Recensions

Michel O’Neill, Entre Saint-Jacques-de-Compostelle et Sainte-Anne-de-Beaupré. La marche pèlerine québécoise depuis les années 1990. Préface par Nicole Blondeau, Rando Québec. Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2017, ix-253 p.[Notice]

  • Paul Laverdure

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  • Paul Laverdure
    Université de Sudbury

L’auteur est un sociologue et professeur émérite de l’Université Laval qui s’est déjà penché sur le fait religieux. Si on le compare à l’oeuvre de Pierre Boglioni et Benoît Lacroix, Les pèlerinages au Québec (Les Presses de l’Université Laval, 1981), ce nouveau livre donne au lecteur l’occasion de mettre à jour ses connaissances de certaines pratiques religieuses populaires du peuple québécois. Le premier chapitre propose une définition de la marche pèlerine, et le deuxième présente les Québécoises et Québécois sur les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle et la création de l’association Du Québec à Compostelle. Le troisième chapitre décrit les chemins de pèlerinage québécois. Le quatrième analyse les motivations des Québécoises et des Québécois sur ces chemins. Le cinquième examine l’industrie et l’esprit d’entreprise qui sont manifestés autour de la marche pèlerine. La conclusion souligne le fait que cette marche attire surtout les femmes et les baby-boomers et explore la place « encore étonnamment significative de la tradition religieuse catholique » (p. 153). Il y a autant de pages pour orienter un débutant dans la marche pèlerine qu’il y a d’analyses. Une soixantaine de pages en annexes présentent les éléments méthodologiques, les personnes interviewées, les fiches descriptives des 18 chemins québécois de marche pèlerine répertoriés dans cet ouvrage. À cela s’ajoutent notes, références, figures et tableaux. Il n’y a pas d’index, mais la table des matières est très étoffée et utile, nous n’en sentirions pas le besoin. La définition de la marche pèlerine avancée par l’auteur doit être signalée : En bref, des Québécois s’élancent sur les chemins de Compostelle au milieu des années 1990 (p. 39), forment l’association Du Québec à Compostelle en 2000 (p. 41) avec les précurseurs Denis LeBlanc et Michel Dongois (p. 42-45), suivis par des centaines de marcheurs entre 1996 et 2000. Le Canada envoie environ 4 201 personnes à Compostelle en 2015, et se classe dixième parmi les pays qui se retrouvent au pèlerinage. L’auteur estime que de 35 000 à 50 000 Canadiens ont fait le pèlerinage depuis 1996 et que le Canada maintient une proportion annuelle de 1,4 % de l’ensemble des pèlerins du monde sur les pistes menant à Compostelle (p. 60). L’auteur soutient que « l’intrigante popularité du pèlerinage vers Compostelle, dans un Québec qui a massivement rejeté le catholicisme, s’explique par le besoin de trouver un sens au spirituel, au religieux et au sacré et de les réinscrire dans le quotidien » (p. 117). En même temps, O’Neill précise que le pèlerinage de longue durée est toujours marginal au Québec même (p. 28). Même si le nombre de sanctuaires au Canada a « fondu comme la neige » (p. 27) au soleil depuis soixante ans, on retrouvait à l’été 2016 dix-huit chemins de marche pèlerine au Québec. Quatre de ces chemins ont Sainte-Anne-de-Beaupré, la plus ancienne et la plus utilisée, comme destination et un autre prend Beaupré comme point de départ. Neuf des dix-huit ont une femme comme la personne qui a démarré le projet. Sept des chemins ont été mis en place par des gens qui n’étaient pas allés à Compostelle, et leur création repose sur deux motifs principaux : le motif religieux et le motif touristique (p. 69). Il y a deux grands groupes de personnes impliquées : « […] d’une part des pèlerins, qui vont vers Compostelle avec des motifs religieux et, d’autre part, les marcheurs, pour lesquels c’est ce qui se passe sur le chemin qui est central et qui font donc un camino sans référent religieux. […] deux extrêmes d’un continuum complexe » (p. 116). Les raisons d’un pèlerinage foisonnent, mais l’auteur en discerne …