Résumés
Résumé
Contrairement à la plupart des écrits néoplatoniciens sur Aristote, le commentaire de Syrianus sur les Livres M et N de la Métaphysique revêt un ton particulièrement polémique. Certes, il s’agit là peut-être d’une réaction prévisible au contenu fortement antiplatonicien de M et N, mais il n’en demeure pas moins que Syrianus choisit délibérément de commenter ces textes-là. À cette fin, il a recours à divers procédés de polémique rhétorique, qu’il manie avec grande habilité. La première stratégie consiste à traiter Aristote avec condescendance, en lui exposant simplement, ainsi qu’à nous, la doctrine platonicienne véritable. Ailleurs, il l’affronte en échangeant sarcasme pour sarcasme. Cependant il lui arrive aussi de chercher à réfuter le Stagirite dans les termes mêmes de ce dernier, en citant Aristote contre Aristote. Je discute quelques exemples de ces trois procédés en les traitant l’un après l’autre puisque chacun présente un intérêt particulier. Je conclus toutefois que cette polémique ne signifie pas forcément que Syrianus rejette le consensus néoplatonicien sur l’accord fondamental entre Platon et Aristote.
Abstract
In contrast with the generality of Neoplatonist commentaries on Aristotle, that of Syrianus on Books M and N of the Metaphysics exhibits a distinctly polemical tone. This is perhaps a natural reaction to the strongly anti-Platonist subject matter of these books, but it was after all the choice of Syrianus to comment upon them. In doing so, he employs various devices of rhetorical polemic, in which he shows considerable proficiency. His first strategy is to attack Aristotle from higher ground, simply expounding to him, and to us, the correct Platonist doctrine. Elsewhere, though, he goes toe-to-toe with him, swapping sarcasm for sarcasm. There are, however, other occasions also when he seeks to confute Aristotle from his own mouth, quoting Aristotle against Aristotle. I select examples of all three procedures in turn, as they each possess their own interest. I conclude, however, that all this does not necessarily imply that Syrianus excludes himself from the Neoplatonic consensus that Plato and Aristotle are basically compatible.