Résumés
Abstract
Maimonides and Averroes shared in many respects a philosophical-religious outlook and have been described as disciples of al-Fârâbî, the founder of the school of Arabic Aristotelianism (falsafa). At first view, however, their legacy could hardly be more different : while Averroes wrote almost only commentaries on Aristotle, Maimonides did not write a single work that, strictly speaking, falls into a traditional philosophical genre. He is, on the other hand, a prominent commentator as well — only that instead of explicating Aristotle, he comments on the Law of Moses. The main question I address in this paper is whether this strikingly different relation to philosophy and exegesis in Averroes and Maimonides can be explained as two ways of implementing a conceptual framework established by al-Fârâbî. I first examine al-Fârâbî’s project, which I suggest is determined by a twofold task : to take up and continue the project of ancient philosophy and to define its place in a society in which the authority of the divine Law is undisputed. Then I argue that while Averroes’ work can on the whole be understood as continuing al-Fârâbî’s project, this is only in a qualified way true for Maimonides who in part creatively transforms al-Fârâbî and in part relies on premises that can clearly not be derived from al-Fârâbî. Maimonides’ position on philosophy and exegesis is in important respects different from the standard position of the falâsifa — and this had far-reaching implications for later medieval Jewish philosophy.
Résumé
À plusieurs égards, il est vrai d’avancer que Maïmonide et Averroès poursuivent le même projet philosophique et religieux. D’autant plus que tous deux ont été décrits comme des disciples d’al-Fârâbî, le fondateur de l’école de l’aristotélisme arabe (falsafa). Cependant, à première vue, leur oeuvre ne pouvait pas être moins ressemblante : Averroès n’a écrit presque exclusivement que des commentaires sur Aristote, cependant que Maïmonide n’est l’auteur d’aucune oeuvre qui appartienne à un genre philosophique dans le sens strict. Il est, d’un autre côté, un commentateur distingué lui aussi — sauf qu’il n’explique pas Aristote, mais commente et met de l’ordre dans la Loi de Moïse. La question principale dont je traite dans cet article, est celle de savoir si ce rapport tellement différent à la philosophie et à l’exégèse chez Averroès et Maïmonide peut être compris comme deux façons d’implémenter le cadre conceptuel établi par al-Fârâbî. Je commence par examiner le projet d’al-Fârâbî, que j’essaie d’expliquer par deux objectifs : reprendre et continuer le projet de la philosophie antique et définir sa place dans une société, dans laquelle l’autorité de la Loi divine n’est pas mise en question. Ensuite, je montre que, tandis que l’oeuvre d’Averroès peut être comprise, dans l’ensemble, comme une continuation du projet d’al-Fârâbî, cela n’est pas vrai de la même façon pour l’oeuvre de Maïmonide qui en partie transforme al-Fârâbî de manière créative et en partie utilise des prémisses dont on ne trouvera pas la source en al-Fârâbî. La position de Maïmonide en ce qui concerne la philosophie et l’exégèse se distingue significativement de la position habituelle adoptée par les falâsifa, ce qui a eu des conséquences importantes pour la philosophie juive médiévale après Maïmonide.