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Plusieurs collectifs Oxford Handbook ont été produits récemment pour explorer des aspects importants des études bibliques. En particulier, en 2019, sortait The Writings of the Hebrew Bible, qui traite d’un regroupement de livres bibliques similaires à celui-ci (livres de la sagesse/autres écrits) et plusieurs auteurs se retrouvent dans les deux ouvrages. Cela dit, ce volume sur la littérature de la sagesse est bienvenu du fait du débat important sur cette catégorie en études bibliques.
James Crenshaw écrivait déjà en 1976 que la littérature de la sagesse n’est qu’un miroir du chercheur qui peint son propre portrait[1]. Le coeur du problème vient de l’ambiguïté entre la sagesse comme thématique développée par les textes bibliques et la catégorie « littérature de la sagesse » qui a été développée par les exégètes modernes. La catégorie de textes bibliques sapientiaux est devenue très difficile à définir et à délimiter. Le directeur de ce collectif, Will Kynes, a même publié une excellente monographie signalant la mort de la littérature de la sagesse comme catégorie fixe pour privilégier l’étude de liens intertextuels entre les divers textes bibliques traitant de thématiques sapientielles[2].
Parmi les problèmes de la littérature de la sagesse comme catégorie, l’introduction note 1) l’absence d’auteurs anciens juifs ou chrétiens qui traitent des livres des Proverbes, de Job et de Qohélet ensemble en les associant à la sagesse et 2) que cette catégorisation a regroupé des livres et passages bibliques reliés aux valeurs modernes, humanistes, individuelles, séculières et empiriques. Devant ces problèmes, ce Handbook prend acte de la nature subjective de l’interprétation biblique et lutte contre la projection inavouée des valeurs modernes. Certains articles développent une approche orientée par l’étude de la réception de la Bible en multipliant les perspectives subjectives pour mieux décrire la complexité de l’interprétation biblique. Un bon exemple se voit dans le chapitre de John Ahn qui interprète Job à partir d’un contexte asiatique en plaçant par exemple Job en conversation avec Bouddha.
Les articles composant la première moitié du livre concernent la sagesse comme thème dans la Bible. Cette section offre un espace assez créatif qui discute d’épistémologie et de théologie. Elle explore les liens partagés avec la sagesse de cultures anciennes de l’Égypte, à la tradition rabbinique ou des préoccupations modernes comme le féminisme ou l’écologie.
La deuxième moitié du volume s’intéresse à la littérature de la sagesse comme catégorie en discutant de ses limites et de sa valeur heuristique. On y retrouve des chapitres sur les contextes sociaux et historiques reliés à la sagesse ainsi que d’autres explorant le rapport entre la littérature de la sagesse et d’autres regroupements de livres bibliques. Enfin, il y a un chapitre pour chacun des livres habituellement catégorisés dans le corpus sapientiel.
Ce collectif ouvre un espace entre une posture minimaliste qui se demande s’il a déjà eu une tradition sapientielle biblique et un pan-sapientialisme qui voit l’influence sapientielle pratiquement à chaque page de la Bible. Loin de dévaluer le travail des auteurs de ce livre, la nature contestée de la littérature de la sagesse de la Bible devient une opportunité intéressante pour évaluer la recherche et tracer des perspectives pertinentes.