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Notes critiques

Une nouvelle Vie de Constantin[Notice]

  • Christel Freu

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  • Christel Freu
    Département des sciences historiques, Université Laval, Québec

À propos de : Eusèbe de Césarée, Vie de Constantin, texte critique F. Winkelmann (GCS), introduction et note Luce Pietri, traduction Marie-Josèphe Rondeau, Paris, Cerf (coll. « Sources Chrétiennes », 559), 2013, 568 p.

Dans le flot abondant des publications qui ont commémoré la victoire de Constantin sur Maxence en octobre 312 ou l’édit de Milan de 313 — nouvelles biographies de l’empereur par P. Maraval ou V. Puech et surtout parution de l’Enciclopedia costantiniana, en trois volume, à Rome, en 2013 —, le volume 559 des « Sources Chrétiennes » consacré à la biographie de Constantin par Eusèbe de Césarée ajoute sa pierre érudite aux nombreux débats entourant depuis des siècles le premier empereur chrétien, ses convictions religieuses et son projet de gouvernement. Or une des sources essentielles pour l’étude du règne de Constantin et de sa pensée religieuse est précisément cette biographie que lui consacra l’évêque de Césarée de Palestine, Eusèbe (c. 260-avant 340), qui fut assez proche de Constantin à partir de 325 et confident de ses dernières années. Depuis longtemps, et récemment encore depuis la parution du livre de T. Barnes, Constantine and Eusebius, en 1981, on sait combien l’évaluation de l’oeuvre constantinienne doit aussi passer par une lecture précise et critique de l’oeuvre du biographe chrétien, dont les silences ou les éloges doivent être soigneusement compris au regard de son projet global. Le volume des « Sources Chrétiennes » a choisi de conserver le texte grec de la Vie de Constantin par F. Winckelmann dans la GCS, et de ne se consacrer qu’à la traduction, réalisée par M.J. Rondeau, et au commentaire historique du texte, oeuvre de L. Pietri. Une longue introduction de 140 pages rappelle les termes du débat portant sur l’oeuvre même ainsi que sur plusieurs questions historiques majeures touchant à l’histoire du christianisme, dont L. Pietri est une des éminentes spécialistes. Plusieurs thèmes historiques majeurs intéressant l’histoire du christianisme sont également évoqués dans ces pages. On citera notamment la question, autrefois très controversée, de la conversion de Constantin, ici tranchée dans la ligne tracée par T. Barnes, C. Pietri ou P. Maraval : L. Pietri estime en effet que la croyance en un dieu solaire (peut-être l’Apollon de Grand évoqué dans le Panégyrique VII, 21 en l’honneur de Constantin en 310) a dû servir de « passerelle » (T. Barnes) à la conversion au christianisme ; mais qu’ensuite, la « divinité supérieure » évoquée dans les textes constantiniens après la vision de 312 est bien le seul dieu chrétien. Même si Constantin n’était peut-être pas au fait de toutes les subtilités de la théologie chrétienne, après la bataille du pont Milvius, il s’est affirmé comme un partisan de la foi chrétienne, réservant toutefois un vocabulaire hénothéiste flou à ses discours publics adressés à des auditoires essentiellement païens. Ses lettres au clergé chrétien sont en revanche extrêmement explicites et très tôt, les symboles solaires disparaissent de ses monnaies, tandis que le chrisme fait son apparition dès 315. Les notes et commentaires infra-paginaux portent essentiellement sur le contenu historique du texte et sur les grandes questions soulevées par cette vie du premier empereur chrétien. La bibliographie générale, donnée p. 123-139, couvre une bonne partie des questions de la Vita. Sur certains points toutefois, on se serait attendu à trouver des titres plus précis en note, notamment la littérature concernant des aspects importants de la législation constantinienne évoqués par Eusèbe : pour les mesures de Constantin en faveur des pauvres d’Occident avant 324 (VC I, 43 et IV, 28), on peut renvoyer au livre de C. Corbo, Paupertas. La legislazione tardo-antica (IV-V sec. d. C), Naples, 2006, qui a commenté certaines de ces lois dans le plus grand détail ; pour les fameuses lois constantiniennes sur le mariage et les testaments …

Parties annexes