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Sous le titre Les grands maîtres spirituels du Moyen Âge, ce livre rassemble vingt-cinq catéchèses données par le pape Benoît XVI au cours de l’année 2009. Lors des audiences publiques du mercredi sur la place Saint-Pierre, le pape a présenté de « grands écrivains de l’Église d’Orient et d’Occident de l’époque médiévale » (p. 9). Il s’agit, en fait, d’une sélection de figures masculines qui recouvrent une période allant du sixième au douzième siècle. Si des auteurs largement connus comme saint Bernard, saint Anselme ou saint Boniface sont abordés, une place est faite à des noms moins fréquemment cités tels Raban Maur et Rupert de Deutz. Chaque catéchèse revêt une structure essentiellement similaire. En quelques pages, le pape situe l’écrivain dans son contexte historique et présente à grands traits ses oeuvres, faisant ensuite ressortir les éléments essentiels de sa pensée propres à interpeller le monde actuel. Il faut toutefois noter que quatre catéchèses diffèrent de ce schéma. En effet, le pape s’est attardé sur certaines situations particulières du Moyen Âge, notamment l’émergence de différentes conceptions de la théologie au douzième siècle et les débats sous-jacents.
À travers ce parcours, Benoît XVI convie ses lecteurs à découvrir ou à redécouvrir « ce qu’est l’Église » (p. 31) et « ce que signifie être chrétien » (p. 79). Selon lui, c’est à travers des figures concrètes et, par conséquent, à travers les situations réelles auxquelles elles sont confrontées, que cela se laisse percevoir le mieux. Certes, les contextes historiques, dans lesquels la foi s’incarne, changent au fil du temps. Toutefois, aujourd’hui comme hier, les croyants sont appelés à approfondir les fondements essentiels de la vie chrétienne et à s’engager résolument à en vivre au coeur même des cultures où ils cheminent. Dans cette perspective, le pape a voulu proposer des modèles pouvant éclairer le difficile mais nécessaire discernement quotidien qu’implique la suite du Christ en vérité. Ils constituent des témoins lumineux du chemin de foi, d’espérance et de charité qui conduit « à la vraie vie » (p. 15).
Ce recueil de catéchèses est un livre intéressant, soit pour s’initier à de grandes figures masculines de l’histoire de l’Église médiévale (dix-sept catéchèses s’attarderont à des figures féminines en 2010-2011), soit pour repérer rapidement des données fondamentales sur un auteur particulier, mais surtout pour pointer des clefs propres à aider le discernement spirituel indispensable à une vie chrétienne véritable. Il est toutefois regrettable que l’éditeur n’ait pas offert une présentation générale de l’ouvrage en guise d’introduction. La seule mise en contexte se situe à l’endos du livre et contient une imprécision flagrante. En effet, on y parle des « Pères de l’Église » alors même que la majorité des écrivains retenus ne sont pas considérés comme tels. Par ailleurs, une distinction étrange est introduite dans la table des matières. Les auteurs présentés par le pape y sont partagés en deux catégories : ceux du « premier millénaire » et ceux du « Moyen Âge ». Bien que la délimitation du Moyen Âge soit une question discutable, il n’en demeure pas moins que celui-ci commence au cours du premier millénaire. Une attention particulière à l’exactitude des termes choisis aurait sans doute été plus heureuse.