Résumés
Résumé
Cet article compare deux interprétations de l’amour chez Antigone, celle de Martha Nussbaum, d’un côté, et celle de Simone Weil, de l’autre. Nussbaum considère qu’Antigone est froide, fermée et excessive, tandis que Weil observe chez Antigone une très rare et exigeante forme d’amour. Alors que Nussbaum défend une vision émotive et presque romantique de l’amour, Weil évoque un amour « impersonnel », dont l’ancrage n’est pas émotif. Ce type d’amour décentre de soi-même et a un effet extatique : il sort l’individu de lui-même. À l’instar d’Antigone qui résiste au pouvoir, cet amour ouvre à de nouvelles configurations éthiques et politiques.
Abstract
This article compares two interpretations of love in Antigone, that of Martha Nussbaum, on the one hand, and that of Simone Weil, on the other hand. Whereas Nussbaum considers Antigone cold, closed and excessive, Weil observes in Antigone a very rare and demanding form of love. While Nussbaum advocates an emotional and almost romantic view of love, Weil evokes an “impersonal” love, which is not rooted emotionally. This kind of off-centered, detached love has an ecstatic effect : it takes the individual out of himself. Like Antigone who resists power, this love opens up new ethical and political configurations.