Journal of the Canadian Historical Association
Revue de la Société historique du Canada
Volume 24, numéro 2, 2013
Sommaire (12 articles)
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“A King in Every Countrey”: English and French Encounters with Indigenous Leaders in Sixteenth-Century America
Peter Cook
p. 1–32
RésuméEN :
Beginning with Columbus’ 1493 report of kings among the “Indians,” European expeditionaries regularly perceived Indigenous leaders as kings during the first century of colonialism in the Americas. English and French narratives of the sixteenth century, following the models of early Spanish and Portuguese accounts, brought to light the existence of Aboriginal monarchs throughout the Americas, from the Arctic to Brazil and from New England to California. Popular compilations of travel accounts only cemented the trope in the European imagination. The ubiquity of such kings in early English and French colonial writing reveals the conceptual frameworks through which colonizers perceived the New World and the logic of the strategies they devised to conquer it. Toward the end of the sixteenth century, English and French views diverged, with the latter demonstrating a general reluctance to use the term “king” for Native American leaders. By contrast, English sources would continue to employ the vocabulary of kingship for this purpose into the nineteenth century.
FR :
Dès le moment où Colomb a parlé de rois chez les « Indiens » en 1493, les explorateurs européens se sont imaginé les chefs autochtones comme des rois, et ce durant tout le premier siècle du colonialisme dans les Amériques. Les récits français et anglais du XVIe siècle, suivant le modèle des premiers comptes rendus espagnols et portugais, ont donné vie à l’existence de monarques autochtones dans toutes les Amériques, de l’Arctique au Brésil, de la Nouvelle-Angleterre à la Californie. Les recueils populaires de récits de voyage n’ont fait qu’incruster le trope dans l’imaginaire européen. L’omniprésence de ces rois dans les premiers écrits français et anglais de l’époque coloniale révèle le cadre conceptuel par lequel les colonisateurs entrevoyaient le Nouveau Monde et le raisonnement derrière les stratégies qu’ils ont échafaudées pour le conquérir. Vers la fin du XVIe siècle, le point de vue des Anglais et des Français n’était plus le même, ces derniers dédaignant généralement l’emploi du terme « roi » pour décrire les chefs autochtones. À l’opposé, les sources anglaises continuent à faire référence à la royauté en ce sens jusqu’au XIXe siècle.
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On the “very Brink between Time and Eternity”: Truth, Charity, and Last Dying Speeches in England, c. 1660–1700
Andrea McKenzie
p. 33–70
RésuméEN :
Late seventeenth-century England witnessed not only the rise of the coffee-house, the newspaper, and party politics, but also a proliferation of printed accounts of treason trials and executions, exposing hearers and readers to opposing religious and political truth claims. Such last dying words, spoken as they were on the “very Brink between Time and Eternity,” were equally compelling and controversial, dividing opinion along partisan and confessional lines. This study builds on recent scholarship emphasizing the dynamism of the Restoration public sphere and the degree to which the gallows was a contested space. It argues that the pamphlet wars over the meaning, veracity, and authenticity of the last dying speeches of late seventeenth-century condemned traitors, while largely overlooked by scholars of the Restoration crisis, have much to tell us about larger, shared preoccupations and mentalities. This article will focus in particular on two powerful contemporary credos which constrained and shaped the actions of authorities, malefactors, and pamphleteers alike: the equation of freedom of speech with liberty and Protestantism on the one hand and the association of charity with the good death, credibility, and truth, on the other.
FR :
L’Angleterre de la fin du XVIIe siècle a assisté non seulement à l’avènement des cafés, des journaux et des partis politiques, mais aussi à la prolifération des comptes rendus imprimés de procès et d’exécutions pour trahison, ce qui a exposé les auditeurs et les lecteurs à des revendications divergentes quant à la vérité en matière de religion et de politique. Ces dernières paroles, prononcées à la frontière du temporel et de l’éternel, étaient tout aussi convaincantes que controversées, partageant l’opinion publique entre bases partisanes et confessionnelles. La présente étude s’appuie sur des travaux récents faisant ressortir le dynamisme de la sphère publique pendant la Restauration et l’aspect controversé de la potence. Elle avance que les guerres pamphlétaires sur la signification, la véracité et l’authenticité des derniers discours de condamnés pour traîtrise à la fin du XVIIe siècle, dont les chercheurs sur la crise de la Restauration ont largement fait fi, ont beaucoup à nous apprendre sur les grandes préoccupations communes et les mentalités. Le présent article portera en particulier sur deux puissants crédos de l’époque qui ont contraint et façonné les actions à la fois des autorités, des malfaiteurs et des pamphlétaires : l’adéquation entre liberté d’expression et protestantisme d’une part, et l’association de la charité avec une bonne mort, la crédibilité et la vérité, d’autre part.
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England’s “Bloody Code” in Crisis and Transition: Executions at the Old Bailey, 1760–1837
Simon Devereaux
p. 71–113
RésuméEN :
The most celebrated and influential history of execution in England, V.A.C. Gatrell’s The Hanging Tree (Oxford, 1994), uses a survey of execution rates to make two very striking and seemingly persuasive assertions. First, more people were being hanged in early nineteenth-century England than at any time since the early modern era; and second, that the end of capital punishment came far more suddenly than previous studies have recognized. This article acknowledges and extends the importance of Gatrell’s first insight, while arguing that he nevertheless both understates the complexity of developments and overstates the suddenness with which both the letter and the practice of capital punishment were abandoned. It does so through a careful recalculation and analysis of execution rates at London’s Old Bailey courthouse, where execution was practiced on a far larger scale than in any other jurisdiction in the Anglo-American world, and whose practice most profoundly shaped the perceptions of both critics and proponents of capital punishment alike.
FR :
The Hanging Tree (Oxford, 1994), de V.A.C. Gatrell, la plus célèbre et la plus influente des histoires de la pendaison en Angleterre, recourt à une enquête sur le nombre d’exécutions pour faire deux affirmations saisissantes et en apparence convaincantes. Selon la première, plus de personnes ont été pendues au début du XIXe siècle en Angleterre qu’à tout autre moment depuis le début de l’époque moderne. Selon la seconde, la fin de la peine capitale serait arrivée beaucoup plus subitement que les études antérieures ne l’avaient admis. Le présent article reconnaît la première idée de Gatrell et en souligne l’importance, mais avance néanmoins qu’il sous-estime la complexité des événements tout en surestimant le caractère soudain de l’abandon de la lettre et de l’application des lois sur la peine capitale. Il y arrive en recalculant soigneusement et en analysant le nombre d’exécutions ordonnées par le tribunal Old Baley de Londres, où l’exécution se pratiquait à beaucoup plus grande échelle que dans tout autre tribunal du monde anglo-américain et dont la pratique a très profondément influencé la perception des critiques comme des défenseurs de la peine capitale.
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Constructing Innocence: Representations of Sexual Violence in Upper Canada’s War of 1812
Elsbeth Heaman
p. 114–155
RésuméEN :
This essay explores the way in which rape was represented in Upper Canada circa 1812. It draws upon a broadly defined Upper Canadian print culture that drew upon and reacted against wider trends, especially those prevalent in the United States. Whereas American newspapers spoke openly of sexual violence against American women during the War of 1812, Upper Canadian sources tended to suppress any such discussion, for reasons that reflect profound cultural and political differences. Americans stoked a rowdy, popular patriotism that Canadians distrusted and sought to avert. The analysis of national differences is contextualized within broader changes in the ways that rape was constructed in the press and the courts over the first half of the nineteenth century, in ways that worked to muffle women’s public voice. But the War of 1812’s most famous heroine, Laura Secord, was not silenced. Writing almost half a century later, Secord challenged discursive conventions of gender when she had her say and made herself a hero. The final section examines how Secord and her early commentators interwove literary signals of danger and respectability in their published accounts.
FR :
Le présent article explore la façon dont on se représentait le viol au Haut-Canada vers 1812. Il s’appuie sur une culture de l’imprimé au Haut-Canada qui s’inspirait de façons de faire répandues, surtout aux États-Unis, et qui s’y opposait. Si les journaux des États-Unis ont parlé ouvertement de violence sexuelle contre les Américaines durant la Guerre de 1812, les sources du Haut-Canada ont eu tendance à réprimer le sujet, pour des raisons qui traduisent de profondes différences culturelles et politiques. Les Américains manifestaient un patriotisme populaire et exubérant dont les Canadiens se méfiaient et voulaient s’éloigner. L’analyse de ces différences nationales est replacée dans le contexte de vastes changements dans la façon dont le viol était appréhendé dans la presse et les tribunaux durant la première moitié du XIXe siècle, au moment où la voix des femmes était muselée dans l’espace public. Pourtant, la plus célèbre héroïne de cette guerre, Laura Secord, ne s’est pas tue. Écrivant près d’un demi-siècle plus tard, elle a remis en question les conventions discursives à l’égard des sexes quand elle a eu la parole et qu’elle s’est érigée en héroïne. La dernière section examine comment Laura Secord et ses premiers biographes ont parsemé leurs récits publiés de signaux de danger et de respectabilité.
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Equitable Claims and Future Considerations: Road Building and Colonization in Early Ontario, 1850–1890
Derek Murray
p. 156–188
RésuméEN :
In the 1850s, the government of Canada West initiated a project to colonize a vast “waste land” known as the Ottawa-Huron Tract. Resettlement was encouraged through the building of a network of colonization roads and the offer of free grant lots along the roads. In the backwoods, where topography defied the logic of the grid, the placement and maintenance of roads was crucial, not only for convenience, but for survival. Analysing the process whereby settlers and the state negotiated road construction projects, this article reveals an emerging local democratic culture in which frustration with bureaucracy often meant more to community formation than did social status, religion, or ethnicity. In a series of letters and petitions sent to the colonization roads administration from 1863 to 1888, residents of Brudenell, Ontario, articulated a vision of resettlement in which the state played a supporting rather than determining role. While much has been written about the failure of intensive commercial agriculture on the Precambrian Shield, settlers succeeded in building communities and, sometimes, in channelling government resources toward local initiatives.
FR :
Dans les années 1850, les députés du Canada-Ouest ont lancé un projet visant à coloniser de vastes terres en friches connues sous le nom d’Ottawa-Huron Tract. Le gouvernement a encouragé le repeuplement en construisant un réseau de chemins de colonisation et en octroyant des terres gratuitement le long des routes. Dans la région inexploitée, où la topographie défiait la logique du réseau, le tracé et l’entretien des chemins étaient cruciaux, non seulement pour des raisons pratiques, mais aussi pour la survie. En analysant le processus par lequel les colons et le gouvernement ont négocié les modalités des projets de construction des chemins, le présent article révèle une culture démocratique locale émergente dans laquelle la frustration à l’égard de la bureaucratie avait souvent plus d’importance pour la formation d’une collectivité que le statut social, la religion ou l’origine ethnique. Dans une série de lettres et de pétitions envoyées au service responsable des chemins de colonisation de 1863 à 1888, les résidents de Brudenell (Ontario) ont proposé une vision du repeuplement dans laquelle l’État jouerait un rôle de soutien plutôt qu’un rôle déterminant. Même si l’échec de l’agriculture commerciale intensive sur le bouclier précambrien a déjà fait couler beaucoup d’encre, le présent article fait ressortir les façons dont les colons ont réussi à constituer des collectivités et, parfois, à canaliser les ressources gouvernementales vers des initiatives locales.
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Mad Flight? The Montréal Migration of 1896 to Brazil
John Zucchi
p. 189–217
RésuméEN :
On 15 September 1896, 481 passengers left Montreal on the steamer Moravia, bound for the coffee plantations of São Paulo, Brazil. They had been enticed to migrate by offers of free passage, lodging and tools, and this at a time of high unemployment due to the economic crisis of the mid 1890s. The migrants ended up destitute, some of them begging in the streets of São Paulo. The British consular representatives helped the Canadian government to send back many of them, and most returned to Canada within eighteen months. This paper tries to understand why some people migrate as it were, on impulse, despite the warnings of neighbours and officials, and undertake a journey that to the eyes of others will end up in failure. It argues that the disposition of these individuals to migrate was strengthened by their lack of rootedness in their society and neighbourhoods.
FR :
Le 15 septembre 1896, 481 passagers ont quitté Montréal à bord du paquebot Moravia à destination des caféières de São Paulo, au Brésil. Ils s’étaient laissés convaincre d’immigrer par l’offre de traversée, de logement et d’outils gratuits, et ce, à une époque de chômage élevé à cause de la crise économique du milieu des années 1890. Les migrants ont fini dans la misère, certains à quêter dans les rues de São Paulo. Les représentants du consulat britannique ont aidé le gouvernement du Canada à en rapatrier un bon nombre et la plupart sont revenus au Canada dans les dix-huit mois. Le présent article tente de comprendre pourquoi certaines personnes décident de migrer sur un coup de tête, semble-t-il, malgré les avertissements des voisins et des autorités, et d’entreprendre un périple qui, aux yeux des autres, est voué à l’échec. Il avance que la disposition de ces personnes à migrer était renforcée par leur absence d’enracinement dans la société et leur quartier.
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Living with Disputes: Zhang Gang Diary (1888–1942) and the Life of a Community Mediator in Late Qing and Republican China
Weiting Guo
p. 218–262
RésuméEN :
Using a newly available personal journal, Zhang Gang Diary (1888–1942), this study explores an understudied area of Chinese legal history: the everyday practice of community mediators in the late Qing and Republican eras. The records of the Zhang Gang Diary reveal how social, political, and judicial transformations impacted the practice of local mediation during a period of significant political and cultural change. The community mediator of this generation had increasingly limited room for mediation. However, as the diary reveals, community mediators also swiftly adapted to the new changes. Through a close reading of the life history of one village mediator, this paper examines a relatively low-status gentleman’s strategy for survival and how he responded to the grand societal and political transformations of late Qing and Republican China.
FR :
À partir d’un journal intime accessible depuis peu, le Zhang Gang Diary (1888–1942), la présente étude analyse un domaine méconnu de l’histoire du droit de la Chine : la médiation communautaire de tous les jours aux époques de la fin de la dynastie Qing et de la République. Les entrées du journal de Zhang Gang mettent au jour l’incidence des transformations sociales, politiques et judiciaires sur la pratique de la médiation à l’échelle locale à une période de grands changements politiques et culturels. Les médiateurs de cette génération avaient de moins en moins les coudées franches. Toutefois, comme le journal le révèle, les médiateurs communautaires se sont aussi adaptés rapidement aux nouveaux changements. Cet article, qui présente une lecture attentive de la vie du médiateur d’un village, examine la stratégie d’un homme de condition sociale plutôt modeste pour survivre et s’adapter aux profondes transformations sociétales et politiques de la Chine à fin de la dynastie Qing et pendant la République.
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Canada’s Invisible Nationality Policy: Creating Ethnicity, Managing Populations, Imagining a Nation
Evgeny Efremkin
p. 263–310
RésuméEN :
This article explores the process of national identity construction at Canadian borders in the 1930s. Based on the examination of customs declaration forms (transatlantic ship manifests) of arriving passengers at the port of Quebec in the first half of the 1930s, as well as Royal Canadian Mountain Police (RCMP) files, I suggest that the Canadian bureaucracy, informed by social Darwinist views of race and ethnicity, and the Anglophone bourgeois concern over modernization brought upon by the forces of industrialization and urbanization, developed an elaborate system of categorization of Canada’s population according to prescribed criteria of ethnicity, nationality, and race. Utilizing critical discourse analysis, I argue that in efforts to “know” and control its growing population, the Canadian state developed a rigid, albeit an invisible nationality policy. Although there was never an official nationality policy in place in Canada in the 1930s, public officials, the media, and security agencies not only operated with an acute awareness of national and ethno-racial differences in the society, but also worked to reinforce such divisions in attempts to maintain the social order and the cultural, social, and economic status quo. In this work, I imply that border officials were directly responsible for constructing specific representations of Canada’s ethnic populations, all within the context of an impending need to control the population of a rapidly modernizing society, where the Canadian community had to be made “knowable,” familiar, and recognizable in the official discourse.
FR :
Le présent article se penche sur le processus de construction de l’identité nationale aux frontières du Canada dans les années 1930. À partir de l’examen des formulaires de déclaration douanière (manifestes) des passagers arrivant d’outre-Atlantique au port de Québec dans la première moitié des années 1930 ainsi que des dossiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), j’avance que la bureaucratie canadienne, guidée par des vues darwiniennes de race et d’ethnicité, et les craintes des bourgeois anglophones à l’égard de la modernisation attisées par les forces de l’industrialisation et de l’urbanisation ont conduit à un système complexe de catégorisation de la population canadienne selon des critères établis d’ethnicité, de nationalité et de race. En me fondant sur une méthode d’analyse critique du discours, j’affirme que pour « connaître » et contenir sa population croissante, l’État canadien a élaboré une politique de nationalité rigide, bien qu’invisible. Même s’il n’y avait pas de politique officielle sur la nationalité au Canada dans les années 1930, les fonctionnaires, les médias et les agences de sécurité fonctionnaient dans un mode non seulement très sensible aux différences d’origine nationale et ethnoraciale de la société, mais travaillaient en plus à amplifier ces divisions dans le but de maintenir l’ordre social ainsi que le statu quo sur les plans culturel, social et économique. Dans cet article, je prétends que les autorités frontalières étaient directement responsables de l’élaboration de représentations précises des populations ethniques du Canada, tout cela dans le contexte d’un besoin impérieux d’avoir prise sur la population d’une société qui se modernisait rapidement, où les communautés canadiennes devaient être « connaissables », connues et reconnaissables dans le discours officiel.
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“No other weapon except organization”: The Métis Association of Alberta and the 1938 Metis Population Betterment Act
Nicole C. O’Byrne
p. 311–352
RésuméEN :
In the 1930s, the Métis Association of Alberta (MAA) successfully lobbied the provincial government to establish a royal commission to inquire into the socio-economic conditions affecting the Métis living in Alberta. The MAA strongly advocated that land be set aside so that the Métis could continue to pursue their traditional economic livelihoods of hunting, trapping, and fishing. Following the recommendation of the Ewing Commission, the provincial government passed the 1938 Metis Population Betterment Act, which provided for Métis land settlements. These lands represent the first time in Canadian history that a provincial government set aside land in response to Métis claims. The MAA and provincial government both agreed on the land grant, but for different reasons. The Métis were motivated by historical claims to redress failed government policies such as the Métis scrip program and to protect land rights from the further incursion of non-Aboriginal settlement. By contrast, the provincial government saw the land grant as an expedient and inexpensive way to distribute relief to one of the province’s poorest populations. This paper illuminates the Alberta government’s response to the political lobbying efforts of the MAA in the 1930s to address the question of why Alberta was the first (and only) Canadian province to set aside Métis land settlements.
FR :
Dans les années 1930, l’Association des métis de l’Alberta (AMA) a réussi à convaincre le gouvernement provincial de former une commission royale d’enquête sur les conditions socioéconomiques affectant les Métis de la province. L’AMA a demandé que des terres soient mises de côté pour que les Métis puissent continuer à assurer leur subsistance par des moyens traditionnels comme la chasse, la trappe et la pêche. Suivant les recommandations de la commission Ewing, le gouvernement provincial a adopté la Metis Population Betterment Act de 1938, qui accordait des terres pour l’établissement des Métis. Pour la première fois dans l’histoire du Canada, un gouvernement provincial concédait des terres en réponse à des demandes métisses. L’AMA et le gouvernement provincial ont tous deux convenu de l’octroi de terres, mais pour des raisons différentes. Les Métis souhaitaient obtenir réparation pour les politiques du gouvernement qui se sont soldées par des échecs, comme le programme des certificats de concession de terre (scrips), et protéger leurs droits territoriaux contre l’incursion d’autres peuplements non autochtones. En revanche, le gouvernement provincial estimait que l’octroi de ces terres constituait un moyen opportun et peu coûteux de distribuer une aide à l’une des populations les plus pauvres de la province. Le présent article se penche sur la réaction du gouvernement albertain à la campagne de lobbying menée par l’AMA dans les années 1930 et examine pourquoi l’Alberta a été la première (et la seule) province canadienne à mettre de côté des terres pour les Métis.
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Visions of Friendship and Equality: Representations of African Women in Missionary Propaganda in Interwar Britain
Rebecca C. Hughes
p. 353–385
RésuméEN :
During the interwar years, British evangelical women began to promote African women as worthy of friendship and equality. These representations differed not only from Victorian images of African women, but also those popularized by interwar secular writers. This article argues that the two most prolific female missionary writers of the interwar period, Mabel Shaw and Cicely Hooper, promoted these positive images while working as educators of African women. As feminists, these evangelicals valued African women, and as adherents of fulfillment theology popularized in ecumenical missionary discourse, they admired features of African culture that they believed were divinely inspired. By the late 1920s, these missionary women generated even more favourable images of African women, as they feared Western materialism was disintegrating African home life. Thus, this article demonstrates the liminal position of missionary women tethered to audiences in Britain, Africa, and the growing ecumenical Church. It also points to the importance of the interwar years as a key period in which ideas about race, gender, and culture were being reworked. While these missionary women did not erase boundaries of difference between themselves and African women, they invited Britons to join them in building cross-cultural, cross-racial friendships.
FR :
Pendant l’entre-deux-guerres, des femmes évangélistes du Royaume-Uni ont commencé à défendre l’idée que les femmes d’Afrique étaient dignes d’amitié et d’égalité. Ces images de l’Africaine différaient non seulement de celles que nous avait léguées l’époque victorienne, mais aussi de celles que les auteurs laïques de l’entre-deux-guerres avaient répandues. Le présent article soutient que les deux missionnaires-écrivaines les plus prolifiques de l’entre-deux-guerres, Mabel Shaw et Cicely Hooper, ont présenté ces images positives tout en oeuvrant comme éducatrices auprès des Africaines. En tant que féministes, ces évangélistes appréciaient les Africaines et à titre d’adeptes de la théologie de l’accomplissement, vulgarisée dans le discours oecuménique des missionnaires, elles admiraient des traits de la culture africaine qu’elles estimaient divinement inspirés. Vers la fin des années 1920, ces femmes missionnaires ont propagé encore plus d’images favorables des Africaines à un moment où elles craignaient que le matérialisme occidental ne détruise la vie de famille africaine. Ainsi, le présent article illustre la position intermédiaire des femmes missionnaires qui étaient liées aux auditoires du Royaume-Uni, d’Afrique et du mouvement oecuménique grandissant. Il attire également l’attention sur l’importance de l’entre-deux-guerres, une période clé pendant laquelle les idées sur la race, le sexe et la culture étaient en pleine évolution. Bien que ces femmes missionnaires n’aient pas supprimé la distance qui les sépare des Africaines, elles ont invité les Britanniques à s’unir à elles pour établir des relations d’amitié interculturelles et interraciales.
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African Canadian Anti-Discrimination Activism and the Transnational Civil Rights Movement, 1945–1965
Rosanne Waters
p. 386–424
RésuméEN :
Several recent historical works have challenged interpretations of the civil rights movement in the United States as a strictly domestic story by considering its connections to anti-racist struggles around the world. Adding a Canadian dimension to this approach, this article considers linkages between African Canadian anti-discrimination activism in the 1950s and early 1960s and African American civil rights organizing. It argues that Canadian anti-discrimination activists were interested in and influenced by the American movement. They followed American civil rights campaigns, adapted relevant ideas, and leveraged the prominent American example when pressing for change in their own country. African Canadian activists and organizations also impacted the American movement through financial and moral support. This article contributes to the study of African Canadian history, Canadian human rights history, and the American civil rights movement by emphasizing the local origins of anti-discrimination activism in Canada, while also arguing that such efforts are best understood when contextualized within a broader period of intensive global anti-racist activism that transcended national borders.
FR :
Plusieurs travaux récents en histoire ayant examiné les luttes contre le racisme menées aux quatre coins du monde ont mis en doute les interprétations voulant que le mouvement pour la défense des droits civils aux États-Unis ne soit qu’une affaire locale. Le présent article ajoute une perspective canadienne à ce débat et s’attarde aux liens entre la lutte contre la discrimination à l’égard des Afro-Canadiens dans les années 1950 et au début des années 1960 et les mouvements en faveur des droits des Afro-Américains. L’auteure avance que les activistes canadiens s’intéressaient au mouvement américain et ont été influencés par celui-ci. Ils ont suivi les campagnes de défense des droits aux États-Unis, en ont adapté les idées pertinentes et ont mis à contribution l’exemple américain quand ils ont exercé des pressions pour obtenir des changements dans leur propre pays. Les activistes et organismes pour les droits afro-canadiens ont aussi eu une influence sur le mouvement américain en lui accordant un soutien financier et moral. Cet article s’inscrit dans l’étude de l’histoire des Afro-Canadiens, l’histoire des droits des Canadiens et celle des droits civils américains. Il fait ressortir les origines locales de la lutte contre la discrimination au Canada, mais replace aussi ces efforts dans un vaste contexte d’activisme intense à l’échelle mondiale qui débordait les frontières nationales.
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The Whale and the Region: Orca Capture and Environmentalism in the New Pacific Northwest
Jason Colby
p. 425–454
RésuméEN :
Although the orca is today widely recognized as a cultural and ecological icon of the Pacific Northwest, historians have ignored the impact of killer whale capture on the development of the region’s environmental values and identity. Between 1964 and 1976, the waters in southern British Columbia and Washington State were the world’s principal source of captive killer whales. The display of orcas by the region’s aquariums transformed human perceptions of this marine predator, and soon aquariums around the world were placing orders for Pacific Northwest killer whales. Yet the expanding capture and export of orcas in the late 1960s and early 1970s raised troubling ecological and moral questions for the region’s human residents. In the context of shifting attitudes toward cetaceans and rising environmental awareness throughout North America, Pacific Northwesters on both sides of the border increasingly viewed orcas as symbols of their region’s shared ecological concerns. The transnational nature of the region’s killer whale pods helped spur not only ecological reflection but also transborder cooperation among activists, scientists, and government officials to study and eventually protect the species. In the process, the shifting human relations with orcas helped redefine the Pacific Northwest.
FR :
Bien que l’épaulard soit aujourd’hui largement reconnu comme l’emblème culturel et écologique du Pacifique Nord-Ouest, les historiens ont négligé l’incidence de la capture de ce mammifère sur le développement des valeurs environnementales et l’identité de cette région. De 1964 à 1976, les eaux du sud de la Colombie-Britannique et de l’État de Washington étaient la principale source d’épaulards en captivité dans le monde. La présentation d’épaulards dans les aquariums de la région a changé le regard que portaient les humains sur ce prédateur marin, ce qui fait qu’en peu de temps les aquariums du monde se sont mis à en commander. Or, la capture et l’exportation croissantes de cet animal, à la fin des années 1960 et au début des années 1970, a soulevé des questions écologiques et morales troublantes chez les résidents de la région. Vu le changement de mentalité à l’égard des cétacés et la sensibilisation croissante à l’écologie dans toute l’Amérique du Nord, les habitants du Pacifique Nord-Ouest des deux côtés de la frontière se sont mis à voir de plus en plus l’épaulard comme un symbole des préoccupations environnementales de leur région. La nature transnationale des troupeaux d’épaulards de cette région a permis de susciter non seulement une réflexion sur l’écologie, mais aussi la collaboration transfrontalière des activistes, des scientifiques et des représentants du gouvernement pour étudier et finalement protéger cette espèce. Ce faisant, les relations entretenues par les humains avec les épaulards ont contribué à redéfinir le Pacifique Nord-Ouest.