Résumés
Résumé
La surdité, longtemps appréhendée comme un handicap, est devenue objet de recherche culturelle depuis une quinzaine d’années. Cette nouvelle approche se fonde sur la distinction entre sourd (condition physiologique) et Sourd (identité culturelle positive). L’objectif du présent article est de présenter un cadre général d’appréhension culturelle de la surdité (du Sourd). Dans un premier temps, nous décrivons la relation de l’appréhension culturelle de la surdité à son appréhension comme handicap physique et social. Nous montrons qu’il ne faut pas opposer ces perspectives, mais plutôt les combiner, car chacune éclaire une dimension constitutive de l’identité sourde, tiraillée entre pathologie et culture. Ensuite, nous explorons la structure de la culture sourde en soulignant comment celle-ci naît du dépassement de l’identité négative produite par le handicap par une identité linguistique positive fondée sur l’appartenance à une communauté de sens. Finalement, nous voyons comment cette identité positive se constitue dans un rapport à l’altérité qui se présente ici sous le vocable de « monde des entendants ».
Abstract
Long understood only as a disability, deafness has become an object for cultural analysis over the last fifteen years. This new approach is based on the distinction between deaf (a physiological condition) and Deaf (a positive cultural identity). The goal of this article is to provide a general analytic cultural framework for understanding the Deaf. First it compares a cultural understanding of deafness to one what treats it as a social and physical disability. We show that it is unwise to treat these as oppositional. It is better to combine them because each clarifies a constitutive part of the identity of the Deaf, one trapped between pathology and culture. Next, the article examines the cultural structure of deafness, underlining how it was born by going beyond the negative identity generated by disability towards a positive linguistic identity built on belonging to a community of meaning. Finally, we observe how this positive identity is constituted within a relationship to the other, defined as the “world of the hearing”.