Recensions

Thierry Magnin, Les nouvelles biotechnologies en questions. Préface de Jean Audouze. Paris, Éditions Salvator (coll. « Carte blanche »), 2013, 127 p.[Notice]

  • Philippe Gagnon

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  • Philippe Gagnon
    Bethel University, Saint Paul, Minnesota

Le père Thierry Magnin, ingénieur et physicien de formation mais aussi prêtre et vicaire général du diocèse de Saint-Étienne (Loire) jusqu’en 2010, est connu pour plusieurs ouvrages reliant les sciences expérimentales et la pensée chrétienne. Il est présentement recteur de l’Université Catholique de Lyon et a travaillé depuis son arrivée à y prioriser les formations et projets pluridisciplinaires, s’impliquant lui-même dans une réflexion située au coeur des nouvelles possibilités de la biologie de synthèse en prenant part aux activités du laboratoire de biologie générale de la même Université. Il nous présente dans ce petit ouvrage l’amorce d’une charte dont les termes resteront généraux et qui vise à baliser la route de façon à rendre désirable une meilleure intégration entre pratique et normativité éthique, tant pour les scientifiques et ingénieurs que pour les personnes désireuses de vivre à plein le sens de leur engagement dans une religion, spiritualité ou tradition de sagesse. Cet ouvrage n’entend pas proposer de solution originale, il est moins un ouvrage de recherche qu’il n’est une tentative de dresser un portrait, de rappeler la présence de certaines balises et d’opérer une synthèse dans un domaine où nous savons que ces dernières sont toujours à reprendre. L’ouvrage comporte quatre chapitres. Un premier situe l’éthique dans un projet de recherche en commun et veut montrer qu’elle n’est pas une discipline de censure inconditionnelle. Le second expose la portée des nouvelles possibilités de transformation du vivant bien réelles en raison des avancées de l’ingénierie biologique et génétique autant que de la biologie de synthèse. Le troisième rappelle un certain nombre de principes et d’horizons de réflexion qui émanent de la réflexion de quelques rares philosophes et métaphysiciens qui se sont penchés sur les nouveaux pouvoirs de l’homme démultipliés par les technosciences. Enfin, un quatrième et dernier chapitre vise à suggérer de manière non autoritariste les importantes ressources de la sagesse et de la spiritualité chrétiennes, insistant en particulier sur son inflexible rappel à l’effet que tout oubli de la personne vulnérable heurte la possibilité même d’une anthropologie qui sache être véritablement inclusive et par voie de conséquence universellement partagée. Le but de l’ouvrage est précisé en p. 26, à la fin du premier chapitre : « […] présenter les questions métaphysiques et éthiques telles qu’elles se posent aujourd’hui [… et] proposer des pistes de travail et quelques repères pour celui-ci ». Il existe deux possibilités d’approche en biotechnologie. On peut soit reprogrammer le vivant en changeant la destination des codes biologiques puis en bricolant autour des zones de tolérance qui permettent de prendre appui sur la plasticité ou malléabilité de l’intégration des parties fonctionnelles en tout organisme, soit tenter de construire le vivant à partir de la synthèse des matériaux de base qui constituent l’architecture de ses molécules mêmes. Les deux sont ici bien distinguées (voir p. 36) et il est rappelé de manière opportune que les succès médiatiques de Craig Venter ont joué sur cette ambiguïté qui permet de séduire à rabais les non-spécialistes. Le lecteur trouve de pertinents rappels de notions qui, si elles seront connues des spécialistes, gagnent à être rappelées dans un ouvrage de vulgarisation. Par exemple, au-delà des questions traitées qui sont relatives à ce que peut faire le génome par la recombinaison de l’ADN, le fait qu’il existe un « épigénome » dont les possibilités sont encore largement inexplorées et qui nous apprend, sans même s’avancer sur la valeur de mise au rendement, que la part la plus importante de ce que réalise le vivant est occasionnée par la conjonction et la rencontre du génome et de l’environnement. Si on peut penser que les …