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Instrumenta studiorum
1. Concordantia Actorum Philippi. Cura Frédéric Amsler et Albert Frey. Turnhout, Brepols Publishers (coll. « Corpus Christianorum », Series Apocryphorum Instrumenta, 1), 2002, 844 p.
Ce volumineux ouvrage inaugure une nouvelle section dans la Series Apocryphorum de la collection Corpus Christianorum, destinée à accueillir des travaux historiques ou philologiques exécutés en préparation ou en marge des éditions de textes que l’Association pour l’étude de la littérature apocryphe chrétienne (AELAC) fait paraître dans la Series. On peut donc s’attendre à y trouver des études sur les manuscrits, sur l’histoire des textes et leur réception, sur leur langue, mais aussi et surtout des concordances, instruments indispensables pour l’exploitation scientifique des textes anciens, apocryphes ou autres. C’est le cas de ce volume inaugural, qui offre la concordance intégrale (à l’exception de l’article ὁ ἡ τὸ) des Actes de Philippe édités, traduits et commentés par François Bovon, Bertrand Bouvier et Frédéric Amsler (Series Apocryphorum, vol. 11 et 12, 1999). Si cette concordance a pu voir le jour, c’est grâce au travail et à l’ingéniosité d’Albert Frey, qui a conçu le programme informatique d’analyse COLMAS, destiné à la saisie et à la comparaison de manuscrits et à l’édition de textes, qui peut servir aussi à la production d’index et de concordances. Le présent ouvrage définit en quelque sorte le modèle auquel obéiront les concordances à paraître dans la section des Instrumenta. On y trouve d’abord une introduction qui rappelle les données essentielles sur le texte des Actes de Philippe et fournit des informations sur les lemmes retenus, la délimitation du contexte des occurrences et la référenciation de celles-ci. Le corps de l’ouvrage est constitué par la concordance proprement dite, qui réunit en une seule liste tous les mots du texte (à l’exception des articles), y compris les noms propres. À l’intérieur de chaque lemme, les occurrences sont classées selon l’ordre de leur apparition au fil du texte, ce qui est, sans contredit, la manière la plus simple et la plus pratique de procéder, et celle qui répondra aux besoins de la majorité des utilisateurs, même si, comme dans le cas de ὡς, elle amène à regrouper des éléments qui diffèrent par leur nature et leur fonction. Les références sont indiquées d’une manière très explicite et on a eu l’heureuse idée de faire suivre chacune d’entre elles de l’indication du manuscrit dont elle provient. Cela était possible pour les Actes de Philippe, dont l’édition repose essentiellement sur trois manuscrits, sauf pour l’Acte II dont le texte critique est établi à partir de quatre manuscrits. Cette indication permettra à l’utilisateur de repérer aisément les formes des mots ou les leçons qui sont propres à tel ou tel manuscrit. La concordance est suivie, comme cela est maintenant pratique courante pour ce genre d’instrument, du texte intégral des Actes de Philippe, qui reproduit à l’identique, jusque dans la disposition des lignes, celui de l’édition critique. On trouvera ainsi un texte synoptique donnant, sur deux colonnes, les deux témoins principaux des Actes de Philippe, le Vaticanus graecus 824 et le Xenophontos 32, sauf pour l’Acte II, où sont donnés en parallèle le Vaticanus et le texte éclectique de l’édition, et pour l’Acte VIII, où l’Atheniensis graecus 346 fait pendant au Vaticanus. L’ouvrage se termine par une liste des lemmes et des formes avec leurs fréquences, dont le nombre total pour chaque forme est redistribué entre les manuscrits ou le texte édité (pour l’Acte II). Les principales qualités que l’on attend d’une concordance sont l’exactitude et l’exhaustivité. Comme celle-ci repose sur un texte critique et qu’elle a été constituée avec des moyens permettant de recenser toutes les formes lexicales d’un texte, il ne fait pas de doute qu’elle est exacte et complète. Mais, dans le cas d’un pareil instrument, tout aussi importante est sa commodité d’utilisation. Si l’on excepte sa taille, cette concordance se distingue par sa lisibilité et par sa perfection typographique, qui en font à coup sûr une des plus belles réalisations du genre. Voilà qui augure bien pour une collection qui annonce déjà plus d’une quinzaine de volumes en préparation.
Paul-Hubert Poirier
2. Cornelius Mayer, éd., Augustinus-Lexikon. Vol. 2, fasc. 7/8 : Epistulae ad Romanos inchoata expositio – Fides. Rédaction par Andreas E.J. Grote. Basel, Schwabe & Co. AG Verlag, 2002, colonnes 1057‑1340.
Ce double fascicule complète le deuxième volume de l’ambitieuse encyclopédie d’Augustin dont la publication a commencé en 1986. Il comprend les entrées de la fin de la lettre E et du début de la lettre F. Enchaînant avec le long article qui présentait la correspondance d’Augustin (Epistulae) par lequel se terminait le fascicule précédent, celui-ci s’ouvre par cinq lemmes couvrant autant de traités d’Augustin consacrés à des lettres : de Paul aux Romains, de Donat, de Jean ad Parthos (1 Jn), de Mani (Epistula fundamenti) et de Parmenianus. Les autres oeuvres d’Augustin incluses dans ce fascicule sont le De excidio urbis Romae, les Expositiones sur Galates, sur Jacques et sur des propositions tirées de Romains, les traités anti-manichéens Contra Faustum et Contra Felicem, et quatre écrits De Fide. Le reste des 51 articles du fascicule présente des personnages, bibliques ou historiques, des formules augustiniennes (etiam peccata), des institutions (exactio, exactor) et des notions ou réalités littéraires, philosophiques ou sociales. Dans cette dernière catégorie, je signale certaines notices dont l’intérêt dépasse largement les seules études augustiniennes : eruditio (la conception de la paideia chrétienne à l’époque d’Augustin), esse, essentia (le passage en latin du vocabulaire de l’οὐσία/εἶναι/ὄν), euangelista, euangelium (définition des termes et genre littéraire), femina (la femme chez Augustin et dans l’Église de son temps), festa sanctorum et martyrum (liturgie et hagiographie dans l’Église d’Afrique). La parution de ce dernier fascicule du volume 2 est accompagnée d’une réimpression mise à jour des 52 pages de préliminaires du Lexikon, dans lesquelles on trouve la liste des oeuvres d’Augustin — véritable clavis — et celle des abréviations. Avec ses quelque 2 700 colonnes de texte déjà publiées, l’Augustinus-Lexikon figure désormais en bonne place à côté des grands dictionnaires de l’Antiquité.
Paul-Hubert Poirier
Bible et histoire de l’exégèse
3. Isabelle de la Source, Lire la Bible avec les Pères. Tome 5. Rois et Prophètes. Paris et Montréal, Éditions Médiaspaul, 2003, 267 p.
Voilà un titre qui a de quoi enchanter ceux qui veulent approfondir le message biblique en se mettant à l’école des « Pères dans la foi » (p. 7). Cependant, le lecteur peut être vite déçu du choix des textes de l’A. En effet, Sr Isabelle compte parmi les Pères aussi bien Irénée de Lyon, les Cappadociens, Jean Chrysostome, Augustin d’Hippone que Bossuet, François de Sales, Newman et même Paul VI. Il ne faut pas s’attendre à un commentaire suivi des livres bibliques des Rois et des Prophètes, mais plutôt à de courtes méditations, la plupart du temps spirituelles ou allégoriques, sur différents passages des livres bibliques en question. Nous connaissons bien la manière de lire et de rendre actuel le message des textes scripturaires des Pères de l’Église. Cette façon de lire la Bible a également inspiré beaucoup de grands maîtres spirituels dans l’histoire de l’Église. Peut-être pouvons-nous justifier ainsi le choix de l’A. de s’alimenter de commentaires d’auteurs dépassant largement la période que nous avons coutume d’appeler patristique. L’A. elle-même ne prétend pas à l’exhaustivité des choix des textes. Son but est de faire une sélection des commentaires, qu’elle range par thème, capables de nourrir notre contemplation des merveilles de Dieu pour les hommes. Le livre se veut donc un recueil de textes destinés à pénétrer l’intelligence des Écritures en nous situant dans la longue tradition chrétienne. Les réflexions des auteurs choisis et l’amour qu’ils portaient au message biblique nous révélant un Dieu en trois personnes peuvent stimuler notre propre cheminement spirituel et notre désir d’approfondir la rencontre en vérité avec ce Dieu.
Lucian Dîncã
Judaïsme et origines chrétiennes
4. Geza Vermes, Enquête sur l’identité de Jésus. Nouvelles interprétations. Traduit de l’anglais par Emmanuelle Billoteau. Paris, Bayard, 2003, 272 p.
Un des acquis les plus importants de la recherche sur Jésus des 30 dernières années a été la redécouverte et la mise en valeur de sa judaïté et du caractère profondément juif de son projet prophétique. Les découvertes des textes de Qumrân ne sont pas étrangères à ce renouveau, mais il a été essentiellement provoqué par les travaux de quelques pionniers qui se sont attachés à relire dans une perspective différente les sources relatives à Jésus et, au premier chef, les Évangiles. Au nombre de ces chercheurs figure au premier plan E.P. Sanders, dont le Jesus and Judaism[1] exercera une influence décisive et provoquera bien des débats, notamment par les jugements sévères qu’il a portés sur certains de ses prédécesseurs[2]. Le livre de Sanders avait cependant été précédé par un ouvrage de Geza Vermes qui eut un grand retentissement, Jesus the Jew : A Historian’s Reading of the Gospel, publié en 1974[3] et traduit en français en 1978[4]. Depuis cette date, Vermes, spécialiste du judaïsme du Second Temple et des manuscrits de la mer Morte, n’a cessé de revenir à la personne et au message de Jésus, pour mieux saisir l’originalité de son projet dans le contexte du judaïsme du ier siècle[5]. Dans le présent ouvrage, paru en 2000 sous le titre de The Changing Faces of Jesus[6], Vermes propose à ses lecteurs « un voyage d’exploration […] en commençant par le Christ Dieu pour remonter jusqu’à l’homme Jésus » (p. 10). Dans ce qu’il qualifie de « crescendo théologique », Vermes part des textes dans lesquels la messianité et la divinité de Jésus sont le plus clairement affirmées pour aboutir à ceux qui sont les plus susceptibles de nous révéler le visage et la personnalité de Jésus. Ce mouvement à rebours explique l’organisation du livre, en huit chapitres que l’on peut regrouper en quatre parties : (1) « Jean : un évangéliste pas comme les autres » et (2) « Le Jésus de Jean : figure messianique ou étranger venu du ciel ? » ; (3) « Paul, l’apôtre qui n’avait pas connu Jésus » et (4) « Le Christ de Paul : Fils de Dieu et Rédempteur universel du genre humain » ; (5) « Le Jésus des Actes des Apôtres : Prophète, Seigneur et Christ » et (6) « Le Jésus des évangiles synoptiques : guérisseur et maître charismatique, dans la ferveur de l’attente eschatologique » ; (7) « Caché sous les évangiles, le Jésus véritable » et (8) « Le Jésus véritable à l’aube du troisième millénaire ». Le lecteur un tant soit peu au courant de la recherche sur Jésus ne découvrira pas grand-chose de nouveau dans ce livre, qui a plutôt des visées de vulgarisation. C’est dire que le titre choisi pour la traduction française annonce plus que ce que l’ouvrage livre en fait et probablement plus que ce que l’auteur s’est proposé. Le lecteur informé ne manquera pas non plus d’être agacé par la naïveté avec laquelle Vermes se décerne un label d’objectivité à l’encontre de « la plupart des chercheurs » qui traitent de Jésus, « hommes d’Église » qui « ne peuvent s’empêcher d’introduire explicitement ou non une distinction qualitative entre le Nouveau Testament et les écrits juifs non bibliques » (p. 7). Cela dit, cet ouvrage offre une relecture bien informée et rafraîchissante des textes néo-testamentaires, et il constitue une excellente introduction à la recherche sur le Jésus historique[7].
Paul-Hubert Poirier
5. Lawrence H. Schiffman, Les manuscrits de la mer Morte et le judaïsme : l’apport de l’ancienne bibliothèque de Qumrân à l’histoire du judaïsme. Traduit, révisé et mis à jour par Jean Duhaime. Saint-Laurent, Éditions Fides, 2003, xxxi-546 p.
Les manuscrits de la mer Morte et le site de Qumrân, deux des découvertes archéologiques les plus importantes du xxe siècle, ont donné lieu à une littérature scientifique abondante. Spécialiste des manuscrits de la mer Morte, du judaïsme de la fin de l’Antiquité, de l’histoire de la Loi juive et de la littérature talmudique, l’A. a contribué à de nombreux ouvrages sur le sujet, dont Reclaiming the Dead Sea Scrolls (1994), synthèse des apports de la communauté de Qumrân au développement du judaïsme du Second Temple. Dans cette traduction française, la mise à jour consiste essentiellement en l’indication des numéros des manuscrits et des grottes, ainsi que de nouvelles références bibliographiques. Il est à noter que les passages tirés des manuscrits, originellement en hébreu, araméen ou grec, ont été adaptés en français à partir de la traduction anglaise de l’A. Un index, une ample bibliographie, dont le classement manque toutefois de rigueur, et des tableaux synthétiques d’une grande utilité complètent le volume. On déplore cependant l’absence d’un glossaire et la rareté des cartes géographiques. L’A. poursuit un double objectif : d’une part, donner une vue d’ensemble du phénomène sectaire de Qumrân et de ses apports à la connaissance du judaïsme du Second Temple, et d’autre part, corriger une lecture fausse du phénomène répandue dans le grand public et même dans la communauté scientifique. Cette mauvaise compréhension s’explique par deux aspects : le caractère prétendument chrétien des manuscrits et les rumeurs de complot visant à cacher ces textes, dont la mise au jour aurait ébranlé la foi catholique. L’ouvrage s’adresse donc tant à un public non initié qu’à la communauté scientifique, bien que la synthèse prime sur l’érudition.
En introduction, l’A. précise trois éléments fondamentaux à la compréhension de son étude : la portée définitionnelle de l’appellation « Manuscrits de la mer Morte », la composition du corpus et les fourchettes chronologiques de la composition des textes, de leur copie et de leur rassemblement à Qumrân. De plus, l’A. met en doute la populaire équation entre Esséniens et Qumrâniens.
Les 25 chapitres du livre sont regroupés sous six thèmes. Le premier thème, intitulé « Découverte et affranchissement des manuscrits », est exposé sous deux aspects : la philologie (historique des recherches, acquisition et mise au jour des manuscrits) et l’archéologie. Cette dernière perspective a révélé des faits étonnants, tels que la pratique de l’enterrement d’ossements d’animaux dans des tessons, coutume par ailleurs inconnue dans le judaïsme. Elle a également permis l’exhumation d’un cimetière qui contenait des tombeaux d’hommes, de femmes et d’enfants. Cette découverte ébranle la thèse du célibat des membres de la secte de Qumrân, qui s’appuie sur l’équation Qumrân-Esséniens. Mentionnons aussi que deux sites ont été mis au jour près de Qumrân, Ein Feshka et Ein el-Ghuweir, qui semblent avoir été des centres industriels (élevage de moutons, culture du roseau) liés à Qumrân. L’A. traite de l’origine de la secte, des différentes fonctions de direction de la communauté et de leurs croyances dans « La communauté de Qumrân ». Il souligne les différences entre Esséniens et Qumrâniens, qui ont trait au statut familial, au rite d’initiation sectaire et à la prise des repas communautaires. Dans la troisième partie, « Les textes bibliques : canonicité et interprétation », le processus d’établissement du canon biblique est étudié par la comparaison de la version massorétique du texte et de la littérature apocryphe juive. L’A. démontre également la variété des procédés exégétiques utilisés par les différents courants, mettant en valeur les techniques propres à la communauté de Qumrân.
La partie intitulée « Vivre à la manière juive » constitue principalement une étude de l’usage du calendrier (des calendriers ?) sectaire(s). Ce chapitre touche également à l’enseignement d’une loi cachée et à l’interprétation du Rouleau du Temple, le plus long manuscrit de Qumrân. Le thème « Mysticisme, messianisme et fin des temps » montre bien à quel point le messianisme qumrânien s’insère dans les différents courants de pensée des communautés juives. Caractérisés par leur attente d’une fin eschatologique imminente, les Qumrâniens préparaient la réunion des deux messies de la fin des temps par une pureté rituelle extrême et par la prise du repas communautaire sous la présidence du Maître de Justice. Certaines autres pratiques propres à la secte sont également étudiées, notamment la physiognomonie et la chiromancie. Enfin, dans « Sectarisme, nationalisme et consensus », l’A. délaisse les manuscrits de Qumrân, non sans avoir exposé la situation du Rouleau de cuivre, au profit de ceux des grottes de Massada et de Bar Kochba. Il aborde également la question de la perception de Jérusalem par les membres de Qumrân.
Cette volumineuse synthèse touche l’ensemble des phénomènes du judaïsme du Second Temple en rapport avec la secte de Qumrân, mais elle ne se veut pourtant pas une étude érudite. Par la clarification de certains problèmes ou l’éclairage de certains aspects qui ne sont généralement pas soulevés en rapport avec l’étude des manuscrits de la mer Morte, l’A. défend l’hypothèse que Qumrân aurait été un centre où vivaient quelques familles et où des novices, provenant de toutes les parties de la Judée, venaient faire un stage de formation spirituelle. Pour l’A., les sectaires de Qumrân pourraient être associés aux Esséniens dans la mesure où l’on admettrait que ces derniers soient un groupe large et englobant d’autres sectes, contrairement à l’opinion générale qui considère les Esséniens comme une communauté fermée.
D’une lecture agréable, ce livre apparaît comme une synthèse incontournable pour quiconque s’intéresse aux manuscrits de la mer Morte. Il permet d’éclairer le contexte de la rédaction des textes de Qumrân, celui d’un judaïsme particulier à un moment crucial de la formation de l’identité juive.
Joël Vallières
Histoire littéraire et doctrinale
6. Tarsicius J. Van Bavel, La communauté selon Augustin. Une grâce pour notre temps. Traduit du néerlandais par M.J. Schuind. Bruxelles, Éditions Lessius (coll. « La part-Dieu », 5), 2003, 169 p.
Professeur émérite de patrologie latine à l’Université Catholique de Louvain et spécialiste d’Augustin, l’A. tente ici de cerner la vision augustinienne de la communauté, pour montrer que l’idéal communautaire d’hier s’avère encore aujourd’hui un bienfait pour les sociétés modernes. S’adressant de prime abord aux communautés religieuses vivant selon la règle de saint Augustin, l’ouvrage débute avec la première communauté chrétienne, celle de Jérusalem, telle que décrite dans les Actes des Apôtres. L’A. désire trouver dans ce retour aux origines du christianisme une source d’inspiration pour les communautés religieuses du xxie siècle, de la même manière que cette communauté inspira Augustin. C’est d’ailleurs dans l’oeuvre de ce dernier que puise l’A. pour montrer que la vie communautaire se doit d’être un lieu d’épanouissement interrelationnel fondé sur l’amitié, dans l’esprit des anciens. L’ouvrage se poursuit par une réflexion sur la vision moderne de la communauté et se termine sur différentes interrogations sur la vie communautaire, auxquelles l’A. tente d’apporter quelques éléments de réponse.
Offrant de nombreuses illustrations tirées de son expérience personnelle, l’A. a comme objectif d’offrir aux communautés certaines pistes de réflexion pour renouer avec les fondements de la vie communautaire où doivent primer les relations humaines. Chaque individu étant appelé à participer à une communauté, que ce soit à l’école ou dans sa vie professionnelle, l’A. veut montrer que toute vie nécessite un engagement conséquent. Cet engagement passe par une compréhension du concept de communauté dont nous avons perdu toute notion. Le retour à cette notion telle que la comprenaient les premiers chrétiens constitue le propos de l’A. Une vie communautaire saine se construit, entre autres, par l’amour et l’amitié envers le prochain, par un l’abandon de l’égoïsme personnel et par l’établissement d’une communication adéquate.
Le lecteur trouvera dans cet ouvrage des réflexions intéressantes pour construire des relations harmonieuses au sein de sa propre communauté de vie. Mais l’intérêt scientifique est limité : l’A. cite parfois théories et auteurs sans référence, le ton de certains passages pourrait en déconcerter plusieurs et la conclusion est remplacée par une citation d’Augustin, ce qui laisse sur une impression d’inachevé. Cette impression est accentuée par les nombreuses coquilles laissées tout au long du texte. Le titre même en décevra plus d’un, car nous n’avons pas ici une étude spécialisée sur la conception augustinienne de la communauté, mais Augustin sert plutôt de référent utile à l’A. pour illustrer son propos. D’un point de vue strictement matériel, trois index répertorient les citations scripturaires, les oeuvres d’Augustin et les noms cités où se retrouvent pêle-mêle les anciens et les modernes.
Steve Bélanger
7. Arkadi Choufrine, Gnosis, Theophany, Theosis. Studies in Clement of Alexandria’s Appropriation of His Background. New York, Peter Lang Publishing (coll. « Patristic Studies », 5), 2002, x-230 p.
Ce volume regroupe trois études sur Clément d’Alexandrie. Dans un premier chapitre intitulé « Gnosis as Awakening : A Background of Clement’s Interpretation of Baptismal Initiation », l’A. discute la notion du baptême conçu comme un éveil à la fois chez Clément et chez ses opposants basilidiens et valentiniens. L’A. montre que, pour Clément, éveil et gnose sont synonymes. Cet éveil est l’aboutissement d’un processus qui suit le baptême et il s’acquiert au moyen d’une purification des passions, ce qui nécessite temps et peine. Pour ses opposants au contraire, l’illumination et l’éveil se produisent subitement, par révélation, au moment de l’initiation baptismale. La condition de l’âme humaine incarnée est donc assimilée à l’emprisonnement et l’illusion procurés par le sommeil : l’âme est prisonnière d’un rêve dont elle ne peut sortir que suite à la réception de l’Esprit Saint.
Le deuxième chapitre est intitulé « Theophany as Light : A Background of Clement’s Interpretation of the “Day” Abraham Was to See ». L’A. montre que Clément d’Alexandrie s’inspire de l’exégèse de Philon dans son interprétation du « jour » et de la conversion d’Abraham, tout en s’en démarquant. Il propose d’assimiler les notions d’illumination et de théophanie chez Clément à celle d’incarnation et de parousia de la lumière. Le chapitre se termine par deux excursus : le premier porte sur l’influence aristotélicienne sur la notion d’illumination de Philon d’Alexandrie, le second sur l’ontologie de la lumière chez ce même Philon.
Le troisième chapitre est beaucoup plus court que les deux précédents. Il s’agit d’une nouvelle version d’un article publié ailleurs[8]. Il s’intitule « Theosis as Infinity : A background of Clement’s Interpretation of “Assimilation to God” ». L’A. examine les notions d’infinité de Dieu, de l’Homme, de l’Église et de l’Un chez Clément d’Alexandrie, de même que chez les valentiniens, dans le contexte du platonisme plotinien et préplotinien. Il comprend un excursus sur Nicomaque de Gérase et Philon d’Alexandrie.
La conclusion générale de l’ouvrage présente quelques considérations théologiques sur la continuité et la discontinuité que présente la pensée de Clément d’Alexandrie dans l’histoire de la littérature chrétienne, ainsi que sur son orthodoxie, soulignant notamment le fait que l’Église orthodoxe ne l’a inclus ni dans sa liste de saints, ni dans sa liste de Pères de l’Église. Ce genre de considération intéresse certainement les dogmaticiens, mais demeure sans grande importance aux yeux de l’historien de la littérature chrétienne ancienne, qui reconnaît qu’existaient, à l’époque de Clément, non pas un christianisme mais une pluralité de christianismes. Poser sur Clément un jugement d’orthodoxie ou d’hétérodoxie nous semble anachronique.
Il faut préciser que ce livre est destiné aux spécialistes, comme en font foi les nombreuses citations en grec, allemand, espagnol, français et italien (en plus des quelques titres russes cités en référence et dans la bibliographie). Cela étant, soulignons qu’avec cet ouvrage, les spécialistes de patristique et de philosophie ont quelque chose à se mettre sous la dent. L’A. fait preuve d’une culture classique et patristique assez étendue et manifeste une très bonne connaissance des travaux modernes sur Clément d’Alexandrie et sur la philosophie antique.
Serge Cazelais
8. Hans-Josef Klauck, The Religious Context of Early Christianity. A Guide to Graeco-Roman Religions. Traduction de l’allemand par Brian McNeil. Minneapolis, Minnesota, Fortress Press, 2003, xxvii-516 p.
La compréhension du contexte historico-religieux qui vit l’émergence du christianisme primitif s’avère essentielle pour pénétrer au coeur de cette religion. C’est cette tâche d’érudition que propose l’A. dans cet ouvrage en réalisant un panorama général des religions gréco-romaines des trois premiers siècles de notre ère. Il ne s’agit pas d’une histoire des religions anciennes, mais d’une synthèse des conceptions religieuses de l’époque. L’objectif avoué est d’offrir aux étudiants les informations nécessaires dans ce champ d’expertise pour mieux saisir les écrits néo-testamentaires. Après un survol méthodologique du domaine de recherche, l’A. amorce son étude des religions antiques par leurs formes civique et domestique. Il nous entraîne par la suite dans l’univers des cultes à mystères, dont l’influence sur les religions gréco-romaines est incontestable. Parallèlement à ces pratiques, l’A. décrit toute l’importance des croyances populaires, notamment en ce qui concerne la magie et l’astrologie, dans la conception antique du religieux. Il ne pouvait non plus passer sous silence la place qu’occupa la divinisation des hommes au sein de ses systèmes religieux et dont le rôle fut considérable dans l’administration impériale. L’A. montre que l’origine de cette divinisation n’est pas romaine, mais plutôt hellénique, et que sa forme primitive servait de remerciement pour service rendu à la cité. Il consacre par la suite un chapitre aux relations unissant religion et philosophie et termine sur certaines des conceptions gnostiques les plus répandues durant le Haut Empire romain.
Pour alimenter le panorama de cette excellente vulgarisation des conceptions religieuses antiques, l’A. privilégie certains exemples bien documentés qui permettent d’avoir une image globale de la thématique abordée et qui offrent un éclairage nouveau sur le Nouveau Testament et son contexte immédiat. L’abondance des questions que soulève l’A. guide le lecteur dans son aventure d’apprentissage, et les réponses qu’il fournit illustrent la démarche réflexive qu’entreprend un chercheur pour comprendre un phénomène religieux.
L’ouvrage est ponctué de nombreuses bibliographies d’orientation en début de chapitres et sur certains points particuliers. La traduction anglaise offre, par rapport à l’original, des bibliographies révisées et augmentées de titres anglophones, afin de mieux répondre aux besoins d’un public de premier cycle. Outre une table d’abréviations des noms d’auteurs anciens et de leurs oeuvres, des collections de sources et des périodiques, l’ouvrage comprend un index des citations scripturaires et un index des auteurs de la littérature secondaire. Un index des citations d’auteurs anciens manque et aurait été d’une grande utilité pour se retrouver dans l’immense corpus, majoritairement traduit, qu’exploite et cite abondamment l’A. La richesse et la diversité de ce corpus font de cet ouvrage un instrument de travail indispensable qui vient compléter, entre autres, les travaux de Marcel Le Glay sur la religion romaine[9]. L’absence de conclusion déçoit un peu, étant donné la qualité critique du contenu. L’étude aurait gagné à exploiter davantage les comparaisons entre les religions gréco-romaines et le christianisme. Cet ouvrage sera pour plusieurs un outil de référence qui trouvera sa place dans les bibliothèques scientifiques.
Steve Bélanger
9. Odette Mainville et Daniel Marguerat, dir., Résurrection. L’après-mort dans le monde ancien et le Nouveau Testament. Montréal et Paris, Éditions Médiaspaul ; Genève, Éditions Labor et Fides (coll. « Le monde de la Bible », 45), 2001, 338 p.
Ce collectif est le fruit d’une collaboration entre exégètes canadiens, français et suisses. Il aborde le sujet de la résurrection sous divers aspects, notamment littéraires, historiques, théologiques et herméneutiques. Il est divisé en trois parties, sans toutefois que ces parties n’aient de titre. Il est précisé dans l’introduction que l’ouvrage a pour objectif « de pallier le faible niveau d’information sur le sujet », ainsi que « mieux cerner la conception chrétienne de la résurrection » et de montrer sous quelles formes cette notion s’est articulée dans le Nouveau Testament (p. 11).
Dans la première partie, Lourik Karkajian, « La mort et l’après-mort dans le Proche-Orient ancien : Égypte et Mésopotamie », présente de façon concise des descriptions des conceptions anthropologiques de ces deux régions du monde ancien. Il montre la distinction entre l’eschatologie égyptienne qui « reflète une conviction profonde d’une résurrection à la fois corporelle et non corporelle » (p. 43‑44) dans laquelle la vie du défunt se poursuit, et l’eschatologie mésopotamienne qui « n’admet aucun espoir de salut », puisque « tous les humains vont aux Enfers et sont condamnés à mener une vie chétive et ténébreuse » (p. 44). Christian Grappe, « Naissance de l’idée de résurrection dans le judaïsme », trace l’évolution des divers aspects de l’espérance en la vie après la mort, dans le judaïsme du Second Temple. Il montre que cette espérance s’y articule selon deux axes : une eschatologie linéaire et temporelle avec une résurrection à la fin des temps, dont le modèle serait les sept frères de 2 Maccabées 7 ; d’autre part, une eschatologie verticale et spatiale, dans le cadre de laquelle la mort constitue le mode d’accès à une « vie à Dieu », dont le modèle serait Hénoch (Gn 5,24). Marie-Françoise Baslez, « Le corps, l’âme et la survie : Anthropologie et croyances dans les religions du monde gréco-romain », explore l’évolution et l’émergence des notions d’immortalité des dieux et de l’âme, de la transmigration de l’âme, et des rites qui mènent à l’immortalité dans les poèmes homériques, l’orphisme, les courants « mystériques » et la littérature classique des ve et ive siècles av. J.‑C. jusqu’à l’époque impériale.
La deuxième partie s’ouvre sur la contribution de Corina Combet-Galland, « L’évangile de Marc et la pierre qu’il a déjà roulée ». Elle y montre que le chapitre 16 de l’évangile de Marc, qui se clôt sur la tombe vide dans la version courte, invite le lecteur à une seconde lecture à la lumière de la résurrection. Jean-Paul Michaud, « La résurrection dans le langage des premiers chrétiens », décrit deux catégories de discours sur l’événement inédit de la résurrection du Christ : la première inclut les formules courtes et plus anciennes que sont les credos, les hymnes et les formules kérygmatiques ; la seconde, plus récente, est constituée des récits de visites au tombeau et de christophanies. Ces deux formes littéraires s’articulent autour du langage de l’éveil (egeirein) et du relèvement (anistanai), de la vie et de l’exaltation. Jacques Schlosser, « Vision, extase et apparition du ressuscité », cherche à comprendre d’un point de vue d’historien l’expérience visuelle de ceux qui témoignent de leur foi en la résurrection. Par l’examen du sens de la forme verbale ôphthè, il est amené à constater l’importance de la dimension visuelle dans l’expérience des témoins. Michel Gourgues, « La résurrection dans les credo et les hymnes des premières communautés chrétiennes », examine les formules dont témoignent les hymnes néotestamentaires et porte une attention particulière aux titres du ressuscité et aux tournures passives qui font de Dieu le maître d’oeuvre de la résurrection du Christ. Odette Mainville, « Les apparitions du ressuscité. Fonctions et enjeux théologiques », propose une approche historique des récits d’apparition du ressuscité et cherche à comprendre leurs fonctions théologiques et pédagogiques pour l’Église naissante. Daniel Marguerat, « Luc-Actes : La résurrection à l’oeuvre dans l’histoire », propose de lire le livre des Actes comme un récit qui s’inscrit dans l’histoire et dont la fonction est de témoigner de la résurrection et de ses effets. Jean Zumstein, « Foi et vie éternelle selon Jean », articule autour de Jn 11 l’hypothèse d’une eschatologie présentéiste dans la théologie johannique, c’est-à‑dire que la résurrection était considérée comme une réalité déjà présente. Élian Cuvillier, « Christ ressuscité ou bête immortelle ? Proclamation pascale et propagande impériale dans l’Apocalypse de Jean », montre que, dans l’Apocalypse de Jean, la christologie se construit autour de la proclamation du Christ ressuscité. Il examine en deuxième partie le mythe du Nero Redivivus, afin de montrer que, pour l’auteur de l’Apocalypse, le Christ ressuscité est vainqueur de la Bête impériale qui se proclame divine. Dans « Les apparitions du sauveur dans la littérature apocryphe chrétienne », Pierre Létourneau montre que les récits apocryphes d’apparition du Sauveur avaient pour objectif de combler certains détails sur lesquels les récits canoniques gardaient le silence. Ils permettaient de légitimer diverses doctrines que l’on disait avoir été transmises par le Christ à certains disciples, notamment à Marie de Magdala.
En troisième partie, Alain Gignac, « Comprendre notre résurrection dans une perspective paulinienne. Les images de 1 Th 4, 13‑18, 1 Co 15 et 2 Co 5, 1‑10 », se questionne sur le sens de la résurrection en tenant compte de la pluralité de ses représentations pauliniennes. Andreas Dettwiler, « La résurrection des croyants selon l’Épître aux Colossiens », constate que la résurrection se présente dans cette épître comme une réalité déjà présente. Le langage eschatologique aurait ainsi la fonction de renforcer la certitude du salut ici et maintenant, plutôt que de nourrir une attente. André Myre, « L’avenir de la résurrection. Déblayage », constate l’écart entre le langage contemporain de la résurrection et celui de ses représentations néotestamentaires. Il propose une recréation des discours sur la résurrection en les articulant dans des langages pouvant être reçus et compris aujourd’hui et demain.
Il s’agit d’un ouvrage utile et pratique pour le chercheur, accessible au public et fort bien fait. Il faut saluer ce genre d’initiative.
Serge Cazelais
Gnose, manichéisme et magie
10. Hans-Josef Klauck, Magic and Paganism in Early Christianity : The World of the Acts of the Apostles. Traduction de l’allemand par Brian McNeil. Minneapolis, Minnesota, Fortress Press, 2002, vi-136 p.
Cette traduction reprend le texte de l’édition revue et corrigée en 2000 d’un ouvrage initialement paru en 1997. Deux questions orientent le travail de Klauck : que nous révèlent les Actes des Apôtres sur la société décrite ? et que peuvent nous apprendre les sources de l’époque, écrites et matérielles, sur les Actes ? Pour accomplir son étude, l’A. ne se limite pas à une seule discipline et n’hésite jamais à emprunter des outils à la sociologie, l’histoire, la littérature, la philologie et l’épigraphie. La structure de l’étude reprend celle des Actes, ce qui est de prime abord surprenant. Les épisodes sont traités isolément, et une certaine emphase est mise sur ceux qui s’avèrent plus révélateurs sur le plan historique ou qui apparaissent simplement étranges. Chaque fois qu’il le juge nécessaire, l’A. ouvre une parenthèse historique. Ainsi, le lecteur non initié à l’étude des Actes peut suivre aisément.
Malgré le titre, l’A. ne s’intéresse au délicat sujet de la magie dans les Actes qu’assez superficiellement, bien qu’il démontre que les deux cultures en présence, juive et pagano-grecque, possédaient une tradition de pratiques magiques. En réalité, l’A. s’intéresse davantage aux procédés littéraires utilisés et à leur finalité. Il montre ainsi que l’auteur des Actes présente tous ceux qui utilisent la magie et qui ne sont pas chrétiens sous un jour négatif. Par exemple, Simon le mage, Bar-Jésus et les maîtres de la prophétesse ne sont attirés que par l’argent, le pouvoir et le prestige. Ces personnages servent en quelque sorte de repoussoir aux disciples et apôtres, afin de persuader le lecteur que la magie chrétienne est la plus puissante, parce qu’elle est faite au nom de Dieu. Klauck montre ainsi comment, dans les Actes, Simon le mage s’oppose à Simon-Pierre, Bar-Jésus à Paul, et les sept exorcistes juifs, représentant le peuple, à l’ensemble des apôtres. L’épisode de Paul à Athènes a particulièrement intéressé l’A., qui l’utilise comme symbole de la rencontre entre la philosophie grecque et le christianisme. Il montre les ressemblances entre certains courants philosophiques et la religion naissante, courants qui professent une morale stricte, rejettent les idoles et croient en un logos premier. Le livre des Actes, par le vocabulaire philosophique qu’il utilise, rapprocherait Paul du philosophe Socrate, qui a également troublé le confort moral des citoyens bien pensants. Somme toute, il s’agit d’une excellente introduction socio-historique aux Actes des apôtres, qui nous offre un bon survol d’ensemble. Cette étude pourrait être utilisée pour mieux comprendre d’autres textes de la même époque et géographiquement proches.
Frédéric Barbe
11. Paul Mirecki and Marvin Meyer, ed., Magic and Ritual in the Ancient World. Leiden, Boston, Köln, E.J. Brill (coll. « Religions in the Graeco-Roman World », 141), 2002, 468 p.
This volume, dedicated to the memory of William Brashear, is the result of a conference held in August 1998. This conference was attended by many of the same scholars who were included in the previous volume Ancient Magic and Ritual Power, published in 1995. The title is self-explanatory, but the perspectives vary from ancient Egypt, early Christianity, Mesopotamia, First and Second Temple Judaism, Islam, as well as the Graeco-Roman world. The book is divided into six sections : New Texts of Magic and Ritual Power, Definitions and Theory, the Ancient Near East, Judaism, Greek and Roman Antiquity, and Early Christianity and Islam.
In the first section, new texts or new interpretations of texts are presented with provenance, location, descriptions, translations, and commentaries. The Brashear and Kotansky article (“A New Magical Formulary”) provides commentary and translation of a text from a magical handbook with six sets of instructions in Greek : a Christian liturgical exorcism, a polytheist incantation for silence, a hymnic prayer, a spell to achieve an erection, and a stele labelled the “second.” David Jordan’s article, “Two Papyri with Formulae for Divination,” centres on two previously published Greek divination papyri, one to Isis and one to “the almighty” with a discussion of previous studies of the same text as well as biblical (Jewish and Christian Bible, Septuagint) parallels found therein. Roy Kotansky’s second article (“An Early Christian Gold Lamella for Headache”) presents a previously published gold lamella from a private collection and of unknown provenance, although it is said to have come from Asia Minor or Syria, and paleographically, it can be dated to possibly the 2nd century c.e. The lamella was rolled into a capsule and was nominally used as a Christian medical charm, while simultaneously making use of other esoteric traditions. Paul Mirecki presents a seventh-century (Sahidic) Coptic limestone of the Ashmolean Museum, that was briefly described in 1922 by W.E. Crum, but is photographed with a translation and commentary here for the first time. It may have been used as some kind of boundary marker.
In the second part, Jonathan Z. Smith (“Great Scott ! Thought and Action One More Time”) discusses the possible etymology of the term “Scott” and attendant theories about speech-act theory. Fritz Graf’s essay (“Theories of Magic in Antiquity”) describes different, pre-Augustinian theories about magic as it is present in Greek and Roman thought. He starts with Apulieus’ definition of “magus” in his Apology and illustrates how the definitions of magic and religion were blurred in antiquity, not corresponding to our modern definitions of these notions. He continues on to discuss definitions of magic by Iamblichus (no difference between magic and religion), Augustine (magic and divination are impossible for true Christians as they are demonic communications), Plato (pharmakeia — poisoning, enchantment, charms), and Plotinus (sympathetic magic). He concludes that, ultimately, intention is key to determining if something is “magic” or “religion” — i.e., if good intentions are behind invoking a saint, then it is religion, if the intentions are bad, it’s magic. H.S. Versnel’s article, “The Poetics of the Magical Charm : An Essay on the Power of Words,” begins with a discussion of Pliny’s derision of magical charms as merely superstition and proceeds to examine Roman magical healing as including ritual actions and ritual words, and inspects its origins. He concluded that the odd language (spelling reversal, nonsense words) often utilized in charms were in order to join the normal world with the other world, to represent another reality. David Frankfurter’s essay (“Dynamics of Ritual Expertise in Antiquity and Beyond : Towards a New Taxonomy of ‘Magicians’”) examines the cross-cultural dynamics of how local communities would comprehend the abilities and paraphernalia of ritual experts, while also discussing the issue of taxonomy in the history of religions and how to reveal the mutability between definitions of religious “types.” Christopher Hoffman’s “Fiat Magia” discusses the arbitrary labels applied to various terms, such as “magic” with a survey of previous approaches to the taxonomies of the history of magic. Despite the originally negative connotations of the label of “magic,” scholarship has gradually moved further and further from such subjective beliefs.
In the section dedicated to the Ancient Near East, Richard H. Beal (“Dividing a God”) shows how Hittite gods were found in two cult centres with the god divided between them, and how the ritual specialists would coax the god from one locale to the other, in order to answer the question of how one god can be worshiped in more than one place. In “Translating Transfers in Ancient Mesopotamia,” JoAnn Scurlock illustrates the ancient Mesopotamian belief in the “transferal” of a quality or illness out of a person, animal, or object via the examination of a modern Moroccan ritual, thereby noting conspicuous similarities between ancient and modern religions, both in ritual and in conceptualization. Returning to the Hittites, Billie Jean Collins (“Necromancy, Fertility and the Dark Earth : The Use of Ritual Pits in Hittite Cult”) demonstrates the association of fertility and chthonic rituals via the use of ritual pits, sacrificial pigs, and the ambiguity of the term “earth.” Translations of fifteen rituals are included in the texts. Rounding out the section, Brian Schmidt (“Canaanite Magic vs. Israelite Religion : Deuteronomy 18 and the Taxonomy of Taboo”) argues that, from the Hebrew Bible alone, it is impossible to distinguish ancient Canaanites from ancient Israelites or find a standard description of what constitutes (Canaanite) magic or (Israelite) religion. Deuteronomy 18, as a catalogue of magic and divination, does not provide a unified description of either, but he concludes that magic and divination, claims to the contrary, formed a significant portion of Israelite ritual.
The section on Judaism opens with S. Daniel Breslauer’s essay (“Secrecy and Magic, Publicity and Torah : Unpacking a Talmudic Tale”), in which he uses Rabbi Akiva (Aqiva) and the story of his trial as a magician and eventual martyrdom to examine the rejection of magic in the Talmudic “Sanhedrin” text. He suggests that the Jerusalem Talmud teaches that magic is a process and attitude, not a particular action and that the public expression, and not the accomplishments of ritual, reveals the differences between magic and liturgy — what can be seen by all is not magic as magic is hidden. In “Shamanic Initiatory Death and Resurrection in the Hekhalot Literature,” James R. Davila discusses a shamanic aspect of the revelatory hekhalot literature, in which “descenders to the chariot” seek to see the face of God, but that only the worthy, like Enoch and Akiva, avoid destruction that can accompany disintegration and reintegration rituals. He recounts some cross-cultural parallels with Inuit and other First Nations shamanistic experience. Michael D. Swartz (“Sacrificial Themes in Jewish Magic”) discusses how two elements, the power of the divine name and ritual that makes the power of the cult available, lead to a change in focus from the needs of the Temple to the needs of the individual. Magic and sacrifice are both concerned with attracting the divine and dispersing evil. Magical rituals can also be defined as adaptations of sacrificial rituals, and therefore both magic and sacrifice share religious territory.
In the fifth part, Christopher A. Faraone, “The Ethnic Origins of a Roman-Era Philtrokatadesmos (PGM IV 296‑434),” re-examines the claim that a previously studied philtrokatadesmos is not of Egyptian origin, but the result of Greek and Semitic amalgamation in Roman Egypt. The object in question is a clay jar containing a lead tablet and clay figurine of a bound woman pierced with 13 bronze pins, and is paralleled in Greek magical papyri (PGM IV 335‑406). Some photos of Egyptian and Graeco-Roman smiting scenes from walls, vases, and coins are included. Sarah Iles Johnston (“Sacrifice in the Greek Magical Papyri”) considers the role of sacrifice in magical rituals via examination of three spells in the PGM IV : a spell made to the Star of Aphrodite, a spell called the “Spell of attraction performed in the presence of heroes or gladiators who have died a violent death,” and a third involving the sacrifice of a rooster. Johnston postulates that the ritual practitioner of these spells was a “creative conservator” of rituals, extending them in order to preserve essential principles. Lynn R. LiDonnici (“Beans, Fleawort, and the Blood of a Hamadryas Baboon : Recipe Ingredients in Greco-Roman Magical Materials”) concentrates on recipes in the PGM, with a focus on substances without a normal role in temple or domestic shrines, and which have not been definitively identified thus far, as opposed to already well-known plants, designated or consecrated plants, and the most often apparent substances, such as frankincense, myrrh, storax, olive oil, wine, honey, etc. The substances focused on could include mule hairs, lizards, etc., which may have had no pharmacological effect. Oliver Phillips (“The Witches’ Thessaly”) investigates Thessaly’s reputation, in Roman literature, for sorcery in ancient Greece, possibly associated with the legend of Medea. And finally, Peter T. Struck (“Speech Acts and the Stakes of Hellenism in Late Antiquity”) looks at sacred rites from Plato to Plotinus, as well as the dichotomy between “irrational, foreign” Iamblichus and “rational, Greek” Porphyry, and the position of non-Greek languages in a Hellenized world.
Lastly in part six, Marvin Meyer (“The Prayer of Mary Who Dissolves Chains in Coptic Magic and Religion”) discusses several texts that feature the Virgin Mary offering a prayer to provide escape from bondage and the context within which these texts function in the Coptic Church. Ayse Tuzlak (“The Magician and the Heretic : The Case of Simon Magus”) studies early Christian portrayals of Simon Magus as a heretic and magician, in order to examine how those early Christians defined “magic” and “magician” given that, for the heresiologists, Simon was a magician while Jesus’ miracles came from God. The exclusion of Simon Magus from the Christian “camp” was a result of his difficult philosophy and familiarity with his opponents. Nicole B. Hansen (“Ancient Execration Magic in Coptic and Islamic Egypt”) examines how far back we can look for the origins of modern Egyptian folklore as it relates to execration texts, and how these texts, which go back 4 000 years, were adapted and recast by Christianity and Islam.
While it is difficult to review a book with several different authors, the wide-ranging scholarship makes for a broad sample, in terms of time and place, of magic and ritual, from the ancient period with some modern examples, providing an excellent overview with enough depth to satisfy specialists interested in magic or any of the academic contexts within which the topics are found. The discussion of ritual, in particular, reveals a similarity across time and geographical location in religion and magic. The authors seem particularly interested in how modern academic definitions of “religion” and “magic” have changed, and none of them seek a definitive answer to the thorny question of defining these terms, interested instead in examining similarities between the rituals and beliefs of different cultures.
Jennifer Wees
Éditions et traductions
12. Lactantius, Divine Institutes. Translated and edited by Anthony Bowen and Peter Garnsey. Liverpool, University of Liverpool Press (coll. « Translated Texts for Historians », 40), 2003, 472 p.
This translation of Lactantius’ Divine Institutes appears as the fortieth instalment in what is proving to be a very interesting publication series of texts from Late Antiquity. Published by the University of Liverpool Press, “Translated Texts for Historians” is aimed at students and general readers of ancient and medieval history who do not read the original languages. The series publishes a variety of Latin, Greek, Syriac, and even Armenian texts from the period encompassing 300‑800 c.e. Directed by such notable scholars as Sebastian Brock, Averil Cameron, Henry Chadwick, Robert Markus, and Gillian Clark, this series has also produced The Armenian History attributed to Sebeos, The Chronicle of Pseudo-Joshua the Stylite, and Neoplatonic Saints : The Lives of Plotinus and Proclus by their Students. As such, Lactantius’ Divine Institutes constitutes an interesting addition to an already rich series of texts.
The Divine Institutes can be counted among some of the more idiosyncratic examples of patristic literature, written as an apology by an author who, like Augustine and Marius Victorinus, was a professor of Latin rhetoric, principally in North Africa, and who experienced a late conversion to Christianity. One of the most interesting facets of this work is the way in which Lactantius utilizes his mastery of the whole corpus of classical literature, both Latin and Greek, in service of his apologetical aims. What is particularly striking, however, is the fact that, while the text is rich with citations from the Presocratics, Vergil, Homer, Varro, as well as Orphic and Hermetic texts, biblical quotations are relatively scarce. Yet far from detracting from the quality of Lactantius’ apology, his facility with pagan literature makes his message that much more palatable to an educated non-Christian audience.
On a more general level, the Divine Institutes provides us with a compelling snapshot of a certain segment of the educated class in Late Antiquity which became increasingly disenchanted with both rhetoric and philosophy. Lactantius repeatedly condemns the abuse of rhetoric for political and financial gain as well as the disastrous multiplicity of the philosophical schools, which in his eyes made a mockery of divine truth. Thus, it was faced with “the glitter of empty rhetoric” (p. 169) and the confusion of the philosophers that Lactantius, someone deeply versed in both of these traditional academic disciplines, rejected these time-honoured traditions in favour of the “short and stark” (p. 169) certainty of the Bible as the source of God’s divine revelation. While this former teacher of rhetoric certainly admits that there was a kernel of primitive wisdom in the poets and philosophers, the definitive key to unlocking this wisdom is to be found in the authoritative and holy scriptures.
Bowen and Garnsey provide a lively and readable translation that captures both the sarcasm and elegance of Lactantius’ Latin prose. Added to this is an informative 54 page introduction and a generous amount of notes and annotations. All in all, this volume is a welcome addition to the shelves of anyone interested in late antique religion and literature. My only criticism concerns the quality of the front cover, which reproduces an illumination from a fifteenth century manuscript of the text. Although certainly justifiable, this decision, along with the colour and font, seems, in my view, to detract from the total package. This, however, will not prevent me from reading other volumes from this valuable series.
Timothy Pettipiece
13. Gérard Colin, La gloire des rois (Kebra Nagast). Épopée nationale de l’Éthiopie. Traduction française intégrale. Genève, Patrick Cramer Éditeur (coll. « Cahiers d’orientalisme », 23), 2002, 117 p.
La Gloire des rois ክብረ፡ንገሥት፡ est une des oeuvres majeures de la littérature éthiopienne. Rédigé en guèze, forme la plus anciennement attestée par écrit et réputée classique de la langue éthiopienne, qui fut parlée jusqu’au xe siècle environ, cet ouvrage est présenté, d’après le colophon qui le termine, comme une traduction de l’arabe, elle-même dépendante d’un original copte provenant d’Alexandrie. Le même colophon affirme que la traduction arabe aurait été effectuée en 1224-1225, et que le passage en éthiopien aurait eu lieu un siècle plus tard environ[10]. Sans doute peut-on faire l’économie d’un substrat copte originel et voir dans la Gloire des rois, une traduction de l’arabe, étant donné que, comme l’écrit le traducteur français, « l’arabe avec des tournures idiomatiques et des mots transcrits littéralement se laisse reconnaître à coup sûr dans une fraction notable de l’oeuvre éthiopienne » (p. 7). Dans une fraction notable, car, au moins en un passage (chap. 16, p. 20, n. 19), Gérard Colin relève un jeu de mot qui ne s’explique que par l’éthiopien : la royauté fut « arrachée » ሄደ፡ à Ruben pour être remise à « Juda » ይሁዳ፡. Si l’on considère par ailleurs qu’aucune version copte ou arabe, complète ou fragmentaire, n’a jamais été retrouvée, on peut penser que l’oeuvre est une composition éthiopienne réalisée sur la base de matériaux plus anciens, dont certains étaient peut-être arabes. Quant à la date de rédaction ou d’« apparition » en Éthiopie, on peut raisonnablement retenir le xive siècle. L’oeuvre est assez singulière. Elle se donne en effet comme une « interprétation des trois cent dix-huit orthodoxes », c’est-à‑dire les Pères du Concile de Nicée (325), qui discutent pour savoir qui, « du premier au dernier des rois de la terre, [ils déclareraient] grand ou petit selon la loi et la règle, selon la gloire et l’honneur » (chap. 2). S’ensuit un exposé par Grégoire le Thaumaturge (en fait l’Illuminateur, l’évangélisateur de l’Arménie), entrecoupé d’interventions des trois cent dix-huit, auquel s’enchaîne, au chap. 20, un discours du « patriarche de Rome Damase[11] ». Dans la suite du récit, Grégoire le Thaumaturge revient comme narrateur principal et, à la fin, les patriarches reconnaissent que tout ce qu’il a dit est « en accord avec l’écrit de Damase de Rome » (chap. 117). Comme l’explique bien G. Colin (p. 8‑9), la Gloire des rois est un ouvrage composite à l’architecture complexe, mais qui possède « un fil conducteur qui est l’exaltation de la monarchie éthiopienne, la plus grande de toutes, en la personne des souverains salomonides ». L’oeuvre se situe en effet dans le contexte de la restauration, à partir de 1270, aux dépens des Zagoués, de la dynastie salomonide, ainsi appelée parce qu’elle fait remonter ses origines à Ménélik, le fils que la légendaire reine de Saba, Mâkedâ pour les Éthiopiens, aurait eu de Salomon, suite à la visite que raconte la Bible (1 R 10, 1‑13). Sur cette toile de fond s’entremêlent plusieurs développements : le récit de la visite de Mâkedâ à Salomon et la naissance de Ménélik, fruit de leur rencontre ; le récit du voyage du jeune Ménélik à Jérusalem, du vol de Sion, l’Arche d’alliance, transférée en Éthiopie, et de l’intronisation royale du fils de Mâkedâ ; un exposé visant à montrer que les principaux rois de la terre (dont ceux de Rome, Madian, Babylone, Perse, Moab, Amaleq) sont d’ascendance israélite, comme le roi d’Éthiopie ; des interprétations christologiques de prophéties de l’Ancien Testament. Outre la thématique salomonide, l’ouvrage est encore traversé par « la notion multiforme de Sion », qui est « véritablement consubstantielle à l’oeuvre » (p. 10). L’appellation de Sion constitue en effet « le noyau proprement théologique qui fonde en quelque sorte la légitimité dynastique des souverains éthiopiens et leur rôle éminent, entre tous les peuples chrétiens, dans l’économie du salut » (ibid.). Il convient de rappeler ici que pareille idéologie éthiopicocentrique, pour excessive qu’elle puisse paraître, n’est pas sans assises historiques, si l’on considère la situation exceptionnelle de l’Éthiopie sur le continent africain : état souverain dès le début de l’ère chrétienne, christianisée vers le début du ive siècle, l’Éthiopie se dote, dès cette époque, d’une écriture qui, fait unique dans le domaine sémitique, note aussi bien, sous la forme d’un syllabaire, les voyelles que les consonnes et, à l’instar du grec, se lit de droite à gauche. Quant à « Sion la céleste », elle désigne, dans la Gloire des rois, tour à tour Jérusalem, l’Arche d’alliance, la Vierge Marie et l’autel des églises éthiopiennes (le tābot). L’intérêt de la Gloire des rois ne réside pas seulement dans le rôle légitimateur de la royauté salomonide que jouera l’ouvrage jusqu’à la chute de la monarchie éthiopienne, en 1974, mais aussi dans la diversité et la richesse des matériaux qu’elle combine. Le plus fascinant est sans aucun doute celui de Marie, présentée comme une perle créée en même temps qu’Adam, déposée dans son ventre pour être transmise aux justes, « depuis le ventre d’Adam jusqu’au ventre d’Anne » (chap. 68). Ce thème est d’autant plus remarquable que, comme le note G. Colin (p. 11), un même mot ባሕርይ፡ désigne en éthiopien la « perle » et l’« essence divine ».
Cette traduction intégrale de la Gloire des rois, faite sur le texte de Carl Bezold (p. 7, n. 1), est la première à avoir été réalisée en français. Elle est due à un des meilleurs éthiopisants contemporains, qui a une longue pratique de l’édition et de la traduction, et à qui on doit l’édition du Synaxaire éthiopien. Gérard Colin a su rendre dans une prose élégante et précise, un texte long et difficile. La traduction est accompagnée d’une annotation qui relève les nombreuses citations et allusions bibliques qui émaillent le texte[12]. Quant à l’introduction, si elle est brève, elle va à l’essentiel, tant pour introduire le lecteur à la littérature éthiopienne que pour lui présenter l’oeuvre traduite. On sera donc reconnaissant à l’auteur et à l’éditeur de nous procurer ainsi un accès facile et sûr à ce chef-d’oeuvre de la littérature éthiopienne.
Paul-Hubert Poirier
Parties annexes
Notes
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[*]
Précédentes chroniques (sous le titre « Ancienne littérature chrétienne et histoire de l’Église ») : Laval théologique et philosophique, 45 (1989), p. 303‑318 ; 46 (1990), p. 246‑268 ; 48 (1992), p. 447‑476 ; 49 (1993), p. 533‑571 ; 51 (1995), p. 421‑461 ; 52 (1996), p. 863‑909 ; 55 (1999), p. 499‑530 ; (sous le présent titre) : 57 (2001), p. 121‑182 ; 57 (2001), p. 337‑365 ; 57 (2001), p. 563‑604 ; 58 (2002), p. 357‑394 ; 58 (2002), p. 613‑639 ; 59 (2003), p. 369‑388 ; 59 (2003), p. 541‑582 et 60 (2004), p. 163‑177.
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[1]
Philadelphie, Fortress Press, 1985.
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[2]
Cf. B.F. Meyer, « A Caricature of Joachim Jeremias and His Work », Journal of Biblical Literature, 110 (1991), p. 451‑462 et la réplique de Sanders, « Defending the Indefensible », ibid., p. 463‑477.
-
[3]
New York, Macmillan.
-
[4]
Sous le titre de Jésus le juif : les documents évangéliques à l’épreuve d’un historien, Paris, Desclée.
-
[5]
Entre autres dans The Religion of Jesus the Jew, Minneapolis, Fortress Press, 1993.
-
[6]
Londres, Allen Lane.
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[7]
Ceux qui voudraient en savoir davantage sur Geza Vermes et son itinéraire personnel et scientifique pourront lire son autobiographie intitulée Providential Accidents, Londres, SCM Press, 1998.
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[8]
Cette étude fut publiée sous le titre « The Aspects of Infinity in Clement of Alexandria », Journal of Neoplatonic Studies, 6, 2 (1997), p. 3‑44.
-
[9]
Notamment Marcel Le Glay, La religion romaine : textes choisis et présentés par l’auteur, 3e éd. mise à jour par J.‑L. Voisin, Paris, A. Colin (coll. « U », série « Histoire ancienne », 373), 1997, 296 p.
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[10]
Un des personnages mentionnés dans le colophon, Abou’l Faraj, se trouve être l’homonyme du célèbre auteur syriaque du xiiie siècle, Grīgōr ‛Ebrāyā, connu en arabe sous le nom de abu’l-Faraj ibn al-ʽIbrī. Mais il s’agit sans doute d’un nom assez commun.
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[11]
Qui, soit dit en passant, ne participa pas personnellement au Concile de Nicée, mais y fut représenté par deux prêtres (cf. p. 22, n. 35).
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[12]
Parmi les notes non bibliques, signalons celle, fort éclairante, que G. Colin consacre aux Falachas, les fameux « Juifs éthiopiens » (p. 10, n. 9).