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Ce discours célèbre de Victor Hugo (1802-1885) a été prononcé à l’Assemblée Constituante de la Deuxième République, alors que l’auteur des Misérables était député de la Constituante, le 10 novembre 1848. Cette retranscription constitue une véritable apologie de la culture générale, de la scolarisation et de la lecture, à partir d’un diagnostic simple : « C’est à la faveur de l’ignorance que certaines doctrines fatales passent de l’esprit impitoyable des théoriciens dans le cerveau confus des multitudes » (p. 27). Afin de contrer l’ignorance et la misère, Victor Hugo prône avec ferveur l’amélioration de ce qu’il nomma « le développement des tendances intellectuelles » (p. 28) ; il veut « multiplier les écoles, les chaires, les bibliothèques, les musées, les théâtres, les librairies » (p. 31). Sans s’illusionner sur l’éventualité d’un monde sans pauvreté, le député de Paris souhaitait néanmoins un partage plus juste des savoirs et de la foi, notamment par un accès généralisé à l’éducation : « […] le bien-être matériel ne peut et ne pourra jamais être que le partage de quelques-uns, tandis que le bien-être religieux, c’est-à-dire la croyance, le bien-être intellectuel, c’est-à-dire l’éducation, peuvent être donnés à tous » (p. 30). Pour résumer ce texte, on retiendra simplement cette phrase prophétique de Victor Hugo : « Le jour où l’ignorance disparaîtrait, les sophismes s’évanouiraient » (p. 27).
Dans sa préface utile qui met en contexte la pensée du grand poète français juste avant l’arrivée au pouvoir du Prince Louis-Napoléon Bonaparte, l’essayiste Marie-Noël Rio cite les carnets d’exil d’un Victor Hugo désenchanté et trahi, lorsqu’il décrivait après coup ce qu’avait été l’Assemblée Constituante : « puérile et sénile » (p. 11), et « presque entièrement composée d’hommes qui, ne sachant pas parler, ne savent pas écouter » (Victor Hugo, cité par Marie-Noël Rio, p. 10). Opposant les possibilités d’une démocratie efficace (face aux besoins infinis des masses) à la médiocrité des parlementaires au pouvoir en 1848, l’ancien député de Paris écrivit avec amertume : « Je contemple souvent en rêvant l’immensité de la salle et la petitesse de l’Assemblée » (Victor Hugo, cité par Marie-Noël Rio, p. 11). Près de deux siècles plus tard, ce plaidoyer concis et percutant de Victor Hugo reste toujours, hélas ! d’une brûlante actualité dans notre époque aux assises instables, au moment où l’enseignement de l’histoire nationale — comme bien d’autres domaines de base — semble remis en question depuis plusieurs années. On relira avec intérêt ce petit livre aux grandes idées qui vont à l’essentiel.