Résumés
Résumé
Cet article propose une réponse à la critique adressée par G. Agamben, dans Le Règne et la Gloire (2008), à la généalogie foucaldienne de la gouvernementalité. En cherchant dans la pensée chrétienne des premiers siècles la matrice d’une conception nouvelle du pouvoir comme gouvernement des hommes — « économie » ou conduite des âmes —, Foucault aurait méconnu la signification proprement théologique, au sein du dispositif trinitaire, du mot oikonomia. Nous voudrions montrer, à partir d’une relecture du 2e Discours (362) de Grégoire de Nazianze (329-390), dont Foucault tire le concept d’une « économie des âmes », que cette idée ne présuppose nullement la référence au schéma trinitaire et renvoie bien davantage au modèle du « patronage » romain, couplé à la figure sacerdotale du bon berger. Cette analyse conduira, en outre, à rappeler le lien de la « direction des âmes » avec le paradigme médical.
Abstract
This article proposes a response to the criticism addressed by G. Agamben, in Le Règne et la Gloire (2008), to the Foucaldian genealogy of governmentality. In seeking in the Christian thought of the first centuries the matrix of a new conception of power as the government of men — “economy” or the guidance of souls —, Foucault would have ignored the properly theological meaning, within the Trinitarian system, of the word oikonomia. We would like to show, from a re-reading of the 2nd Discourse (362) of Gregory of Nazianzus (329-390), from which Foucault derives the concept of an “economy of souls”, that this idea does not presuppose any reference to the Trinitarian scheme and refers much more to the model of Roman “patronage”, coupled with the priestly figure of the good shepherd. This analysis will lead, moreover, to recall the link of the “direction of souls” with the medical paradigm.