Recensions

Suzanna R. Millar, Arthur W. Walker-Jones, ed., Ask the Animals. Developing a Biblical Animal Hermeneutic. Atlanta, SBL Press (coll. « Semeia Studies », 104), 2024, xv-295 p.

  • Sébastien Doane

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  • Sébastien Doane
    Université Laval, Québec

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Couverture de Le devoir moral, Volume 80, numéro 3, 2024, p. 333-551, Laval théologique et philosophique

Longtemps considérés comme de simples métaphores ou comme un arrière-plan des récits bibliques, les animaux non humains suscitent un intérêt renouvelé, en phase avec une critique croissante de l’anthropocentrisme dans les sciences humaines. Les études animales représentent un champ de recherche interdisciplinaire qui analyse non seulement les animaux, mais également les relations entre humains et animaux. Le collectif dirigé par Walker-Jones et Millar engage un dialogue fécond avec ces perspectives philosophiques, éthologiques et éthiques, proposant ainsi de nouvelles pistes pour l’interprétation biblique. Cette dynamique se distingue avantageusement de l’ouvrage Des animaux, des hommes et des dieux. Parcours dans la Bible hébraïque dirigé par Didier Luciani en 2020, qui aborde le même thème à partir de cadres d’analyse internes à l’exégèse. Ask the Animals se compose de quinze chapitres et de deux réponses, l’ensemble étant structuré selon la typologie des trois dynamiques en études animales proposée par le philosophe Matthew Calarco dans Thinking Through Animals : Identity, Difference and Indistinction. La première section du livre développe le modèle de la « différence », s’appuyant sur les travaux de Jacques Derrida (L’animal que donc je suis), qui cherche à multiplier les différences, à explorer l’hétérogénéité et à mettre en lumière les ruptures abyssales entre les espèces ainsi qu’entre les membres d’une même espèce. Les contributions dans ce cadre examinent, par exemple, la référence aux renards et aux oiseaux en comparaison avec le Fils de l’Homme (Mt 8,19-21), la diversité des monstres bibliques, les aspects de l’animalité de Nabuchodonosor en Daniel 4, la distinction entre les animaux domestiques et sauvages en Ésaïe 11,6-8, ainsi que les différentes perceptions des animaux dans l’ouvrage de Qohélet. La deuxième partie se concentre sur le bien-être animal et les droits des animaux, une dynamique que Calarco nomme « identité », car elle vise à améliorer le sort des animaux en mettant en lumière leurs similitudes avec les humains. Cette section comprend des chapitres traitant de l’utilisation de la Bible par les militants pour les droits des animaux, des habitants de la forêt dans la Bible hébraïque, des réponses animales face à la catastrophe écologique en Jérémie 8-9, ainsi que de l’animalisation des ennemis en 2 Pierre. La dernière section explore la catégorie de l’« indistinction », mettant en avant des approches qui illustrent que les humains sont des animaux et que la frontière ontologique entre les deux est plus instable qu’il n’y paraît. Les chapitres de cette section abordent divers sujets, notamment les animaux dans le livre des Proverbes, la diversité aviaire dans l’Évangile de Marc sous une perspective bioégalitaire, la domination des animaux domestiques dans le Cantique des cantiques, une lecture samoenne postcoloniale de l’ânesse de Balaam (Nb 22), ainsi que le rapprochement entre le cochon et la femme en Proverbes 11,22, et l’effondrement des catégories ontologiques à travers l’étude des vers dans Job. L’ouvrage propose une mosaïque d’approches et de textes explorant les rapports entre humains et animaux dans les textes bibliques. Comme c’est souvent le cas dans les collectifs, la qualité des contributions varie. Les chapitres les plus remarquables sont ceux qui invitent à repenser les analyses à partir de cadres théoriques clairement établis. Par exemple, le chapitre de Brian Tipton s’inspire du concept de bioégalitarisme et de la lecture néolittérale de la philosophe posthumaniste de Rosi Braidotti pour dépasser l’interprétation symbolique des oiseaux dans Marc. Il examine d’une part la diversité des oiseaux et les variations de leur traitement rhétorique dans cet évangile, et d’autre part, il démontre comment les oiseaux et les paysans de l’Empire romain partageaient des expériences analogues. Ces deux aspects illustrent la complexité des textes, rendant …