Résumés
Résumé
L’action solidaire pour sauver la vie des époux Rosenberg (1951-1953) a largement franchi le cadre des frontières américaines, les mobilisations européennes dépassant même l’ampleur du mouvement initial. Cet article, s’appuyant particulièrement sur le cas français, vise à mettre à jour les mécanismes permettant l’émergence et le développement d’une solidarité par delà les frontières, mais aussi d’en révéler, notamment par la comparaison avec d’autres campagnes menées par le mouvement communiste international, l’historicité.
Abstract
Mobilisations and actions to save the Rosenbergs from execution (1951-1953) went far beyond the borders of the United States. Indeed mobilisation in Europe was larger than the original American movement. Focusing on the French case, this article provides a new analysis of the mechanisms that allowed for the emergence and growth of this solidarity beyond borders. By comparing this campaign to others undertaken by the international Communist movement, it also reveals its historical grounding.
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Parties annexes
Notes
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[1]
Pour les manifestations de solidarité en faveur du capitaine Dreyfus hors du cadre français, voir l’ouvrage collectif de Michel Drouin (Drouin, 2006).
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[2]
Pour certains, comme l’association française pour le réexamen de l’affaire Rosenberg, les époux sont totalement innocents. D’autres au contraire sont convaincus de leur totale culpabilité à l’instar de Ronald Radosh et Joyce Milton pour qui « Julius Rosenberg, tout amateur qu’il fut, parvint en quelques années à coordonner une vaste opération d’espionnage » (Radosh et Milton, 1985 : 310). Entre ces deux positions se trouve la grande majorité des historiens qui considèrent que Julius a bien été à la tête d’un réseau d’espionnage, mais peu significatif quant à la construction de la bombe atomique russe (Huret, 2005). Quant à Ethel, les historiens ne disposent que d’un seul document Venona, et dans quel on peut lire qu’elle est « dévouée à la cause ». Malgré ces controverses, le procès reste pour tous ces historiens un « déni de justice » (Pinto, 2002).
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[3]
Le thème de la transformation des Rosenberg en martyrs apparaît dès le lancement de la campagne, tant aux États-Unis (Neville, 1995 : 94) qu’en France, notamment dans le Figaro.
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[4]
Ces archives sont consultables sous la cote 111 AS. Pour le cas français, nous nous permettons de renvoyer à notre travail universitaire réalisé en 2005 (Codaccioni, 2005).
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[5]
L’argument selon lequel le recours à l’Histoire est nécessaire dès lors qu’elle est présente dans le discours des acteurs eux-mêmes a notamment été mis en avant par Eric Fassin dans son étude sur la politisation de l’avortement aux États-Unis (Fassin, 1997 : 3).
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[6]
Le cause lawyer, souvent marginal du fait de la composition de sa clientèle (ici communiste), défend juridiquement un cas tout en essayant de le transformer en cause (Gaïti et Israël, 2003 : 22).
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[7]
William Reuben est un jeune ancien combattant, proche des cercles de gauche et réputé à New-York.
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[8]
Entretien avec Albert Lévy, le 2 avril 2005, Paris.
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[9]
Entretiens avec Charles Palant, le 7 avril 2005, Paris.
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[10]
Si l’avocat signe « Villard » les lettres qu’il envoie à la Préfecture de police de Paris par exemple, on trouve également sa trace sous le nom de Paul « Willard ».
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[11]
« Comment les Rosenberg ont été condamnés à mort par un jury soigneusement triés, sans preuve, sur 3 témoignages suspects », le 29-30 novembre, et « La condamnation des époux Rosenberg. Comment Rosenberg aurait “dessiné” la bombe A », le 23 décembre 1952.
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[12]
Nous pouvons émettre l’hypothèse que l’idée d’envoyer des avocats communistes français aux États-Unis, dans la période maccarthyste, a été abandonnée par les organisateurs du mouvement.
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[13]
Par exemple il a côtoyé, lors de leurs voyages aux États-Unis, Jean-Paul Sartre et Frédéric Joliot-Curie.
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[14]
Entretien avec Pierre Kaldor, le 13 avril 2005, Paris.
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[15]
Ces organisations sont principalement issues de la mouvance communiste : le PCF, l’Union des Femmes Françaises, L’Union des Jeunes Filles de France, l’Union des Jeunesses Républicaines de France, le Secours populaire et la Confédération Générale du Travail.
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[16]
Droit et liberté, novembre 1953.
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[17]
Le Midi-Libre, le samedi 13 janvier 1953.
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[18]
Voir par exemple Le Libertaire, le 8 juin 1953.
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[19]
Entretien avec Roger Bourderon, le 1er juillet 2005, Paris.
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[20]
Dans le système juridique des États-Unis, la révision ou la nullité du procès ne peut advenir que par une grâce motivée du Président, une décision judiciaire ou un acte du Congrès (Pinto, 2002 :151).
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