Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 26, numéro 1, 2015
Sommaire (9 articles)
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Dessins d’enfants et aide humanitaire : expressions et expositions transnationales / Children’s Drawings and Humanitarian Aid: Transnational Expressions and Exhibitions
Dominique Marshall
p. 1–65
RésuméFR :
Cet article propose un tour d’horizon des usages des dessins d’enfants dans l’histoire de l’aide humanitaire à l’aide d’exemples, du Canada et d’ailleurs, tirés des recherches de l’auteure. Il se penche à la fois sur les usages des dessins par diverses organisations au cours des dernières décennies et sur les emplois que les historiens en ont faits. À l’aide d’outils empruntés à plusieurs disciplines, il propose des clefs de compréhension qui permettent de réfléchir à l’histoire de la psychologie enfantine, de la pédagogie, de l’art enfantin, des relations humanitaires entre générations, des droits des enfants et des perceptions juvéniles lors d’interventions humanitaires. Il dresse un historique du médium, de ses promoteurs ainsi que de ses détracteurs et propose un ensemble de pistes pour identifier, malgré les obstacles, des traces d’expressions enfantines.
EN :
This article offers a broad survey of the use of children’s drawings in the history of humanitarian aid, thanks to select examples taken from the author’s research in Canada but also elsewhere in the world. It examines how various organizations, over the last decades, and historians have treated these drawings. Borrowing concepts and methods from a host of disciplines, it helps understand the history of childhood psychology, pedagogy, children’s art, intergenerational humanitarian relations, children’s rights, and juvenile perception in the course of humanitarian interventions. The article uncovers the history of the medium, its promotors, and detractors and further proposes pathways to identify, despite the hurdles, hints of genuine children’s expression.
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From Rupert’s Land to Canada West: Hudson’s Bay Company Families and Representations of Indigeneity in Small-Town Ontario, 1840–1980
Krista Barclay
p. 67–97
RésuméEN :
By the mid-nineteenth century, Hudson’s Bay Company (HBC) officers were retiring in greater numbers with their Indigenous families outside Rupert’s Land. Much work has been done to uncover the experiences of fur trade families who remained at HBC trading posts or settled in what became the American and Canadian Wests, but there has been little research on those families who left for Britain or colonial Canada. In Canada West, the racial and gendered terrains of their new home communities were complex ones for Indigenous women and their children to navigate. They played roles in both the reification and subversion of racial and gendered imperial hierarchies, and thus came to occupy unexpected and even contradictory positions in family and local historical narratives.
FR :
Un grand nombre d’agents de la Compagnie de la Baie d’Hudson qui ont pris leur retraite au milieu du XIXe siècle se sont installés avec leur famille autochtone à l’extérieur de la Terre de Rupert. Si les chercheurs se sont intéressés à l’expérience des familles qui sont demeurées aux postes de traite de la Compagnie ou qui se sont installées dans ce qui allait devenir l’Ouest canadien ou américain, peu se sont penchés sur le sort de celles qui se sont installées en Grande-Bretagne ou dans la colonie canadienne. Les femmes autochtones et leurs enfants qui se sont installés au Canada-Ouest ont dû s’adapter à un contexte racial et genré complexe. Ce faisant, ils ont participé à la fois à réifier et à subvertir la hiérarchie des races et des sexes au sein de l’Empire, ce qui les a menés à occuper des positions inattendues et même contradictoires dans le récit des familles et de l’histoire locale.
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‘The Ill-name of the Old Country’: London’s Assisted Emigrants, British Unemployment Policy, and Canadian Immigration Restriction, 1905-1910
Elizabeth A. Scott
p. 99–130
RésuméEN :
Between 1906 and 1910, Canada passed two increasingly restrictive Immigration Acts to, among other reasons, reduce charitable assisted emigration from London. These acts were passed in response to Britain’s Unemployed Workmen Act in 1905, which contained an emigration clause designed to move London’s unemployed to Canada. Canada deemed these emigrants to be unsuitable largely because they hailed from the impoverished East End of London. Emigration charities felt an imperial betrayal in the wake of the restrictions. Although an exception allowed for a limited degree of charitable emigration to continue, assisted English emigrants were now unreservedly lumped together with other undesirables in the British World. Despite Canadian displeasure, charities continued to send London’s unemployed to Canada until World War I. A more direct relationship between British unemployment policy and Canadian immigration policy is emphasized, opening a space wherein to examine transnational and imperial legal tensions in the early twentieth century British World. This space reveals a nexus of poverty, migration, and restriction that pitted Britain’s needs against Canada’s; it also complicates the concept of loyal nations belonging to a cooperative British World, becoming particularly relevant to the evolution of restrictive Canadian attitudes towards British immigrants after 1905.
FR :
Entre 1906 et 1910, le Canada a adopté deux lois plus restrictives en matière d’immigration. Ces lois visaient entre autres à réduire le nombre d’immigrants en provenance de Londres qui étaient parrainés par des organismes de bienfaisance. Elles ont été adoptées en réaction à une loi britannique de 1905 intitulée Unemployed Workmen Act (Loi sur les ouvriers en chômage). Cette loi renfermait un article visant à encourager l’émigration des chômeurs de Londres vers le Canada. La réaction du gouvernement canadien s’explique par le fait qu’il considérait ces émigrants comme indésirables, surtout parce qu’ils étaient originaires du East End, un quartier pauvre de Londres. Les organismes de bienfaisance qui parrainaient l’émigration des Britanniques vers le Canada ont perçu ce rejet comme une trahison envers l’Empire. Même si les lois canadiennes permettaient l’émigration d’un nombre limité de Britanniques parrainés par ces organismes, ces émigrants étaient désormais considérés comme indésirables à l’instar de plusieurs autres individus en provenance du monde britannique. Or malgré les nouvelles législations canadiennes, les organismes de bienfaisance ont continué à envoyer des chômeurs de Londres au Canada, et ce jusqu’à la Première Guerre mondiale. Cet article souligne l’existence d’un lien étroit entre la politique britannique en matière de chômage et la politique canadienne concernant l’immigration. Ce lien nous permet d’étudier les tensions juridiques transnationales et impériales dans le monde britannique du début du XXe siècle. Ces tensions éclairent comment la juxtaposition des questions de pauvreté, de migration et de juridiction a mis en contradiction les besoins de la Grande-Bretagne et ceux du Canada. L’évolution des politiques restrictives du Canada à l’égard des émigrants britanniques après 1905 remet donc en question l’idée voulant que des nations loyales aient appartenu à un monde britannique essentiellement coopératif.
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‘Have you any recollection of what occurred at all?’: Davis v. Colchester County Hospital and Medical Negligence in Interwar Canada
R. Blake Brown et Magen Hudak
p. 131–162
RésuméEN :
The history of medical malpractice in Canada has received little attention from legal or medical historians. Through a contextualized study of a Nova Scotia case from the 1930s, Davis v. Colchester County Hospital, this article demonstrates how changes in technology and surgical procedures both created situations that spurred malpractice claims, and made it difficult for injured patients to prove medical negligence. In addition, developments in tort law concerning the liability of hospitals, and the doctors and nurses working within them, provided medical defendants ample opportunity to avoid legal liability, even in cases in which the existence of negligent treatment was obvious. The testimony at trial, the legal strategies utilized by the lawyers, and the judicial rulings also shed light on attitudes of the medical profession toward personal responsibility and ethics, and demonstrates how the interests of patients were weighed against those of medical institutions and professionals by lawyers and judges.
FR :
L’histoire des fautes médicales au Canada n’a guère reçu d’attention de la part des historiens du droit ou de la médecine. À partir de l’étude d’un cas survenu en Nouvelle-Écosse dans les années 1930, Davis c. l’Hôpital du comté de Colchester, le présent article montre comment l’évolution de la technologie et la transformation des interventions chirurgicales ont créé des situations qui ont à la fois engendré une multiplication des réclamations pour faute professionnelle et compliqué la tâche des patients voulant prouver qu’une négligence médicale ait eu lieu. En outre, des éléments nouveaux dans le droit de la responsabilité délictuelle en ce qui concerne la responsabilité des hôpitaux, ainsi que celle des médecins et des infirmiers ou infirmières qui travaillent avec eux, ont amplement fourni l’occasion aux défendeurs d’éviter la responsabilité légale, même dans les cas où l’existence d’une négligence dans le traitement était évidente. Les témoignages lors du procès, les stratégies juridiques utilisées par les avocats et les décisions judiciaires éclairent également les attitudes de la profession médicale à l’égard de la responsabilité personnelle et de la déontologie. Tout cela montre également comment les avocats et les juges ont mis dans la balance les intérêts des patients, d’une part, et ceux des établissements de santé et des professionnels de la santé, d’autre part.
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“Indians on White Lines”: Bureaucracy, Race, and Power on Northern British Columbian Traplines, 1925–1950
David Vogt
p. 163–190
RésuméEN :
After British Columbia imposed universal mandatory trapline registration in 1925, game wardens, Department of Indian Affairs officials, and Indigenous people in the provincial north quickly came into conflict over the place of Indigenous trappers, Indigenous claims to trapping territory, and the applicability of colonial game regulations to Indigenous communities. Although some scholars have suggested that the primary result was the large-scale dispossession of Indigenous communities, roughly half of the province’s registered traplines remained officially in “Indian” hands, raising questions about how bureaucrats recognized, classified, and sought to administer such lines. In practice, game law enforcement was often uncertain, arbitrary, and frequently governed by informal arrangements that existed alongside the official regulations. By the 1930s, trappers with Indian status had gained some measure of protection and exemption from the game laws, in part due to an energetic campaign by the federal Indian Department. To bureaucrats, however, the never-completed quest to define and solidify a racialized boundary between “Indian” and “white” trappers, trapping, and traplines often became as important as — or even more important than — the ostensible provincial goal of game conservation and the federal goal of Indigenous economic prosperity.
FR :
À la suite de la décision du gouvernement de la Colombie-Britannique en 1925 d’imposer l’enregistrement obligatoire pour tous des territoires de piégeage, les gardes-chasse, les fonctionnaires du ministère des Affaires indiennes et les Autochtones habitant dans le nord de la province sont rapidement entrés en conflit à propos de la place des trappeurs autochtones, des revendications autochtones au sujet du territoire de piégeage et de l’applicabilité de la réglementation coloniale concernant le gibier aux communautés autochtones. Si certains chercheurs ont laissé entendre que la principale conséquence de la décision du gouvernement britanno-colombien a été la dépossession massive des peuples autochtones, il faut savoir qu’environ la moitié des territoires de piégeage enregistrés de la province sont demeurés officiellement entre les mains des autochtones, ce qui soulève des questions quant à la manière dont les fonctionnaires ont reconnu, classé et cherché à administrer ces territoires. En pratique, l’application des lois sur le gibier a souvent été incertaine, arbitraire et fréquemment régie par des arrangements officieux existant parallèlement à la réglementation officielle. Dans les années 1930, les trappeurs ayant le statut d’Indien ont gagné une certaine protection et certaines exemptions par rapport aux lois sur le gibier, en raison notamment d’une campagne énergique menée par le ministère fédéral des Affaires indiennes. Néanmoins, la tentative toujours inachevée de définir une frontière racialisée entre trappeurs, trappage et territoires de piégeage « indiens » et « blancs » a souvent eu autant d’importance pour les fonctionnaires, sinon plus, que le but manifeste de la province — la conservation du gibier — et du gouvernement fédéral — la prospérité économique des Autochtones.
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Unlocking the ‘Eskimo Secret’: Defence Science in the Cold War Canadian Arctic, 1947–1954
Matthew S. Wiseman
p. 191–223
RésuméEN :
Between 1947 and 1954, medical scientists in Canada received support from federal and independent agencies to conduct a series of comparative biochemical studies on Inuit and white “test subjects.” Originally conceived from a racialized intrigue in defining the vascular characteristics of cold tolerance, the Canadian defence establishment absorbed the research with the intent to apply the findings to military service work in the North. Potentially unlocking the “Eskimo” secret to cold-weather acclimatization meant scientists could devise a screening process for selecting male white bodies for Arctic service. The research took place within the edifice of colonial science, but unlike wider postwar perceptions of the Indigenous body, this article presents the concept of biological appropriation to explore the perceived value of Inuit physiology to northern defence. Interpreting experiential research on Inuit as distinct from cultural assimilation provides a broader interpretation of postwar Arctic policy, and helps discern an understudied yet important episode of the Cold War sciences in Canada.
FR :
Entre 1947 et 1954, des chercheurs en médecine au Canada ont reçu le soutien d’organismes fédéraux et indépendants pour mener une série d’études comparatives en biochimie sur des sujets inuits et blancs. Conçue à partir d’une volonté de définir les caractéristiques vasculaires de la tolérance ethnique au froid, cette recherche a été reprise par l’establishment canadien de la défense en vue d’en appliquer les résultats au service militaire dans le Nord. En arrivant à percer le secret de l’acclimatation des « Esquimaux » au froid, les scientifiques auraient pu concevoir un processus de sélection de mâles blancs aptes au service dans l’Arctique. Cette recherche a été menée dans la perspective de la science coloniale, mais l’auteur a décidé d’utiliser la notion d’appropriation biologique pour étudier l’importance accordée à la physiologie inuite pour la défense du Nord, plutôt que les perceptions du corps des Autochtones généralement répandues après la guerre. La distinction faite entre la recherche expérientielle sur les Inuits et leur assimilation culturelle permet d’élargir l’interprétation de la politique d’après-guerre sur l’Arctique et contribue à mettre au jour un épisode négligé, mais néanmoins important, des sciences de l’époque de la Guerre froide au Canada.
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Le Service des émissions féminines télévisées au réseau francophone de la Société Radio-Canada (1965-1982) : une histoire du genre dans les organisations
Laurie Laplanche
p. 225–254
RésuméFR :
Cet article porte sur la question du genre dans la production médiatique à la Société Radio-Canada (SRC) entre 1965 et 1982, soit au cours des 17 années de diffusion du magazine télévisé Femme d’aujourd’hui, produit par le Service des émissions féminines télévisées. Nous examinons comment les valeurs, les normes, les qualités, les capacités et les attentes associées à la féminité et à la masculinité ont fait partie intégrante de la culture organisationnelle radio-canadienne, ce qui a favorisé des inégalités, mais également des possibilités pour les femmes travaillant à la Société d’État. À cette fin, nous avons analysé le journal des employés, Circuit fermé, de 1965 à 1982, les outils promotionnels destinés au grand public entre 1965 et 1982 (La semaine à Radio-Canada et Ici Radio-Canada), les rapports sur les mesures d’égalité des chances à Radio-Canada dans les années 1970, ainsi que les documents contenus dans le fonds privé de la chef du Service des émissions féminines télévisées, Mme Michelle Lasnier. Nous exposons tout d’abord la répartition du pouvoir entre les hommes et les femmes, ainsi que les caractéristiques associées à la masculinité et à la féminité à la Société d’État qui ont pu réduire l’efficacité de l’implantation de mesures d’égalité des chances dans les années 1970. Nous avons ensuite comparé ces éléments à l’organisation du travail au sein du Service des émissions féminines télévisées à Montréal.
EN :
This article focuses on the type of media production at Société Radio-Canada (SRC/CBC) between 1965 and 1982, during the 17 years when the TV magazine Femme d’aujourd’hui, produced by the Service des émissions féminines, aired. We look at how the values, standards, qualities, capacities, and expectations associated with femininity and masculinity were an integral part of Radio-Canada organizational culture, which fostered inequalities as well as opportunities for women working at the Crown Corporation. To this end, we analyzed the staff publication Circuit fermé from 1965 to 1982, the promotional tools intended for the public between 1965 and 1982 (La semaine à Radio-Canada and Ici Radio-Canada), reports on equal opportunities at Radio Canada in the 1970s, as well as documents contained in the private collection of the head of the Service des émissions féminines, Ms. Michelle Lasnier. First, we reveal the distribution of power between men and women at the Crown Corporation, and the characteristics associated with masculinity and femininity that may have reduced the effectiveness of equal opportunities measures implemented in the 1970s. We then compared these elements to the organization of work within the Service des émissions féminines télévisées in Montréal.
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“The Mic Is My Piece”: Canadian Rap, the Gendered “Cool Pose,” and Music Industry Racialization and Regulation
Francesca D’Amico
p. 255–290
RésuméEN :
Over the course of the 1980s and 1990s, Black Canadian Rap artists, many of whom are the children of Caribbean-born immigrants to Canada, employed the hyper-racialized and hyper-gendered “Cool Pose” as oppositional politics to intervene in a conversation about citizenship, space, and anti-blackness. Drawing from local and trans-local imaginings and practices, Black Canadian rappers created counter-narratives intended to confront their own sense of exclusion from a nation that has consistently imagined itself as White and rendered the Black presence hyper-(in)visible. Despite a nationwide policy of sameness (multiculturalism), Black Canadian musicians have used Rap as a discursive and dialogical space to disrupt the project of Black Canadian erasure from the national imagination. These efforts provided Black youth with the critically important platform to critique the limitations of multiculturalism, write Black Canadian stories into the larger framework of the nation state, and remind audiences of the deeply masculinized and racialized nature of Canadian iconography. And yet, even as they engaged in these oppositional politics, rappers have consistently encountered exclusionary practices at the hands of the state that have made it increasingly difficult to sustain a Black music infrastructure and spotlight Canadian Rap’s political and cultural intervention.
FR :
Dans les années 1980 et 1990, les rappeurs canadiens noirs, dont bon nombre étaient enfants d’immigrants caribéens au Canada, se sont servis de la Cool Pose, une attitude d’opposition politique hyperracialisée et hypergenrée, afin d’intervenir dans la discussion entourant les questions de citoyenneté, d’espace et de racisme envers les Noirs. S’inspirant de l’imaginaire et des pratiques de nature locale et translocale, les rappeurs canadiens noirs ont créé des contre-récits visant à confronter leur propre sentiment d’exclusion d’une nation qui s’est constamment imaginée comme « blanche » et qui a rendu la présence noire hyper(in)visible. S’opposant à la politique nationale d’uniformité identitaire qu’est le multiculturalisme, les musiciens canadiens noirs se sont servis du rap comme espace discursif et dialogique pour perturber le projet d’effacement des Canadiens noirs de l’imaginaire national. Ces efforts ont procuré à la jeunesse noire une plateforme d’une importance cruciale pour critiquer les limites du multiculturalisme, rédiger des histoires canadiennes noires dans le cadre plus large de l’État-nation et rappeler à divers publics la nature profondément masculinisée et racialisée de l’iconographie canadienne. En s’engageant dans ces politiques d’opposition, les rappeurs se sont invariablement confrontés à des pratiques d’exclusion de la part de l’État et de ses organes, pratiques qui ont rendu de plus en plus difficiles le maintien d’une infrastructure musicale noire et la mise en lumière de l’intervention politique et culturelle des rappeurs canadiens.
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Still Working in the Shadow of Men? An Analysis of Sex Distribution in Publications and Prizes in Canadian History
Elise Chenier, Lori Chambers et Anne Frances Toews
p. 291–318
RésuméEN :
This project was inspired by the Canadian Historical Association’s June 2014 awards ceremony at which the majority of prize winners were men. Why, we wondered, are so few women awarded prizes outside the areas of women’s history, the history of sexuality, and the history of childhood and youth? First, we asked who is working in history? To what degree have departments achieved gender parity in hiring? Do women produce work at a rate proportional to their presence in departments? We collected data in three categories: book reviews, other journal content, and books published between 2004 and 2013. We found that women produce fewer books than do men. Women’s books are less likely to be reviewed than are books written by men and few men review books written by women, a fact with significant implications for both advancement and the inclusion of women in the wider curriculum. Women produce a number of articles proportionate to their presence in the discipline; we suggest that this is because articles require less time of one’s own than do books. It is time to revisit openly and explicitly how academic excellence is determined, and how structural forces produce the sexual inequalities documented here and elsewhere.
FR :
La présente recherche a été inspirée par la cérémonie de remise des prix de la Société historique du Canada en 2014, à laquelle la majorité des lauréats étaient des hommes. Nous nous sommes demandées pourquoi si peu de femmes remportaient des prix à l’extérieur des domaines de l’histoire des femmes, de la sexualité, de l’enfance et de l’adolescence. D’abord, nous avons cherché à savoir qui travaille en histoire et dans quelle mesure les départements ont atteint la parité des sexes à l’embauche. Nous avons également tâché de voir si les femmes publient à un taux proportionnel à leur nombre dans les départements. Ensuite, nous avons amassé des données dans trois catégories : comptes rendus de livre et autre contenu de revues scientifiques et livres publiés entre 2004 et 2013. Nous avons noté que les femmes publient moins de livres que les hommes. Les livres des femmes sont moins susceptibles de faire l’objet d’un compte rendu que ceux publiés par des hommes et peu d’hommes font des recensions de livres écrits par des femmes, un fait qui a des incidences importantes tant pour l’avancement des femmes que pour leur inclusion dans les grands programmes d’enseignement. Parallèlement, les femmes publient un nombre d’articles proportionnels à leur présence dans la discipline. Nous suggérons que cela s’explique par le fait qu’un article prend moins de temps à écrire qu’un livre. Il est temps de revoir ouvertement et explicitement la façon dont l’excellence universitaire se mesure et dont les forces structurelles produisent les inégalités des sexes relevées ici et ailleurs.