EN :

In Charles-Arthur Bourgeois’s Snake Charmer, the figure and the serpent, the ethnographic and the zoological, reinforce the exoticism of the Orient. Shown in plaster at the 1863 Salon and in bronze the following year, this sculpture of a dancing, flute-playing African with a coiled snake at his feet was remarked upon for breaking academic tradition and for representing an ethnic type. Since 1874, the bronze has been displayed outside the reptile house in the menagerie at the Museum of Natural History in Paris where it forms an exotic contrast with the neoclassical architecture and recalls the far-off native lands of the reptiles inside.

The feeling of type is rendered with a rare skillfulness and it is unnecessary to look at the head to be convinced that one has before one a child of the desert, so much does the whole of the figure present the exotic character. (de Blainville 1863: 3)

FR :

Dans le Charmeur de Serpent de Charles-Arthur Bourgeois, le personnage et le serpent, le côté ethnographique et l’aspect zoologique, renforcent l’exotisme oriental. Exposée en plâtre au Salon de 1863 et en bronze l’année suivante, cette sculpture d’un Africain qui danse en jouant de la flûte, un serpent enroulé à ses pieds, a rompu avec la tradition académique tout en représentant un type ethnique. Placé devant le palais des reptiles dans la ménagerie du Muséum d’Histoire Naturelle à Paris depuis 1874, le bronze forme un contraste exotique avec l’architecture néoclassique et rappelle les terres indigènes lointaines des reptiles à l’intérieur.

Le sentiment du type e st rendu avec un rare bonheur et il est inutile de regarder la tête pour être convaincu qu’on a devant soi un enfant du désert, tant l’ensemble de la figure présente le caractère exotique.

FR :

L’Hispanic Society of America abrite une partie des archives du marchand de curiosités et d’antiquités Eugène Boban, actif à Paris entre 1862 et 1908. Le parcours de ces archives est difficile à reconstituer, d’autant que d’autres sont conservées à la Bibliothèque nationale de France. Mais si la conservation de ses notes et de sa correspondance commerciale est exceptionnelle, Boban n’a rien d’extraordinaire dans une période qui fait commerce du monde. Il est toutefois un guide pour comprendre ce commerce fait de circulations et d’échanges, et pour écrire une histoire connectée et comparée de l’exotisme à Paris et New York.

Ses archives donnent des pistes pour comprendre les procédures de création d’objets exotiques – compris comme tout ce qui vient d’un autre espace et d’un autre temps. Il s’agit alors de comprendre comment un objet est arraché à son espace pour devenir un bibelot qui fait sens par son étrangeté même. L’opération de délocalisation ne suffit pas : circuits, acteurs, mises en scènes et en récits font qu’un objet devient exotique et le demeure. En englobant tous les temps de la vie de ces objets, la construction de leur nature exotique devient saisissable ; à défaut de pouvoir suivre les vies d’un objet, on peut en saisir l’invention, par la reconstruction de séquences, depuis sa commercialisation jusqu’à son exposition dans les intérieurs.

EN :

Eugène Boban was an antique and exotic curiosities dealer in Paris, between 1862 and 1908. Boban’s papers are housed in part by Bibliothèque nationale de France and by L’Hispanic Society of America, making it a challenge to reconstitute his archives for research, but the preservation of notes, photographs and business correspondence is exceptional.

The archives provide clues about the ways and procedures surrounding the creation of exotic goods—things that come from another space and time—and to understand how art and other objects are exoticized because of their strangeness. Their temporality is not the only consideration: circuits, players, display and stories construct the exotic nature of objects. By considering multiple aspects of the lives of goods—from invention to commercialization and exhibition—exoticism becomes accessible.

Through his archives, Boban is an excellent guide to understanding the trade in curiosities through their circulation and exchange, and to gain a connected and comparative history of exoticism in Paris and New York City.

EN :

Anthropological dioramas are museographic installations created in order to display artifacts. They are comprised of exotic material culture products as well as plaster sculptures, generated to show and contextualize the objects. In this article, the case of clothing made for the New York State Museum’s manikins is studied. I demonstrate how their authenticity is manufactured through certain practices, including embroidery, tanning, and dyeing. Paradoxically enough, replication techniques guarantee the object’s authenticity. Here, the proper origin of the thing matters less than the identity of those who manipulated the artifacts.

FR :

Les dioramas anthropologiques sont des installations muséographiques. Ils réunissent les produits de cultures matérielles exotiques et des sculptures en plâtre conçus pour les mettre en contexte. En prenant l’exemple des vêtements portés par les mannequins du Musée de l’Etat de New York à Albany, je montre comment leur authenticité est fabriquée par un certain nombre de pratiques : broderies, teinture, tannage... Paradoxalement, des techniques de reproduction garantissent l’authenticité des costumes. Ce qui importe ici est moins l’origine des choses elles-mêmes que celle de ceux qui les manipulent.

EN :

In 1942, amidst an international crisis, Macy’s Department Store held a large-scale Latin American Fair in New York City. Through an analysis of the fair’s design, extensive art exhibition, and its coverage in the popular press and contemporaneous art writings, this paper explores the manner in which diplomatic aspirations and the cultural, economic, and political anxieties of U.S. elites reinforced stereotypes about Latin Americans. The fair’s cultural goods were used as props in an intentional push for improved diplomatic bonds, while the event inadvertently cast Latin America as the Other against which the U.S. expressed its own preoccupations with redefining “American” identity.

FR :

En 1942, en pleine guerre mondiale, le grand magasin Macy’s organisa à New York une gigantesque foire-exposition. À travers une analyse de la conception de cette dernière, de son importante exposition artistique et de sa couverture dans la presse populaire et les écrits des critiques d’art, cet article explore la façon dont les visées diplomatiques et les inquiétudes des élites américaines au sujet de la culture, de l’économie et de la politique, ont renforcé les stéréotypes au sujet des Latino-américains. Les biens culturels de la foire-exposition ont servi d’accessoires à un resserrement intentionnel des liens diplomatiques, tandis que cet événement a incidemment fait jouer à l’Amérique latine le rôle de l’Autre vis-à-vis duquel les États-Unis ont exprimé leurs propres préoccupations quant à la redéfinition d’une identité « américaine ».

EN :

The paintings in acrylic media in Central Australia are known for their capacity to objectify not only indigenous presence but also indigenous understandings of the world in the broader, surrounding society. However, this objectification of knowledge from a revelatory regime of value into one organized in other ways, is fraught with difficulty. Some paintings executed in the early period of this art movement are now considered inappropriate for general pubic exhibition because of their restricted esoteric meanings. The issue has been a controversial one in Australia, and museums and galleries must attend increasingly to developing protocols to satisfy Indigenous epistemological frameworks.

FR :

Les peintures acryliques d’Australie centrale sont connues pour leur capacité de concrétiser non seulement la présence autochtone, mais aussi les compréhensions indigènes du monde dans la société environnante élargie. Cependant, cette concrétisation du savoir d’un régime de valeurs basées sur la révélation en un autre savoir, organisé d’une autre manière, est empreinte de difficultés. La présence de certaines de ces peintures, exécutées au début de ce mouvement artistique, est aujourd’hui jugée inappropriée dans les expositions grand public, parce que leurs significations ésotériques sont confidentielles. Cette question a fait l’objet d’une grande controverse en Australie, et les musées et galeries doivent de plus en plus s’efforcer d’élaborer des protocoles pour satisfaire aux cadres épistémologiques autochtones.

EN :

Based on the findings of an ethnographic study conducted in France, this paper examines the fundamental ambivalence of the perception of and relation to objects among primitive art collectors. As we guess, the fascination for primitive artifacts is closely related to the taste for the exotic. But our study shows that the integration of primitive artifacts in the private space of an art collection invariably involves a process of domestication that enables collectors to recognize themselves in the domesticated object. In short, the findings suggest that the practices and representations of collectors are marked by a tension between a fascination for otherness and a quest for closeness and familiarity.

FR :

À partir des données recueillies dans le cadre d’une étude ethnographique menée en France, cet article examine l’ambivalence fondamentale de la perception des objets et de la relation qu’entretiennent avec eux les collectionneurs d’art primitif. La fascination pour l’art primitif est bien sûr étroitement liée au goût de l’exotisme. Mais notre étude montre que l’intégration d’artefacts primitifs à l’espace privé d’une collection artistique implique invariablement un processus de domestication qui permet aux collectionneurs de se reconnaître dans l’objet domestiqué. Bref, les données indiquent que les pratiques et les représentations des collectionneurs sont soumises à une tension entre la fascination de l’altérité et une quête du proche et du familier.