Résumés
Résumé
Cette étude a pour objet la rencontre problématique entre les temporalités spécifiques de l’entreprise (« faire vite ») et de l’accompagnement des personnes âgées vivant en institution (« respecter le rythme de chacun »). Le terme dépendance prend ici tout son sens, puisque le placement en établissement est aussi un déclassement en ce qui concerne le droit de gouverner soi-même l’occupation du temps. Lever, coucher, toilette, habillage, alimentation… ces pratiques quotidiennes font l’objet d’une planification bien établie, qui s’impose aux résidents. Mais, par ailleurs, la gérontologie et l’éthique professionnelle enjoignent d’humaniser le traitement réservé aux personnes âgées. Cet impératif humaniste consiste notamment à respecter les temporalités individuelles. Comment se conjuguent alors, en pratique, les exigences du temps rationalisé, plus ou moins chronométré, et celles du temps domestique, qui peut se révéler tout simplement interminable ?
Abstract
This article examines the difficult encounter between the time frame of an organisation (“do it fast”) and care for the elderly in the institution (“respect the rhythm of each person”). The concept of dependency is fully relevant, because institutionalisation involves disempowerment, in terms of the right to control one’s own time. Getting up, going to bed, washing, dressing, eating… these daily activities are scheduled and then imposed on the residents. Yet gerontology and professional ethics enjoin personalised treatment of the elderly, and in particular respecting individual’s own time frame. The question is how, practically, to articulate the needs for a rationalised use of time, more or less by the clock, and a more homely sense of time, that can appear simply too long ?