Résumés
Abstract
The paper questions the postmodern, wide-spread tendency to abusively reconstruct the meaning of some texts of the philosophers of the past, so that they may serve as allies or foes in our own contemporary ideological wars. The chosen example is an article by Umberto Eco, called “Anti-Porphyry”, and the parallel chapter, “Dictionary vs. Encyclopedia”, from his well-known book Semiotics and the Philosophy of Language. According to Eco, the famous “Porphyry’s tree” is the pictorial representation of the so-called “strong thought”, which — so he believes — was being subverted from the outset in the benefit of the “weak thought” or “Encyclopedia thought” even in the works of some essentialist philosophers like Aristotle or St. Thomas Aquinas. On the other hand, Eco thinks he found in d’Alembert’s Discours préliminaire to the French Encyclopédie a forerunner of postmodern “weak thought”, which resembles the so-called 3rd type labyrinth or the “rhizome” described by G. Deleuze, and which is the opposite of the logic encapsulated in the “Porphyry tree”. The paper attempts to show that Eco distorted the ideas of the above-mentioned philosophers by dislodging them from their original metaphysical context and by manipulating some of the relevant texts. So, in Eco’s view, both Aquinas and d’Alembert anachronistically became forerunners of postmodernism. In fact, what Eco eventually got was less an accurate description of some philosophies of the past, than a historical-philosophical reconstruction rather abusively legitimizing his own ideas.
Résumé
Cet article met en question une tendance postmoderne assez répandue : celle de reconstruire abusivement la signification d’un texte du passé, de telle façon que ce texte puisse jouer le rôle d’allié ou d’ennemi dans nos guerres idéologiques. L’exemple choisi c’est un article d’Umberto Eco — « Anti-Porfirio » ainsi qu’un chapitre parallèle de son livre Semiotics and the Philosophy of Language. Selon Eco, le fameux « Arbre de Porphyre » serait une illustration graphique de ce qu’il appelle « pensée forte ». Or, cette pensée aurait été minée depuis longtemps — affirme Eco — par la « pensée faible » qu’il retrouve dans la soi-disant « pensée encyclopédique », et ce sont déjà certains textes d’Aristote ou de Thomas d’Aquin, qui en attestent la présence. De plus, Eco pense avoir trouvé dans le Discours préliminaire d’Alembert, oeuvre qui préface l’Encyclopédie française, un devancier de la « pensée faible » postmoderne. Il s’apparente, selon lui, au « rhizome » décrit par G. Deleuze. Aussi cette « pensée encyclopédique » est-elle l’opposé même de la logique incarnée par l’antique « Arbre de Porphyre ». L’article tâche de montrer qu’Umberto Eco a beaucoup déformé certaines idées des philosophes mentionnés là-dessus. En effet, il a tendance à discuter les textes pertinents hors de leur contexte métaphysique originaire, tout en en omettant certains aspects décisifs. D’après Eco, Thomas d’Aquin et surtout d’Alembert auraient anticipé le postmodernisme, ce qui, selon moi, n’est pas du tout le cas. Je crois que, en effet, Eco a donné moins une description tant soit peu fidèle d’un passé philosophique qu’une reconstruction relativement abusive de ce passé, légitimant ainsi ses propres vues philosophiques.