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Cet ouvrage est le quatrième tome — mais le deuxième qui est publié — d’un ensemble qui en comportera cinq au total. Le cinquième tome, intitulé Des questions de femmes qui interpellent, est paru en 2012. Denise Veillette, sociologue et spécialiste de la thématique « femmes et religions », assure la direction de cette publication qui regroupe 42 textes et documents. La parole est donnée spécialement aux répondantes diocésaines qui, depuis 1981, sont mandatées par leur évêque pour sensibiliser à la condition de la femme dans la société et dans l’Église.
La première section est intitulée « Un dossier de 1976 toujours d’actualité. La femme, un agent de changement dans l’Église » (p. 7-188). Cette section s’ouvre par un texte, court mais inspirant, de Monique Massé : « Complainte d’une exilée, d’après le Psaume 42 (41) » (p. 11-13). Le reste de la section reproduit un document de 1976, réalisé par le Comité d’organisation et de recherche de l’Archevêché de Montréal, dont le titre est : « La femme, un agent de changement dans l’Église ». Ce document constitue une forme de réponse ecclésiale à l’interpellation qu’a constituée l’Année internationale de la femme, décrétée par l’Organisation des Nations Unies en 1975. Une petite « mise en contexte » (p. 19-20) explique pourquoi il a paru utile de rendre disponible ce document, qui témoigne à la fois « de l’intérêt de l’Église catholique québécoise pour les études de terrain à la suite du concile Vatican II » et « du désir de cette Église […] de fonder ses interventions en faveur des femmes sur une connaissance réaliste tant de leur situation que de la perception qu’en avaient les premières intéressées. »
La deuxième section, intitulée « Des études et des enquêtes de terrain en vue d’une action pastorale enracinée et éclairée » (p. 191-314), regroupe huit textes. On y retrouve notamment le compte rendu d’une table ronde sur la condition féminine qui a réuni un évêque et neuf femmes, à l’évêché de Chicoutimi en 1980 ; cette table ronde est présentée comme un exemple du processus de conscientisation sur la situation des femmes. La section présente également les résultats d’études faites dans les années 1986-1987 sur le bénévolat des femmes à Chicoutimi, sur la participation pastorale des femmes à Baie-Comeau et sur l’implication des femmes à Nicolet. On retrouve également dans cette section le compte rendu d’une rencontre de consultation nationale sur des sujets d’intérêts pour les femmes, convoquée par la Conférence des évêques catholiques du Canada.
La troisième section est intitulée « Le Leadership des répondantes pour faire échec à la violence à l’égard des femmes » (p. 317-630). Cette partie de l’ouvrage regroupe seize textes, d’ampleur et d’importance variables. Elle est principalement consacrée au document du Comité des affaires sociales de l’Assemblée des évêques du Québec sur la violence conjugale : Violence en héritage ? (1989). Il est question de la réception de ce document, de l’histoire des sessions « Violence héritage ? » (1995-2005) et de la problématique générale de la violence conjugale, abordée à partir de différents angles.
La quatrième section aborde, comme son titre l’indique, « les dossiers de la sexualité et de la violence à l’intérieur du milieu ecclésial » de Québec (p. 633-782). Après un court texte de Gertrude Giroux portant sur « Dieu, Père libérateur, Mère libératrice », Huguette Labrecque-Marcoux retrace « les activités de réflexion et d’intervention de l’Église catholique du Québec en matière de sexualité et de violence ». Le troisième document de cette section est le Rapport présenté au Comité des affaires sociales de l’Assemblée des évêques du Québec (8 mai 1996), par le Comité ad hoc sur les violences envers les femmes à l’intérieur de l’Église.
La cinquième et dernière section de ce volume est intitulée « Les répondantes : une présence catholique agissante dans les débats et les luttes en faveur des femmes » (p. 785-978). Les onze textes réunis « témoignent de femmes en éveil pour tout ce qui concerne les questions féminines ». En plus des documents produits par le Réseau des répondantes diocésaines à la condition féminine, on retrouve des textes d’analyse, de réflexion et de souvenirs.
Cet ouvrage important et imposant met en évidence le rôle joué par les femmes sur leurs terrains pastoraux d’interventions. Le corpus documentaire assemblé sera bien utile aux chercheurs. Les différentes études présentent des réflexions profondes et bien documentées qui portent un éclairage inédit sur des questions actuelles et pertinentes, touchant notamment la double violence exercée contre les femmes en contexte familial et en milieu ecclésial.
L’approche de l’ouvrage représente un féminisme qui cherche à faire un changement de l’intérieur de l’Église. C’est dans ce sens que sont soulignées les nombreuses étapes franchies avec le soutien et l’action des évêques catholiques de Québec, sans pour autant que soient niées les difficultés qui demeurent. La reconnaissance recherchée ne se limite pas au niveau de la reconnaissance des droits égalitaires et de l’élargissement des fonctions et des responsabilités. La reconnaissance visée est d’ordre théologal.
Les répondantes diocésaines à la condition des femmes constituent une présence catholique agissante dans les débats et les luttes en faveur des femmes. Solidaires dans la résistance, elles se veulent des agentes de changement. Elles dénoncent toute forme d’injustice et luttent pour une Église plus accueillante et une société plus égalitaire. Les répondantes se montrent éveillées aux questions des femmes et solidaires dans leur mobilisation. Y sont dénoncés les présupposés idéologiques et l’aliénation traditionnelle de la femme. Les quelques statistiques que l’on trouve dans l’ouvrage montrent la présence d’une majorité féminine dans les différentes activités de l’Église au moment où le potentiel de la femme n’est pas reconnu et valorisé. Les femmes essaient toujours de se démarquer dans une tradition chrétienne patriarcale. Ainsi la question de la place de la femme dans la hiérarchie de l’Église occupe-t-elle une place de choix dans cet ouvrage.
Il faut saluer l’initiative de Denise Veillette de souligner leur contribution, comme il faut souligner la rigueur avec laquelle le travail a été mené. La présentation des différents textes est utile et bien faite. L’ensemble de l’ouvrage forme un tout impressionnant. Il s’agit d’un document important qui constitue un témoignage substantiel concernant l’engagement des femmes catholiques au Québec. Sans adopter nécessairement tous les points de vue mis de l’avant, les lecteurs et les lectrices y trouveront amplement matière à réflexion.