Résumés
Résumé
L’approche territoriale paraît constituer une sorte d’instrument universel, susceptible de traiter à la fois la question sociale et celle du développement économique. Or, lorsqu’on tente de cerner les effets sociaux et économiques des comportements territoriaux des ménages et des entreprises en France, cette équation doit être discutée. D’une part, la relation entre égalité sociale et égalité territoriale n’est pas simple : la localisation des groupes sociaux dans l’espace peut fort bien aboutir à une égalisation des conditions moyennes à l’échelle d’une région en même temps qu’à une aggravation des inégalités de revenus à l’échelle communale. D’autre part, les politiques de développement local visant à conjuguer développement et cohésion paraissent d’autant plus efficaces qu’elles fonctionnent dans un contexte keynésien (fondé sur la demande), alors qu’elles sont moins performantes dans des contextes néoclassiques (fondés sur l’offre). Dès lors, l’appel au développement local et à l’accroissement de la compétition entre territoires pourrait bien aboutir à des formes de conflits d’échelles, dans lesquels les territoires infrarégionaux auraient intérêt à choisir un modèle de rente, au détriment de la production de richesse (par ailleurs nécessaire à l’alimentation de la rente). Paradoxalement, une logique de développement territorial poussée à son terme pourrait contribuer à appauvrir un pays comme la France.
Abstract
Place-based approaches appear to be universally applicable, useful both for addressing social issues and for promoting economic development. However, this assumption does not stand up to an analysis of the social and economic effects of the spatial behaviour of households and firms in France. In the first place, there is no simple relation between social equality and territorial equality. Establishment of social groups in a locale may result in an equalization of average conditions within whole region at the same time as it generates a rise in inequalities across municipalities or neighbourhoods. Secondly, local development policies that aim to combine development and social cohesion seem to work better in a Keynesian context (that is, demand-based) than in a neo-classical one (that is, supply-based). Calls for local development and a rise in territorial competition may now result in conflicts of scale, in which sub-regional places have a rationale to choose a rent-seeking model of development rather than a production-based one (the latter being, of course, necessary for generating rents). It is paradoxical that pushed to the limit, the logic of place-based development might contribute to impoverishing a country like France.
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