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Cet ouvrage, qui rassemble diverses contributions dispersées offertes par le Prof. Sesboüé au cours de la dernière décennie, part d’une question : l’exercice de l’autorité magistérielle dans l’Église catholique. L’arrière-fond de toute cette réflexion demeure l’enseignement de Vatican II qui était apparu à plusieurs comme un rééquilibrage, au moyen d’une réception dans un contexte plus ample et dans un cadre théologique plus large, de l’enseignement de Vatican I sur le magistère de l’évêque de Rome. On ne sera donc pas surpris de voir que plusieurs chapitres examinent des questions abordées par Vatican II : le sensusfidelium, la liberté religieuse, les conférences épiscopales, le magistère authentique. Plus encore, l’auteur est préoccupé par la réception de l’enseignement de Vatican II dans quelques documents récents, en particulier dans le Code de droit canonique de 1983, les différentes publications sur les conférences épiscopales et le motu proprio Ad tuendam fidem. En fait, B.S. se demande, tout au long de cet ouvrage, si, par corrections successives, on n’est pas en train de revenir à des positions antérieures à celles tenues par Vatican II.
Cet ouvrage du P. Sesboüé reprend pratiquement toutes les questions discutées aujourd’hui lorsqu’il s’agit de traiter du thème du magistère : la réception, le sensus fidelium, la continuité de la doctrine ou le développement doctrinal, le statut théologique et l’autorité magistérielle des conférences épiscopales, l’exercice du ministère pétrinien, le rapport vérité et histoire, la « liberté » de conscience et l’autorité doctrinale. Curieusement, la question de l’exercice du magistère de l’évêque diocésain n’est pas abordée alors que Vatican II considérait que la fonction prophétique ou le ministère d’enseignement représentait la fonction première et principale de l’évêque. S’agit-il, implicitement, de l’aveu que l’exercice de cette fonction prophétique est aujourd’hui quasi inexistant ou ne trouve pas moyen de se réaliser ?
L’ensemble de l’ouvrage — et pas seulement le chapitre 9 qui s’appuie sur le Document de Lima — a un caractère oecuménique, si bien qu’il peut donner à penser à des non-catholiques, aux prises, eux aussi, avec la même question, soit celle de la nécessité, pour témoigner de l’unité du salut en Dieu, d’une instance de régulation de la foi. Non seulement se pose la question de son mode d’exercice, mais également celle du fondement et du statut d’une telle instance.
Si toute la première partie de l’ouvrage constitue une relecture du passé (les leçons de l’histoire), l’auteur, aux prises avec les problèmes du présent (le fonctionnement contemporain de l’institution magistérielle), est surtout préoccupé de l’avenir (pour une nouvelle figure du magistère ecclésial). S’appuyant sur les ouvertures de Ut unum sint, B. Sesboüé plaide pour la poursuite du travail entrepris à Vatican II plutôt que pour le démantèlement, par corrections successives, d’un enseignement qui venait rééquilibrer celui élaboré au xixe siècle dans un contexte particulier. En somme, appuyé sur une documentation solide et une argumentation serrée, ce recueil d’articles constitue un véritable plaidoyer. On soulignera la clarté des exposés, parfois techniques, procédant par des études souvent pointues de documents anciens, mais qui demeurent toujours accessibles à des étudiants de premier cycle et seront fort utiles à des étudiants des cycles supérieurs. Enfin, si les articles qui datent parfois de plusieurs années ont été remis à jour, on regrettera que la documentation ne l’ait pas toujours été (c’est manifeste, notamment, dans l’article sur les conférences épiscopales, où la documentation ne dépasse pas toujours 1988 et n’intègre pas les derniers développements, notamment Apostolos Suos). Un ouvrage que je recommande sans hésitation.