Corps de l’article
Jean-Dominique Durand et Claude Prudhomme sont respectivement professeurs émérites des universités de Lyon 3 et de Lyon 2. Étant tous les deux des spécialistes reconnus d’histoire religieuse, ils étaient, par conséquent, très à même de diriger un ouvrage de référence sur le catholicisme dans la prestigieuse collection « Bouquins ». Pour composer ce dictionnaire, qui comporte près de 2 000 notices, ils ont fait appel à 127 universitaires parmi lesquels se trouvent des historiens, des théologiens, des exégètes, des liturgistes, des philosophes, ainsi que des spécialistes des arts et de la littérature.
Le livre débute par une introduction (p. v-xxvi) dans laquelle les deux professeurs présentent le projet et ses limites. À ce propos, ils précisent que « l’objectif de cet ouvrage est de proposer une série de termes qui permettent de dessiner progressivement les traits du catholicisme ». Leur prétention n’était pas d’être exhaustifs, mais « de repérer les événements, les personnages, les questions, les réalisations matérielles et immatérielles, les concepts qui ont marqué l’histoire du catholicisme à travers le monde et aujourd’hui construisent sa mémoire et son identité » (p. vi). « En somme, écrivent-ils, nous avons voulu retenir les mots, les notions et les personnages qui disent le mieux ce que le catholicisme a été ou devient, sans écarter la possibilité de dire comment il est vu par les non-catholiques » (p. vi).
La composition d’un dictionnaire implique une sélection et une posture, ce dont les directeurs sont bien conscients et ce qu’ils exposent clairement :
Un dictionnaire du catholicisme passe […] en permanence par des choix, choix des notices ou choix de leur angle de présentation. De manière pragmatique, pour dépasser des débats sans fin autour des ancêtres dans la foi, et des héritages légitimes, nous avons pris le parti de nous en tenir à deux règles majeures :
-
retenir les faits et les personnages qui sont considérés par le catholicisme comme appartenant à son patrimoine ;
-
exposer à leur propos ce qu’en disent les spécialistes et expliquer autant que possible pourquoi ils sont importants dans la culture catholique (p. viii).
Si l’histoire occupe une place importante dans les notices, il y est également question d’une multitude d’autres sujets : « À côté d’un tronc commun constitué par des entrées qui balaient l’histoire dans la durée, la majorité des notices est consacrée à des événements, à des lieux, à des personnes et à des objets qui sont associés à une époque particulière » (p. ix). Par ailleurs, si les auteurs se sont efforcés de tendre à un équilibre entre les périodes historiques, ils avouent que l’époque contemporaine « occupe la plus grande place, spécialement les années qui vont de la genèse du concile Vatican II, au milieu du xxe siècle, jusqu’au pontificat de François (2013), parce qu’elles ont donné au catholicisme le visage qui est le sien aujourd’hui » (p. x). En outre, dans cette introduction, Jean-Dominique Durand et Claude Prudhomme exposent, tantôt implicitement, tantôt explicitement, leur vision du catholicisme, laquelle est une conception résolument ouverte et oecuménique.
L’introduction est suivie d’« Itinéraires thématiques » (p. xxvii-lxxv) comportant quatre-vingt-une entrées thématiques très utiles. Ainsi, dans les différents thèmes se retrouvent, selon les cas, des concepts, des lieux, des mouvements, des événements, des listes d’objets, des prières, des rites, des personnages, etc. Par ailleurs, l’ouvrage est complété par des annexes d’une grande richesse. La première présente « Le monde catholique en chiffres ». Elle comporte des informations issues de l’Annuaire statistique de l’Église 2014 et de l’Annuario pontificio 2016 (p. 1 361-1 383). Dans cette annexe, des tableaux donnent des chiffres concernant les baptisés catholiques, le clergé, les baptêmes, les instituts religieux masculins et féminins. Ensuite, on trouve une liste chronologique des papes (p. 1 385-1 389), des repères chronologiques (p. 1 391-1 399) et bibliographiques (p. 1 401-1 419). Ces données sont suivies d’un répertoire des collaborateurs (p. 1 421-1 428) et de la liste des articles (p. 1 429-1 449).
Les notices en elles-mêmes vont de la brève entrée informative à des notes plus développées, mais aucune n’est disproportionnée par rapport aux autres, comme c’est parfois le cas dans les encyclopédies. Ajoutons que la plupart des notices permettent d’aller immédiatement à l’essentiel et d’obtenir un bon résumé du sujet. Basées sur les recherches récentes, elles fournissent des informations synthétiques sur des personnages, des institutions, des lieux géographiques, des enjeux théologiques (par exemple, l’acharnement thérapeutique), des objets liturgiques, des événements importants, etc. Si la plupart des notices sont « classiques » et qu’elles ont nécessairement leur place dans un dictionnaire sur le catholicisme, il y a des entrées étonnantes, par exemple celles sur le chocolat, la liqueur, le football, le rugby, la photographie, etc. Mentionnons par ailleurs que la plupart des notices comportent de brèves indications bibliographiques pour ceux qui voudraient approfondir le thème consulté et, lorsque c’est le cas, des renvois vers des entrées qui se rapportent au même sujet. Ainsi, le lecteur peut butiner d’une notice à l’autre et se promener dans le livre en approfondissant ses connaissances. C’est à un véritable voyage au sein du catholicisme que nous convie ce livre.
Le Monde du catholicisme est donc un ouvrage d’une grande richesse formant un dictionnaire richement doté. Il sera particulièrement utile aux étudiants en histoire et en sciences humaines qui n’ont aujourd’hui, pour la plupart, que de très vagues notions du catholicisme et n’en connaissent pas le vocabulaire. Il sera également précieux à tous ceux qui veulent étudier le catholicisme et comprendre sa place dans le monde actuel sans passer par les longues notices des encyclopédies telles que le Dictionnaire de théologie catholique ou Catholicisme, hier, aujourd’hui, demain qui, si elles ont le mérite d’être plus complètes, sont plutôt destinées aux clercs, aux professeurs, aux étudiants avancés ou aux personnes ayant déjà de solides connaissances. Ici, c’est un autre public qui est visé. Jean-Dominique Durand et Claude Prudhomme ont voulu s’adresser à ceux qui en savent moins et nous ne pouvons que saluer leur initiative.