L’A. annonce dès la première ligne que ce livre se veut la suite directe de son précédent volume paru sous le titre La Trinité ou l’Excès de Dieu. Le sous-titre du livre annonce une lecture théologique, et l’introduction précise qu’il s’agit d’un ouvrage servant à nourrir la foi, à la rendre plus intelligente. Le lecteur a alors l’agréable surprise d’y trouver, au fil de sa lecture, une traduction originale de Jean 20, 1-31, accompagnée du texte grec, ainsi que d’une belle analyse littéraire qui met à profit les diverses approches modernes. Une place privilégiée est accordée à l’analyse du récit, chose que l’A. justifie en disant qu’une lecture théologique se fonde avant tout sur la structure littéraire avant l’analyse historico-critique et l’analyse structurale (sémiotique) (p. 67). Les discussions de l’A. s’accompagnent d’un commentaire exégétique qui fait appel à la tradition de l’Église, tant patristique (Grégoire de Nysse et Origène sont particulièrement mis à profit), médiévale (Anselme et Bernard de Clairvaux sont omniprésents, ainsi que Thomas d’Aquin), que du xxe siècle, sur l’évangile johannique. Le respect que voue l’A. à Xavier-Léon Dufour est manifeste. Ses travaux sont évoqués autant dans le corps du texte que dans les notes. Le projet de l’A. est de montrer que la résurrection de Jésus signifie la nativité du Fils de Dieu. En d’autres mots, Jésus, l’homme de Nazareth, est devenu au matin de Pâques ce qu’il était de toute éternité, c’est-à-dire « le Fils de Dieu dont le Nom passe tout Nom » (p. 11). Du même coup, il cherchera à montrer, contre certains, l’unité du chapitre 20 de l’évangile johannique. L’A. nous présente sa démarche de lecture comme un questionnement qui s’articule en trois points : l’articulation des trois points fondamentaux de la Foi chrétienne (je crois en un seul Dieu ; je crois en un seul Seigneur, Jésus-Christ ; je crois en l’Esprit Saint) ; le rapport entre la théologie et la lecture des saintes Écritures, où l’A. cherche à distinguer une lecture théologique d’une exégèse historico-critique ou structurale ; enfin, le lien entre la théologie et la prière conçue comme étant une « exposition et une remise de soi à Plus grand que soi » (p. 23). Le texte qui est commenté par l’auteur est divisé en quatre grandes parties. La première commence au moment où Marie Madeleine voit le tombeau vide et court l’annoncer aux disciples, et se termine par la course du disciple bien-aimé et son arrivée au tombeau, lorsqu’il aperçoit et croit. L’A. conclut, à partir de là, à une association entre les thèmes du voir et du croire. La deuxième partie narre la rencontre entre Jésus et Marie Madeleine. Cette dernière devient la figuration de tout chercheur de Dieu, ainsi que de l’Épouse du Cantique des Cantiques sur le point d’être réunie à son Bien-aimé. L’apparition de Jésus aux disciples marque la troisième partie. Les disciples qui voient Jésus reçoivent l’Esprit. Il s’agit de faire la transition de l’événement d’une séparation dans le passé marqué par la Croix, à un avenir qui est celui de l’Église en laquelle se produit une réunification des humains avec Dieu. Finalement, la dernière partie, celle où Jésus apparaît à Thomas, signifie pour l’A. l’annonce de la continuité de la présence de Jésus parmi les siens. Cet ouvrage ressortit beaucoup plus au genre de l’essai original qu’à celui de l’étude critique, sans que cela n’exclue, nous l’avons dit, que l’A. fasse manifestement preuve d’une érudition et d’une rigueur remarquables. Cela étant précisé, un lecteur qui s’attend à trouver dans ce livre une étude scientifique n’y trouvera pas …
Littérature et histoire du christianisme ancien[Notice]
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Ont collaboré à cette chronique
Marie-Pierre Bussières
en a assuré la rédactionSerge Cazelais
Dominique Côté
Eric Crégheur
Lucian Dînca
Michael Kaler
Jean Labrecque
Louis Painchaud
Jennifer Wees