Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 25, numéro 1, 2014
Sommaire (10 articles)
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Made in Canada! The Canadian Manufacturers’ Association’s Promotion of Canadian-Made Goods, 1911-1921
Andre Siegel et James Hull
p. 1–31
RésuméEN :
Beginning just before WW1 and continuing into the postwar period, the Canadian Manufacturers’ Association mounted a campaign to sell Canadian consumers on the virtues of buying “Made in Canada” goods. Not simply an appeal to patriotism, this campaign had to convince Canadian consumers of the satisfactory quality of such goods — which manufacturers had to deliver the substance of — in an increasingly sophisticated retail and marketing environment. Such an encouragement of the demand side of the producer/consumer equation is an important example of the proactive stance taken by Canadian manufacturers in the early twentieth century to improve their own viability and success. This paper examines the “Made in Canada” campaign as part of a range of business strategies that also included support for scientific industrial research, technical standardization, and vocational education, alongside more traditional anti-competitive policies. The scope of these strategies suggests that the impact of the Second Industrial Revolution was being fully felt in Canada and business leaders recognized the implications of a new political economy in which an unimaginative defence of the protective tariff was no longer adequate.
FR :
Juste avant la Première Guerre mondiale et jusqu’à l’après-guerre, l’Association des manufacturiers canadiens a mené une campagne pour faire valoir aux consommateurs canadiens les avantages d’acheter des produits « fabriqués au Canada ». Au-delà d’un simple cri de ralliement patriotique, cette campagne devait aussi persuader les consommateurs canadiens de la qualité satisfaisante de ces biens dans un univers du détail et de la commercialisation toujours plus complexe, et les manufacturiers devaient être au rendez-vous. Ces efforts de persuasion ciblés du côté de la demande dans l’équation producteur-consommateur constituent un important exemple des mesures actives prises par les manufacturiers canadiens au début du XXe siècle pour améliorer leur viabilité et leur réussite. Le présent article replace la campagne vantant les produits « fabriqués au Canada » dans l’optique d’une série de stratégies d’affaires, qui comprennent aussi le soutien à la recherche scientifique et industrielle, la normalisation technique et la formation professionnelle, ainsi que des politiques anticoncurrentielles plus traditionnelles. La portée de ces stratégies suggère que l’incidence de la seconde révolution industrielle se faisait pleinement sentir au Canada et que les chefs d’entreprise ont eu conscience des répercussions d’une nouvelle économie politique dans laquelle la défense statique des tarifs protectionnistes ne suffisait plus.
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“Tobacco has Blossomed like the Rose in the Desert”: Technology, Trees, and Tobacco in the Norfolk Sand Plain, c. 1920-1940
Jonathan McQuarrie
p. 33–62
RésuméEN :
Drawing on rural, biotechnological, and environmental history, this article examines how farmers, corporations, and the state deployed developments in silviculture and agriculture to reshape Norfolk County, Ontario. It traces the emergence of a relatively vibrant flue-cured tobacco sector during the Great Depression, a sector that both broke from and drew on earlier reforestation efforts that had emerged at the start of the twentieth century. In this context, tobacco and trees can best be viewed as biotechnologies connected to a continental flow, rather than simply as natural products. The article also argues that raising both trees and tobacco drew on ideas of conservation and resource management that were tightly bound to the development of rural capitalism, but highlights how the soil and environment influenced the capitalist objective of profitable rural development in ways that frustrated the idea of nature being manageable. It ends by noting that despite the ascendency of capitalist-informed ideas about rural development in Norfolk, other ways of understanding soil and the environment persisted.
FR :
S’appuyant sur l’histoire rurale, environnementale et de la biotechnologie, le présent article examine comment les fermiers, les entreprises et l’État ont mobilisé diverses avancées en sylviculture et en agriculture pour changer le visage du comté de Norfolk, en Ontario. Il relate la naissance d’un secteur relativement dynamique du tabac jaune durant la crise de 1929, secteur qui à la fois rompait avec les efforts de reboisement entamés au tournant du XXe siècle et s’en inspirait. Dans ce contexte, le tabac et les arbres peuvent être vus comme des biotechnologies liées à un mouvement continental au lieu de simples produits de la nature. L’article avance que la culture à la fois d’arbres et du tabac se fonde sur des notions de conservation et d’aménagement des ressources qui étaient étroitement liées à l’essor du capitalisme rural, mais il fait ressortir la façon dont les sols et l’environnement ont influencé l’objectif capitaliste d’un développement rural rentable qui allait à l’encontre de l’idée que la nature pouvait être gérée. Il termine en notant que, malgré la montée d’idées inspirées du capitalisme entourant l’aménagement rural de Norfolk, d’autres façons de voir les sols et l’environnement ont persisté.
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Cigarette Marketing and Smoking Culture in 1930s Canada
Daniel J. Robinson
p. 63–105
RésuméEN :
This paper examines political-economic, cultural, and marketing changes during the 1930s that solidified the domestic tobacco industry and cigarette smoking as a socially normative practice. During this decade, farm production of cigarette tobacco grew exponentially in southern Ontario, as did cigarette manufacturing operations, mostly in Montréal. Cigarette marketing and advertising were prolific, as evidenced by the bevy of premium promotions, gift rebates, sports sponsorships, and athlete and celebrity testimonial advertising. Women, for the first time, were routinely targeted by cigarette advertising, and their entry into the ranks of “legitimate” smokers proved a watershed for tobacco manufacturers. Two specific developments further boosted the long-term viability of the cigarette industry. First, Canada’s dominant tobacco firm, Imperial Tobacco, spent heavily on public relations advertising to overcome public criticism of its cut-throat merchandising practices. Second, menthol and filtered cigarettes first appeared in the 1930s, ads for which reassured smokers worried about sore throats and persistent coughs. Long before the tobacco industry’s massive public relations response in the 1950s to the “cancer scare” (which included the heavy promotion of filtered brands as “safer” cigarettes), Imperial Tobacco, among others, was versed in issue-management public relations and forms of cigarette “health marketing.”
FR :
Le présent article examine les changements politico-économiques, culturels et commerciaux des années 1930 qui ont consolidé l’industrie du tabac au pays et fait du tabagisme une pratique sociale normalisée. Au cours de cette décennie, la culture de tabac à cigarettes s’est accrue de façon exponentielle dans le sud de l’Ontario, au même titre que la fabrication de cigarettes, surtout à Montréal. Le marketing et la publicité de la cigarette battaient leur plein, comme en font foi la multitude de primes, de rabais, de commandites sportives et de publicités présentant des témoignages d’athlètes et de célébrités. Pour la première fois, les femmes étaient régulièrement ciblées par les publicités de cigarettes, et leur entrée dans le cercle des fumeurs « légitimes » a marqué un tournant pour les fabricants de tabac. Deux nouveautés ont donné du tonus à la viabilité à long terme de l’industrie de la cigarette. Premièrement, la compagnie de tabac dominante au Canada, Imperial Tobacco, a beaucoup investi dans des opérations de relations publiques pour réfuter les critiques du public au sujet de ses pratiques commerciales sauvages. Deuxièmement, les cigarettes au menthol et les cigarettes avec filtre ont fait leur apparition dans les années 1930 et leurs publicités cherchaient à rassurer les fumeurs préoccupés par le mal de gorge et la toux persistante. Bien avant que l’industrie du tabac ne mène de grandes campagnes de relations publiques dans les années 1950 en réaction à la « peur du cancer » (campagnes qui ont notamment beaucoup fait la publicité de marques de cigarettes avec filtre « moins dommageables »), Imperial Tobacco, entre autres, était passée maître dans les opérations de relations publiques stratégiques et le « marketing santé » de la cigarette.
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La Palme présenteDisplicuit Nasus Tuus : quand la caricature sert de discours politique au Québec
Alexandre Turgeon
p. 107–142
RésuméFR :
Le 29 juin 1944, le gouvernement libéral d’Adélard Godbout déclenche des élections au Québec. Affaibli par son appui à Mackenzie King, le Parti libéral provincial se tourne vers le caricaturiste Robert La Palme pour la production d’une brochure intitulée La Palme présente Displicuit Nassus Tuus – du latin « Ton nez a déplu », en référence au nez de Maurice Duplessis, chef de l’Union nationale. Cette brochure ne contient que des caricatures. Si l’usage de la caricature dans ce contexte n’est pas particulier, on ne peut en dire autant de la place qui lui est accordée dans ce document. Pour étudier cette brochure, nous nous intéresserons aux stratégies électorales employées ainsi qu’aux caricatures choisies, afin de faire ressortir les thématiques et les enjeux privilégiés par le Parti libéral provincial. Dans cette brochure, il semble en fait y avoir confusion des genres entre caricature et discours politique. Cet article montre que la caricature sert de discours politique dans la brochure La Palme présente Displicuit Nassus Tuus, pavant la voie à la stratégie libérale contre Duplessis dans les années à venir. Les effets dépasseront le camp libéral pour se faire ressentir dans le discours antiduplessiste qui commence à prendre forme.
EN :
On June 29, 1944, the Liberal government of Adélard Godbout called a provincial election in Quebec. The provincial Liberal Party, weakened by its support for Mackenzie King, turned to political cartoonist Robert La Palme to produce a brochure entitled La Palme présente Displicuit Nasus Tuus–from the Latin “Your nose displeased us,” in reference to the prominent nose of Maurice Duplessis, Leader of the Union Nationale. This brochure contained only cartoons. Although the use of cartoons in this context was not unique, the same cannot be said of their use in this particular document. To study this brochure, we will examine the electoral strategies at play as well as the cartoons selected in order to identify the themes and issues prioritized by the provincial Liberal Party. This brochure appears to reflect confusion between the genres of cartooning and political discourse. The article will show that the cartooning in the brochure La Palme présente Displicuit Nasus Tuus served as political discourse and laid the groundwork for the Liberal’s strategy against Duplessis in the years to come. The brochure’s effects were felt beyond the Liberal camp and influenced the nascent anti-Duplessis discourse taking shape.
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“We All Used to Meet at the Hall”: Assessing the Significance of the Universal Negro Improvement Association in Toronto, 1900–1950
Carla Marano
p. 143–175
RésuméEN :
This article discusses the unique factors that led the UNIA in Toronto to become a central fixture in the city’s black community and to the Garvey movement as a whole. Beginning in 1919, the Toronto Division served as a secular outlet for blacks in the city to express their concerns over racism, politics, employment, and the community. Using interviews, newspapers, and official UNIA records, this article explains how meaningful this organization was to the growth, security, and well-being of Toronto’s black community.
Although this study delves into local history, it is also concerned with transnational relations – primarily, Toronto’s place within the African diaspora. The Toronto Division forged relationships with members around the world while taking part in various UNIA activities that transcended provincial and national boundaries. This article, then, assesses the significance of cross-division cooperation and Toronto’s role in the survival of the Garvey movement in Canada and abroad. Since most members of the UNIA in Toronto were Caribbean immigrants, this essay explores the UNIA’s compatibility with West Indian political and cultural ideals. In this way, this research sets Toronto’s black communities firmly within the African diaspora.
FR :
Le présent article s’attarde aux facteurs uniques qui ont mené l’Universal Negro Improvement Association (UNIA) de Toronto à occuper une place centrale dans la communauté noire de la ville et dans l’ensemble du mouvement Garvey. Dès 1919, la section torontoise de cet organisme a servi de lieu neutre où les Noirs de la ville ont pu exprimer leurs préoccupations entourant le racisme, la politique, l’emploi et la communauté. À partir d’entrevues, de journaux et de dossiers officiels de l’UNIA, cet article explique toute l’importance de cet organisme pour la croissance de la communauté noire de Toronto, sa sécurité et son bien-être.
Bien que l’article porte sur l’histoire locale, il s’intéresse aussi aux relations transnationales, et particulièrement à la place de Toronto dans la diaspora africaine. La section de Toronto a tissé des liens avec des membres des quatre coins du monde en participant à différentes activités de l’UNIA qui transcendaient les frontières provinciales et nationales. L’article évalue aussi la portée de la collaboration entre les sections et le rôle de Toronto dans la survie du mouvement Garvey au Canada et à l’étranger. Puisque la plupart des membres de l’UNIA à Toronto étaient des immigrants des Caraïbes, l’article explore la compatibilité entre l’UNIA et les idéaux politiques et culturels antillais. À cet égard, l’étude situe la communauté noire de Toronto fermement au coeur de la diaspora africaine.
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“At Last! The Government’s War on Poverty Explained”: The Special Planning Secretariat, the Welfare State, and the Rhetoric of the Poverty in the 1960s
David Tough
p. 177–206
RésuméEN :
The Special Planning Secretariat was established in the Privy Council Office of the Canadian federal government in 1965 with a mandate to coordinate and promote initiatives against poverty, and was quickly dubbed Canada’s “war on poverty” department. Originally the brainchild of Prime Minister Lester Pearson’s policy chief Tom Kent, who hoped it would make the government’s ambitious social policy agenda more legible, the Secretariat survived Kent’s resignation and took on a lower-profile role generating material to raise public awareness both of poverty and of government’s various efforts to alleviate it. Working in partnership with voluntary organizations and other government agencies including the National Film Board, the Secretariat pioneered new ways of presenting government activities and representing the poor. Its vision of government, reflected in the Index of Programs for Human Development, was comprehensive, reflecting a strategic approach to the federal bureaucracy that would dominate by the 1970s; its representation of poverty, especially in the film The Things I Cannot Change, was bleak and it isolated the poor from social relations. The Secretariat’s activities, which have been obscured by the memory of the redistributive social programmes introduced in the same era, left a mixed legacy for government action to redress poverty.
FR :
Le Secrétariat des plans spéciaux a été créé au Bureau du Conseil privé du gouvernement fédéral canadien en 1965 avec le mandat de coordonner et de promouvoir des initiatives de lutte contre la pauvreté. Vite rebaptisé le ministère de la « guerre contre la pauvreté », le Secrétariat était l’idée du directeur des politiques du premier ministre Lester Pearson, Tom Kent, qui espérait ainsi faire davantage connaître l’ambitieux programme social gouvernemental. Le Secrétariat a survécu à la démission de Kent puis il s’est fait plus discret dans ses initiatives de sensibilisation du public tant à la pauvreté qu’aux divers efforts du gouvernement pour la contrer. En partenariat avec des organismes bénévoles et d’autres organismes gouvernementaux, y compris l’Office national du film du Canada, le Secrétariat a mis au point de nouvelles façons de faire valoir les activités du gouvernement et de représenter la pauvreté. Sa vision du gouvernement, incarnée dans l’Index of Programs for Human Development, était exhaustive et reflétait une logique stratégique à l’égard de la bureaucratie fédérale qui allait dominer les années 1970; sa représentation de la pauvreté, surtout dans le film The Things I Cannot Change, était austère et elle marginalisait les pauvres socialement. Les activités du Secrétariat, qui ont été occultées parce qu’à la même époque étaient lancés les programmes sociaux de redistribution des richesses, ont laissé un héritage mitigé de mesures gouvernementales pour contrer la pauvreté.
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“Some thought they were ‘in Love’”: Sex, White Teenagehood, and Unmarried Pregnancy in Early Postwar Canada
Sharon Wall
p. 207–241
RésuméEN :
This article explores the culture of postwar heterosexuality as it impacted (mainly) white girls who were teens between 1945 and the early 1960s. It explores the prevalence of, and changing opportunities for teenage sex, the issue of sexual desire, and the nature of girls’ partners and relationships. Based on this exploration, it argues that opportunities for teen sex were expanding, that girls’ partners were more often other teens, and because of this and the age-consciousness of the times, that marriage was being questioned as the appropriate solution when pregnancy occurred. More broadly, this study challenges the (now aging) stereotype of the conservative “Fifties,” especially the notion of this period as a sexually conservative one. As such, it also helps to connect (rather than to contrast) the 1950s with the decade that followed. Finally, it makes the case for an expanded notion of sexual “revolution,” one which unfolded over several decades of the twentieth century. In early postwar years, this was a revolution of behaviour only for unlike “the Sixties,” there was little public acceptance or open avowal of pre-marital sex.
FR :
Le présent article porte sur la culture de l’hétérosexualité dans l’après-guerre et son incidence sur les filles blanches (principalement) en pleine adolescence entre 1945 et le début des années 1960. Il explore la prévalence des rapports sexuels à l’adolescence et le nombre croissant d’occasions d’avoir de tels rapports, la question du désir sexuel, ainsi que la nature des partenaires des filles et de leurs relations. Il avance que les occasions d’avoir des rapports sexuels à l’adolescence étaient à la hausse, que les partenaires des filles étaient généralement eux-mêmes des adolescents, et qu’en conséquence et en raison des sensibilités à l’égard des différences d’âge à l’époque, la possibilité d’un mariage comme solution à l’annonce d’une grossesse était remise en question. Dans une optique large et conformément aux « travaux de réinterprétation » du début de l’après-guerre, cette étude remet en cause le stéréotype (vieillissant) des « années 1950 », surtout la notion que cette période était caractérisée par un conservatisme sexuel. Pour s’en convaincre, il est intéressant de dresser des parallèles (au lieu de contrastes) avec la décennie qui a suivi. Enfin, l’article défend l’idée qu’il faut élargir la notion de « révolution » sexuelle, qui se serait produite sur plusieurs décennies du XXe siècle. Au début de l’après-guerre, la révolution en était une qui touchait seulement aux comportements; contrairement à ce qui prévalait dans les « années 1960 », les relations sexuelles avant le mariage n’étaient pas bien vues et étaient rarement avouées.
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Tradition and Transitions: Elders Working in Canadian Prisons, 1967-1992
Seth Adema
p. 243–275
RésuméEN :
Between 1967 and 1992, Aboriginal traditional Elders played increasingly important roles working with Aboriginal inmates in Canadian penitentiaries. Whereas in 1967 a small group of individuals entered prisons as Elders on a voluntary basis, unrecognized by Correctional Services Canada (CSC), over the following decades Elders and CSC developed increasingly formal relationships. By 1992 the Corrections and Conditional Release Act legislated the employment of Elders as spiritual leaders for Aboriginal peoples in prison. This transition was brought about because of an ongoing cultural dialogue between Aboriginal prisoners through inmate groups called the Native Brotherhoods, Aboriginal community organizations that worked inside prisons, and penal administrators. While Native Brotherhoods and the Elders who worked with them were central to the decolonization of prisons, in legislating the practice of Aboriginal spirituality in prisons and mandating the employment of Elders, CSC took control of Aboriginal cultural practices and alienated the community groups that once supported Elders. While the increased rights of Elders under this new framework responded to many of the needs voiced by prisoners and community members, the shift from community-based to institutional-based service represented an important change in the relationship between Aboriginal peoples and Canadian penal institutions. This paper argues that the efforts of individual Elders and Native Brotherhoods and the consolidation of control over their efforts by the penal administrations were the result of simultaneous processes of decolonization and neocolonialism.
FR :
De 1967 à 1992, les aînés autochtones ont joué des rôles toujours plus importants auprès des détenus autochtones dans les pénitenciers du Canada. Si en 1967 seul un petit groupe de personnes sont entrées dans les prisons sur une base volontaire en tant qu’aînés, sans être reconnus par Service correctionnel Canada (SCC), les aînés et SCC ont par la suite établi des liens toujours plus officiels. En 1992, la Loi sur le système correctionnel et la mise en liberté sous condition a stipulé l’embauche d’aînés comme chefs spirituels pour les personnes autochtones en prison. Cette transition est le fruit d’un dialogue culturel continu entre les prisonniers autochtones par l’entremise de groupes de détenus portant le nom de fraternités des Autochtones, soit des organismes communautaires autochtones oeuvrant en milieu carcéral, et les administrations pénales. Même si les fraternités des Autochtones et les aînés qui travaillaient avec elles étaient essentiels à la décolonisation des prisons, au moment d’enchâsser la pratique de la spiritualité autochtone en milieu carcéral dans la loi et de légiférer l’embauche d’aînés, SCC a pris les commandes des pratiques culturelles autochtones et a aliéné les groupes communautaires qui appuyaient auparavant les aînés. Si l’accroissement des droits des aînés prévu dans ce nouveau cadre répondait à bien des besoins exprimés par les prisonniers et les membres de la communauté, le passage d’un service communautaire à un service institutionnel a pourtant marqué un tournant dans les relations entre les peuples autochtones et les établissements pénitentiaires canadiens. Le présent article avance que les efforts des aînés et des fraternités des Autochtones ainsi que la consolidation des mesures d’encadrement de ces efforts par les administrations pénitentiaires sont le résultat de démarches simultanées de décolonisation et de néocolonialisme.
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ParticipACTION, Healthism, and the Crafting of a Social Memory (1971–1999)
Victoria Lamb Drover
p. 277–306
RésuméEN :
Established in 1971, ParticipACTION was a social marketing company created to change the physical behaviour and personal views of Canadians through persuasive marketing techniques and re-enforced mass media branding. Charting the personal accounts of four influential historical actors, this paper explores the original motivations behind the establishment of ParticipACTION. Through oral history accounts, untapped archival records pulled from the ParticipACTION Archives, and government documents, this article follows the development of the ParticipACTION brand and its relationship with a nation of media consumers. The overt commodification of health, manipulation of Cold War fears, and the federal government’s behaviour modification agenda are all aspects of its origin story, yet they have been strategically omitted from the dominant social memory of this national health promotion organization because these founding goals no longer served the ParticipACTION brand.
FR :
Lancée en 1971, ParticipACTION était une entreprise de marketing social créée pour influer sur l’activité physique et les opinions personnelles des Canadiens grâce à des techniques de marketing de persuasion et au renforcement d’une image de marque dans les médias de masse. En suivant les témoignages personnels de quatre acteurs influents de l’époque, le présent article explore ce qui a motivé la création de ParticipACTION. Se fondant sur des témoignages oraux, des sources inexploitées tirées des archives de ParticipACTION et des documents gouvernementaux, l’article suit la trajectoire de la marque ParticipACTION et sa relation avec une population de consommateurs de médias. La marchandisation ouverte de la santé, la manipulation des craintes entourant la guerre froide et la volonté du gouvernement fédéral de changer les comportements sont autant d’aspects de l’histoire des origines qui ont été stratégiquement omis de la mémoire sociale dominante de cet organisme national de promotion de la santé puisque ces objectifs fondateurs ne servaient plus la marque ParticipACTION.
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A Half-Century of Possessive Individualism: C.B. Macpherson and the Twenty-First-Century Prospects of Liberalism
Ian McKay
p. 307–340
RésuméEN :
C.B. Macpherson (1911–1987) was one of the most influential and controversial thinkers of his time, identified above all with the theses of “possessive individualism” and the “transfer of powers.” Although sometimes misidentified as a Marxist, and as such critiqued by proponents of the Cambridge School in the depths of the Cold War, Macpherson by his own description was attempting to use the resources of the Marxist tradition to clarify and revive liberalism. At a time when neo-liberalism has become hegemonic throughout western civil society, Macpherson is being revisited today. By treating property as a philosophical event, Macpherson transformed a commonsense of his time (and ours) into a politico-ethical problem, a proposition of great interest not only to historians but also to any emergent left seeking to define the outlines of a more rational future.
FR :
C.B. Macpherson (1911-1987) a été l’un des penseurs les plus influents et les plus controversés de son temps. Il est le plus souvent associé aux thèses de « l’individualisme possessif » et du « transfert des pouvoirs ». Parfois considéré à tort comme étant marxiste, ce qui lui a attiré les foudres des partisans de l’École de Cambridge en pleine guerre froide, Macpherson a dit lui-même tenter d’utiliser les ressources de la tradition marxiste pour clarifier et ranimer le libéralisme. À une époque où le néolibéralisme est devenu hégémonique dans toute la société civile occidentale, un regard nouveau est aujourd’hui porté sur Macpherson. En faisant de la propriété un phénomène philosophique, Macpherson a transformé le bon sens de son époque (et de la nôtre) en un problème politico-éthique, ce qui revêt un grand intérêt non seulement pour les historiens, mais aussi pour toute gauche émergente qui cherche à baliser un avenir plus rationnel.