Résumés
Résumé
Dans L’essence de la manifestation (1963), la phénoménologie de Michel Henry se présente à la manière d’une philosophie première qui demande expressément et exige l’expulsion de la finitude hors du questionnement ontologique. Dans cet article, je vise à montrer que la raison ultime de cette exigence repose sur une opposition que, dans le cadre de la « critique du monisme ontologique », la problématique henryenne établit entre l’existence en soi de l’absolu et sa manifestation opérée par l’ouverture de l’horizon temporellement fini de l’existence humaine. Reprise et développée à partir d’une interprétation critique de la philosophie de la religion de Fichte, la thèse de l’opposition entre l’absolu en soi et sa manifestation finie dans l’existence constitue en effet le préalable décisif qui régit le renversement — toujours revendiqué par Henry — de l’ontologie de Heidegger et de sa conceptualisation de la phénoménologie.
Abstract
In L’essence de la manifestation (1963), Michel Henry’s phenomenology takes the form of a first philosophy which expressly demands and requires the expulsion of finitude out of the ontological questioning. In this article, I aim to show that the ultimate reason for that requirement rests on an opposition which, within the frame of the “critique of ontological monism”, the issues raised by Michel Henry establish between the existence in itself of the absolute and its manifestation brought about by opening up the temporally finite horizon of human existence. Taken up and developed starting with Fichte’s philosophy of religion, the thesis of the opposition between the absolute in itself and its finite manifestation in existence constitutes indeed the decisive precondition governing the reversal — constantly advocated by Henry — of Heidegger’s ontology and of his conceptualization of phenomenology.