Né en 469/470 près de Chalon-sur-Saône et décédé le 27 août 542 à Arles, Césaire, le futur évêque de la métropole provençale, a vu le jour dans une famille d’origine gallo-romaine et catholique, c’est-à-dire nicéenne, à une époque où l’arianisme occupait une place sinon prépondérante, du moins très importante, dans une région qui, avant de passer aux Francs, fut sous la domination des Wisigoths et des Burgondes. Après avoir été brièvement au service de l’évêque de Chalon, Césaire passera une dizaine d’années à Lérins, avant de se retrouver à Arles, vers la fin du ve siècle, et d’en devenir l’évêque en 502. À ce titre, il déploiera une intense activité de pasteur et de prédicateur, comme aussi de promoteur et de régulateur de la vie monastique, notamment féminine. Il interviendra également dans la vie ecclésiale comme le montre sa présence à plusieurs conciles dont certains furent convoqués ou présidés par lui (Adge en 506, Arles en 524, Carpentras en 527, Orange et Vaison en 529, Marseille en 533). Par ailleurs, Césaire n’a pas manqué d’être mêlé aux controverses doctrinales de son temps. C’est ainsi qu’il est intervenu dans la lutte contre ce qu’on appelle le « semi-pélagianisme », au sujet des rapports entre le libre arbitre et la grâce. Les canons du concile d’Orange II, de 529, consacrés entièrement à cette question et qui reprenaient l’essentiel de la doctrine augustinienne, seront ratifiés par le pape Boniface II et auront une grande importance pour l’histoire du dogme. La « vie et la conduite » (vita et conversatio) de Césaire nous sont connues grâce à un document de première valeur, même si, obéissant aux lois du genre, il relève autant de l’hagiographie que de la biographie, la Vita Caesarii, rédigée peu de temps après la mort de l’évêque par des proches, trois évêques, un prêtre et un diacre. Cette Vita en deux livres constitue tout autant un témoignage unique sur l’époque à laquelle a vécu Césaire. Césaire d’Arles occupe une place non négligeable dans le panthéon littéraire de l’Antiquité chrétienne. Un grand nombre de ses sermons ont été transmis dans diverses collections anciennes avec une fortune variable en ce qui concerne l’attribution des pièces à leur véritable auteur. Il appartiendra au savant bénédictin de l’abbaye de Maredsous (Belgique), Dom Germain Morin (1861-1946), prenant la relève des Mauristes, de restituer à Césaire, au prix d’une laborieuse enquête sur les manuscrits, l’essentiel de sa production écrite. Dom Morin a publié, en 1939, l’œuvre homilétique de Césaire totalisant 238 sermons, répartis en cinq classes : les sermons de diversis ou monitions (1-80), les sermons sur l’Écriture (81-186), les sermons de tempore, de Noël à la fin du temps pascal (187-213), les sermons sur les saints (214-232) et ceux adressés aux moines (233-238). Dans cette masse, Dom Morin retenait 153 sermons comme originaux ou authentiques et 85 qui reflétaient à des degrés divers la personnalité de Césaire. En 1942, il faisait paraître, dans un volume d’Opera varia, les autres écrits de Césaire : les règles des moines (Regula monachorum) et des moniales (Statuta sanctarum virginum), deux lettres adressées à des moniales, deux opuscules théologiques, sur la grâce et la Trinité, un Breviarium adversus haereticos, une « interprétation » (Expositio) de l’Apocalypse, auquel il ajoutait le testament de Césaire et la Vita mentionnée ci-dessus. L’édition de Dom Morin a été en quelque sorte victime de la fatalité, puisqu’à peine sortie de presse, elle disparut presque entièrement dans un incendie. La première partie, en deux volumes, a été rééditée, ce qui ne fut pas …
À propos de Césaire d’Arles : vie, oeuvre et rayonnement[Notice]
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Paul-Hubert Poirier
Faculté de théologie et de sciences religieuses, Université Laval, Québec
* À propos des ouvrages suivants : Césaire et les cinq continents/Caesarius and the Five Continents, Venelles, Aux sources de la Provence, t. I (2017), II (2018), III (2020), IV (2021) ; Cahiers de Césaire d’Arles. Tome I. Oeuvres conciliaires, Venelles, Aux sources de la Provence, 2020 ; M.-J. Delage, C. Goux, L.-B. Koch, avec la collaboration de B. Duriez, Césaire d’Arles, Paris, Éditions du Triomphe, 2013.