sont réalisées par les détaillants du Québec. Si de telles analyses sont confrontées au problème de l’accès à ces données, elles demeurent d’une grande pertinence sociale et scientifique en ce qu’elles permettraient d’appréhender d’éventuelles distinctions dans les comportements d’achat et d’emprunt de livres numériques. De la même manière, des analyses comparées des emprunts de livres numériques et des emprunts de livres au format papier pourraient jeter une lumière intéressante sur le phénomène.
Enfin, nous croyons également que toutes ces pistes devraient être enrichies par une enquête qualitative auprès des publics afin de mieux cerner les évolutions de ceux-ci en matière de pratiques de lecture et d’habitudes de consommation du livre numérique.
Parties annexes
Note biographique
Stéphane Labbé est doctorant en communication sociale à l’Université du Québec à Trois-Rivières, chercheur dans le domaine de l’efficacité et l’efficience des processus en bibliothèques publiques, membre du Laboratoire de recherche sur les publics de la culture et mentor culturel pour la Chaire de gestion des arts Carmelle et Rémy-Marcoux – HEC Montréal. Ses écrits scientifiques sont variés et traitent des domaines de l’industrie du livre, de l’environnement numérique, de la géographie culturelle et de la méthodologie. Il a également présenté de nombreuses conférences, notamment dans le cadre des Rendez-vous de la recherche du ministère de la Culture et des Communications et du congrès annuel de l’International Federation of Library Associations (IFLA). Il a fondé et dirigé les activités du bureau de la recherche sur la lecture et le livre de l’Association nationale des éditeurs de livres, lequel a pour objectif d’aider les milieux scientifiques et de pratique à mieux comprendre les transformations en cours dans le secteur.
Notes
-
[1]
P. Bouquillion et Y. Combès, Les industries de la culture et de la communication en mutation, Paris, Éditions L'Harmattan, 2007.
-
[2]
À ce sujet, voir notamment : C. Martin, M. De La Durantaye, J. Lemieux, J.-P. Baillargeon, G. Pronovost (et al.), Le Modèle québécois des industries culturelles : Livre, enregistrement sonore, longs métrages, jeux vidéo, bibliothèques, Montréal, Université de Montréal, 2010; et C. Martin, M. De La Durantaye, J. Lemieux et J. Luckerhoff (dir.), Enjeux des industries culturelles au Québec : Identité, mondialisation, convergence, Québec, Presses de l'Université du Québec, 2012.
-
[3]
Voir : D. Hesmondhalgh, The Cultural Industries, 2nd Edition, Londres, SAGE Publications, 2007; et C. Martin, M. De La Durantaye, J. Lemieux, J.-P. Baillargeon, G. Pronovost (et al.), Le Modèle québécois des industries culturelles : Livre, enregistrement sonore, longs métrages, jeux vidéo, bibliothèques, Montréal, Université de Montréal, 2010.
-
[4]
N. Robine, « L’acte de lecture reste un phénomène inconnu », O. Bessard-Banquy (dir.), Les mutations de la lecture, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2012, pp. 27-38.
-
[5]
Ces formats se traduisent notamment par le livre numérique téléchargeable, le livre numérique auquel on accède en ligne (streaming), mais également à de nouvelles formes de lecture comme le blogue, le eSingle (texte court sous forme numérique) et le Bookazine (un hybride entre magazine et livre).
-
[6]
C. Miller, K. Purcell et L. Rainie, Reading Habits in Different Communities, Washington, Pew Research Center's Internet & American Life Project, 2012.
-
[7]
Observatoire de la culture et des communications (OCCQ), « Dépenses des bibliothèques publiques, Québec, 2012 », Québec : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, 2013. http://www.stat.gouv.qc.ca/docs-hmi/statistiques/culture/bibliotheques/publiques/2012/biblio_t_1_4_2012.htm (14 août 2015).
-
[8]
Observatoire de la culture et des communications (OCCQ), « Fonds et activités des bibliothèques publiques, Québec, 2012 », Québec : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, 2013. http://www.stat.gouv.qc.ca/docs-hmi/statistiques/culture/bibliotheques/publiques/2012/biblio_t_1_2_2012.htm (14 août 2015).
-
[9]
Observatoire de la culture et des communications (OCCQ), « Indicateurs de performance des bibliothèques publiques, Québec, 2012 », Québec, Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec, 2013. http://www.stat.gouv.qc.ca/docs-hmi/statistiques/culture/bibliotheques/publiques/2012/biblio_t_1_1_2012.htm (14 août 2015).
-
[10]
Si les supports des produits culturels numériques (serveurs, réseaux, disques rigides) relèvent de la matérialité, les collections de livres numériques demeurent résolument immatérielles.
-
[11]
M. Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001.
-
[12]
Selon le site de l’organisme : « BIBLIOPRESTO.CA émane de la volonté commune de l’Association des bibliothèques publiques du Québec (ABPQ), du Réseau BIBLIO du Québec et de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) de se doter d’un organisme chapeautant le développement et l’accès aux ressources numériques en bibliothèques publiques »; http://bibliopresto.ca/presentation.php
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[13]
Nous remercions chaleureusement le directeur général de l’organisme, monsieur Jean-François Cusson, non seulement pour sa précieux concours, mais aussi pour son ouverture à la collaboration avec les milieux scientifiques.
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[14]
On distingue au Québec les bibliothèques publiques autonomes des bibliothèques publiques affiliées, les premières étant situées dans des municipalités de 5 000 habitants et plus, les secondes dans des municipalités de moins de 5 000 habitants. Ces dernières sont affiliées à un centre régional de services aux bibliothèques publiques (CRSBP).
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[15]
Voici la liste des catégories : romans et nouvelles, romans historiques, romans sentimentaux, romans policiers et suspense, romans science-fiction et fantastique, poésie et théâtre, bandes dessinées, biographies, tourisme et voyages, sciences humaines et sociales, cuisine, famille et maternité, affaires, économie et droit, santé, croissance personnelle, psychologie, science et technologie, éducation et langues, arts, architecture et design, sports et loisirs, essais littéraires et critiques, religion et spiritualité, ouvrages de référence, nature et environnement, parapsychologie, décoration et jardinage, transports, informatique, jeunesse — albums et romans, jeunesse — bandes dessinées, jeunesse — documentaires.
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[16]
Si le recours aux cotes en matière de livres numériques est une pratique documentée ailleurs dans le monde, les acteurs québécois ont fait le choix d’adopter la catégorisation par l’éditeur.
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[17]
Nous utilisons la dénomination CRSBP à l’instar du principal producteur de statistiques du milieu des bibliothèques publiques au Québec, en l’occurrence Bibliothèque et Archives nationales du Québec (StatBib). L’observatoire de la culture et des communications du Québec utilise la dénomination Réseau BIBLIO. Ces deux intitulés réfèrent au même type de bibliothèques publiques, nommément celles situées dans une municipalité dont la taille de la population est inférieure à 5000 habitants.
-
[18]
Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et Ministère de la Culture et des Communications du Québec, Statistiques des bibliothèques publiques du Québec, 2013. http://banq.qc.ca/statbib (14 août 2015).
-
[19]
Le concept de population desservie par une bibliothèque publique réfère à l’ensemble de la population de la municipalité dont relève une bibliothèque publique. Ce concept est largement utilisé par l’ensemble des producteurs de statistiques culturelles, notamment l’Observatoire de la culture et des communications du Québec et BAnQ.
-
[20]
C. Girard et al., Le bilan démographique du Québec – Édition 2013, Québec, Gouvernement du Québec, Institut de la statistique du Québec, 2013.
-
[21]
S. Labbé et C. Poirier, « Culture et territoires locaux : Le développement d’une typologie locale dans le champ culturel », S. Belley et D. Saint-Pierre (dir.), Les instruments de l’action publique et le pilotage des territoires : regards théoriques et empiriques (à paraître).
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[22]
Nous le mentionnons plus haut, ces regroupements sont communs à l’ensemble des acteurs du secteur du livre (auteurs, éditeurs, diffuseurs, libraires et bibliothécaires). Ils sont utilisés notamment par l’Observatoire de la culture et des communications du Québec (OCCQ).
-
[23]
W. Fox, Statistiques sociales, Québec, Les Presses de l’Université Laval et De Boeck Université, 1999, p. 49.
-
[24]
W. Fox, Statistiques sociales, Québec, Les Presses de l’Université Laval et De Boeck Université, 1999, p. 123.
-
[25]
Les statistiques pour le livre au format papier pour l’année 2014 n’étaient pas disponibles au moment d’écrire ce texte.
-
[26]
Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et Ministère de la Culture et des Communications du Québec, Statistiques des bibliothèques publiques du Québec, 2013. http://banq.qc.ca/statbib (14 août 2015).
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[27]
Les données pour 2014 n’étaient pas disponibles au moment d’écrire cet article.
-
[28]
Les données des budgets d’acquisition des bibliothèques de l’échantillon pour l’année 2014 n’étaient pas complètes.
-
[29]
D. Bourgeon-Renault, Marketing de l’art et de la culture : spectacle vivant, patrimoine et industries culturelles, Paris, Dunod, 2009, p. 34.
-
[30]
Selon www.pretnumerique.ca : Liste des bibliothèques participantes : http://www.pretnumerique.ca/
-
[31]
D. Bouder-Pailler et L. Damak, « Offre et consommation culturelle : les enjeux du risque perçu et de la confiance », I. Assassi, D. Bourgeon-Renault et M. Filser (dir.), Recherches en marketing des activités culturelles, Paris, Vuibert, 2012, p. 20.
-
[32]
Stéphane Labbé, « La médiation du livre à l’ère du numérique : l’enjeu des algorithmes de recommandation », Documentation et bibliothèques, vol. 61, no 1, 2015, pp. 15-21.
-
[33]
H. Bienvault, « De la lecture numérique », O. Bessard-Banquy (dir.), Les mutations de la lecture, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2012, pp. 167-198.
-
[34]
H. Bienvault, « De la lecture numérique », O. Bessard-Banquy (dir.), Les mutations de la lecture, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2012, pp. 189-190.
-
[35]
K. Zickuhr, L. Rainie, K. Purcell, M. Madden et J. Brenner, Libraries, Patrons, and e-books, Washington, Pew Research Center’s Internet & American Life Project, 2012.
Bibliographie
- Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et Ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCCQ) (2013). « Statistiques des bibliothèques publiques du Québec », Montréal, Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et Ministère de la Culture et des Communications du Québec : http://banq.qc.ca/statbib
- Hervé Bienvault, « De la lecture numérique », dans O. Bessard-Banquy (dir.), Les mutations de la lecture, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2012, pp. 167-198.
- Danielle Bouder-Pailler et Leïla Damak, « Offre et consommation culturelle : les enjeux du risque perçu et de la confiance », dans I. Assassi, D. Bourgeon-Renault et M. Filser (dir.), Recherches en marketing des activités culturelles, Paris, Vuibert, 2012, pp. 20-44.
- Philippe Bouquillion et Yolande Combès, Les industries de la culture et de la communication en mutation, Paris, Éditions L’Harmattan, 2007.
- Dominique Bourgeon-Renault, Marketing de l’art et de la culture : spectacle vivant, patrimoine et industries culturelles, Paris, Dunod, 2009.
- William Fox, Statistiques sociales, Québec, Les Presses de l’Université Laval et De Boeck Université, 1999.
- Chantal Girard et al., Le bilan démographique du Québec – Édition 2013, Québec, Gouvernement du Québec, Institut de la statistique du Québec, 2013.
- Madeleine Grawitz, Méthodes des sciences sociales, Paris, Dalloz, 2001.
- David Hesmondhalgh, The Cultural Industries, 2nd Edition, Londres, SAGE Publications, 2007.
- Stéphane Labbé et Christian Poirier, « Culture et territoires locaux : Le développement d’une typologie locale dans le champ culturel », dans Serge Belley et Diane Saint-Pierre (dir.) Les instruments de l’action publique et le pilotage des territoires : regards théoriques et empiriques, Québec, Presses de l’Université du Québec, (à paraître).
- Stéphane Labbé, « La médiation du livre à l’ère du numérique : l’enjeu des algorithmes de recommandation », Documentation et bibliothèques, vol. 61, no 1, 2015, pp. 15-21.
- Claude Martin, Michel De La Durantaye, Jacques Lemieux et Jason Luckerhoff (dir.), Enjeux des industries culturelles au Québec : Identité, mondialisation, convergence, Québec, Presses de l'Université du Québec, 2012.
- Claude Martin, Michel De La Durantaye, Jacques Lemieux, Jean-Paul Baillargeon, Gilles Pronovost et al., Le Modèle québécois des industries culturelles : Livre, enregistrement sonore, longs métrages, jeux vidéo, bibliothèques, Montréal, Université de Montréal, 2010.
- Carolyn Miller, Kristen Purcell et Lee Rainie, Reading Habits in Different Communities, Washington, Pew Research Center’s Internet & American Life Project, 2012.
- Observatoire de la culture et des communications (OCCQ) (2013). « Indicateurs de performance des bibliothèques publiques, Québec, 2012 », Québec, Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec : http://www.stat.gouv.qc.ca/docs-hmi/statistiques/culture/bibliotheques/publiques/2012/biblio_t_1_1_2012.htm
- Observatoire de la culture et des communications (OCCQ) (2013). « Dépenses des bibliothèques publiques, Québec, 2012 », Québec : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec : http://www.stat.gouv.qc.ca/docs-hmi/statistiques/culture/bibliotheques/publiques/2012/biblio_t_1_4_2012.htm
- Observatoire de la culture et des communications (OCCQ) (2013). « Fonds et activités des bibliothèques publiques, Québec, 2012 », Québec : Institut de la statistique du Québec, Observatoire de la culture et des communications du Québec : http://www.stat.gouv.qc.ca/docs-hmi/statistiques/culture/bibliotheques/publiques/2012/biblio_t_1_2_2012.htm
- Nicole Robine, « L’acte de lecture reste un phénomène inconnu », dans O. Bessard-Banquy (dir.), Les mutations de la lecture, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2012, pp. 27-38.
- Kathryn Zickuhr, Lee Rainie, Kristen Purcell, Mary Madden et Joanna Brenner, Libraries, Patrons, and e-books, Washington, Pew Research Center’s Internet & American Life Project, 2012.