Notes critiques

Une nouvelle traduction de la Paraphrase de Sem[Notice]

  • Steve Johnston

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  • Steve Johnston
    Faculté de théologie et de sciences religieuses et Institut d’études anciennes Université Laval, Québec

À propos de Michel ROBERGE, The Paraphrase of Shem (NH VII, 1). Introduction, Translation and Commentary, Leiden, Boston, Brill (coll. « Nag Hammadi and Manichaean Studies », 72), 2010, XI-189 p.

La parution de The Paraphrase of Shem (NH VII, 1). Introduction, Translation and Commentary chez Brill offre une excellente occasion de souligner l’énorme contribution de Michel Roberge à la vitalité de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Université Laval à Québec et, plus particulièrement, du groupe de recherche de la Bibliothèque copte de Nag Hammadi (BCNH), dont il fut le cofondateur dans les années 1970 avec les regrettés Jacques É. Ménard et Hervé Gagné. Ce livre constitue en quelque sorte l’aboutissement de plus de trente années de recherche sur la ParaphrasedeSem (ParaSem), premier traité du codex VII de Nag Hammadi (1,1-49,9). Quoique d’abord spécialiste de l’exégèse du Nouveau Testament, les principales publications de Michel Roberge portent cependant sur les textes de Nag Hammadi, dont la ParaSem, mais aussi Noréa et l’EntendementdenotreGrandePuissance. Ce livre est une traduction anglaise de son édition du texte publiée dans la BCNH. Il s’adresse cependant à un lectorat plus large que celui de la version française, ce qui constitue un défi de taille, étant donné la nature particulièrement difficile de la ParaSem. En effet, le traité fut très rapidement considéré par les chercheurs comme une compilation désordonnée et incohérente en raison des nombreuses difficultés d’ordre rédactionnel qu’il présentait (diversité de genres littéraires, doublets, gloses, répétitions, inconséquences, vocabulaire flottant, confusion des interlocuteurs dans les dernières pages). Par exemple, Michel Tardieu le qualifie de « chef d’oeuvre de l’obscurité gnostique ». Cette réputation a donc considérablement ralenti les recherches sur la ParaSem. Faisant fi de cette mauvaise réputation, l’A. propose d’y voir une apocalypse dont les limites originales sont toujours perceptibles au-delà des gloses et des interventions rédactionnelles qui parsèment l’ensemble du texte. Nous serions en présence d’une apocalypse gnostique influencée par la Bible, le valentinisme, le stoïcisme et le moyen-platonisme, surtout celui de Numénius et des Oracles chaldaïques, et qui doit être distinguée d’un écrit au titre quasi identique, la Paraphrase de Seth citée par l’Elenchos (V, 19-23) du Pseudo-Hippolyte. L’A. y décèle également une influence chrétienne dans le récit du baptême et de la crucifixion de Soldas (39,24b-40,3), qu’il identifie au Jésus terrestre. La ParaSem aurait été composée en Syrie orientale dans la première moitié du troisième siècle et constituerait en quelque sorte un des chaînons manquants entre le gnosticisme et le manichéisme. Le livre est divisé en trois parties : une longue introduction (p. 1-95), une traduction anglaise du texte copte (p. 96-127) et un court commentaire (p. 129-139). Il est complété par une bibliographie exhaustive, un appendice, et divers index compilés par David Joubert-LeClerc. L’introduction a été traduite par le regretté Kevin Coyle, de l’Université Saint-Paul d’Ottawa. Les descriptions du manuscrit (cf. éd. 2000, p. 2-4) et de la langue du traité (cf. éd. 2000, p. 6-25), qui figuraient dans la version française ont été laissées de côté. Après avoir situé la ParaSem à l’intérieur du codex VII, l’A. s’attarde à l’épineuse question de son genre littéraire en considérant d’abord le problème de la confusion des interlocuteurs dans les sept dernières pages du traité (42,11b-49,9). Selon lui, la ParaSem est une apocalypse, car elle comprend un cadre narratif typique du genre tel que le définit J.J. Collins, c’est-à-dire une introduction décrivant le voyage céleste de Sem (1,5b-16a), le fils de Noé, au cours duquel il recevra une révélation purement auditive dispensée par Derdekeas, le fils de la Lumière infinie, et une conclusion décrivant son retour de l’extase et sa transformation (41,21b-42,11a). Selon cette hypothèse, le traité primitif se terminait en 42,11a. Le reste du traité (42,11b-49,9) serait le résultat d’un travail …

Parties annexes