EN :
In the field of Art History, affecting art with the artist’s aura is a central mechanism of canon creation that mythologizes artists into objects of desire. This tendency permeates outsider art whose appeal is rooted in biographical exceptionalism and eccentricity rather than aesthetic aptitude (see Morgan 2018). Reviewing the work of Henry Darger, Eugene Von Bruenchenhein, and A.G. Rizzoli—artists whose works are accumulative, some suggest compulsive, in reiteration and magnitude—this essay explores the pitfalls of projecting an aesthetic affect onto the artist and in turn building their value upon a fabricated aura of eccentricity. The aura of eccentricity resides at the nexus between material and idea. It is both real and mythologized, materially communicated through excess, opulence, and exaggeration of shapes, scale, colour, and medium yet ideologically created in the realm of differentiating adjectives and semantic flourishes. Engaging with Walter Benjamin and Theodor Adorno, this essay argues that material culture demands self-awareness of our own interpretive prejudices, in this case fashioning the artist outsider with eccentric narratives retroactively projected upon them through the interpretation of their work.
FR :
Dans le domaine de l’histoire de l’art, le fait de répercuter l’aura de l’artiste sur l’art constitue un mécanisme central de création d’un canon qui mythifie les artistes et en fait des objets de désir. Cette tendance imprègne l’art marginal, dont l’attrait s’enracine dans l’exception biographique et l’excentricité plutôt que dans une aptitude esthétique (voir Morgan 2018). Passant en revue les oeuvres d’Henry Darger, Eugene von Bruenchenhein et A.G. Rizzoli – des artistes dont les travaux ont un caractère cumulatif, certains diraient compulsif, du fait de leur réitération et de leur ampleur – cet article explore le danger de projeter un affect esthétique sur l’artiste et en retour de construire la valeur des artistes sur une aura d’excentricité artificielle. L’aura d’excentricité réside au croisement du matériel et de l’idée. Elle est à la fois réelle et mythifiée, elle se communique matériellement par l’excès, l’opulence et l’exagération des formes, de l’échelle, de la couleur et du médium, tout en étant créée, sur un plan idéologique, dans un royaume où fleurissent les adjectifs distinctifs et la sémantique. Dans un dialogue avec Walter Benjamin et Theodor Adorno, cet article avance que la culture matérielle exige que nous soyons avertis de nos propres préjugés interprétatifs, qui consistent dans ce cas, lorsque l’on interprète les oeuvres de l’artiste marginal, à projeter rétrospectivement sur lui un narratif d’excentricité.