Résumés
Résumé
Cet article analyse les éléments constitutifs de ce que Strasser nomme lui-même une « phénoménologie du dialogue » (1969), laquelle repose sur une double tentative : il s’agit, premièrement, de restaurer une phénoménologie de l’intériorité, après la critique husserlienne puis merleau-pontienne du cogito cartésien ; deuxièmement, de prendre en compte la primordialité de l’affectivité dans la constitution de l’éthique, au moyen d’une archéologie du sujet qui place la rencontre de l’autre, sous la forme d’un « Tu », au premier plan du surgissement du monde commun. Pour mener à bien cette entreprise, Strasser refonde l’anthropologie philosophique en réintroduisant la notion de « coeur » (Gemüt ; thumos), véritable zone intermédiaire et lieu de métabolisation et de métaphorisation du réel qui rend la visée descriptive de la phénoménologie, sous la forme d’une explicitation des différentes couches de la réalité, compatible avec la visée normative et universelle de l’éthique.
Abstract
This article analyzes the constitutive elements of what Strasser calls a “dialogal phenomenology” (1969), which is based on a twofold attempt : first, to elaborate a phenomenology of interiority, after the Husserlian and Merleau-Pontian criticism of the Cartesian cogito ; secondly, to take into account the primordiality of affectivity in the constitution of ethics, by means of an archeology of the subject which places the encounter with the other, in the form of a “You”, at the foreground of the emergence of the common world. To carry out this endeavor, Strasser overhauled philosophical anthropology by reintroducing the notion of the “heart” (Gemüt ; thumos), conceived as an intermediate zone of metabolization and metaphorization of reality which makes the descriptive method of phenomenology compatible with the normative and universal aim of ethics.