Résumés
Résumé
L’auteur rappelle tout d’abord quelques-unes des manifestations publiques de l’engouement pour l’oeuvre de Lévi-Strauss, des Tristes Tropiques à aujourd’hui, y compris le témoignage inattendu d’un garagiste. Adoptant une position résolument critique par rapport à l’entreprise structuraliste dont l’anthropologue s’est fait le porte-drapeau, il essaie d’expliquer le succès de Lévi-Strauss par les propriétés esthétiques de sa pensée. S’inspirant pour cela d’une observation de Jean Molino, il rappelle que les catégories de l’entièreté, de l’harmonie et de l’éclat se rencontrent aussi bien chez les philosophes platoniciens et néo-platoniciens que chez un esthéticien américain contemporain. Cette permanence dans le temps peut faire penser que l’on tient là quelques-unes des familles universelles qui regroupent les critères du Beau. Il montre alors qu’elles peuvent rendre compte aussi bien du mode de pensée lévi-straussien que de l’oeuvre de Richard Wagner, ce qui permet d’expliquer, du même coup, la fascination de Lévi-Strauss pour ce compositeur.
Abstract
The author first recalls some of the public expressions of enthusiasm for the work of Lévi-Strauss, from Tristes Tropiques to today, including the unexpected opinions of a mechanic. Taking a strongly critical position toward the structuralist project for which the anthropologist has become the standard bearer, the author tries to explain the success of Lévi-Strauss through the aesthetic properties of his thinking. Drawing on an observation by John Molino to this end, he recalls that the categories of wholeness, harmony and radiance are found as equally among Platonists and Neoplatonists as among a contemporary American aesthetician. This permanence in time may suggest that there are some universal categories that incorporate the requisites of the beautiful. The author then shows that these can explain both levi-straussian thought and the works of Richard Wagner, which helps explain, at the same time, the fascination of Lévi-Strauss for this composer.
Veuillez télécharger l’article en PDF pour le lire.
Télécharger
Parties annexes
Note biographique
Jean-Jacques Nattiez, professeur titulaire de musicologie à la Faculté de musique de l’Université de Montréal depuis 1972, est titulaire d’un doctorat sur la sémiologie musicale de l’Université de Paris VIII-Vincennes (1973).
Considéré comme pionnier de la sémiologie musicale, il a publié Fondements d’une sémiologie de la musique, Musicologie générale et sémiologie, De la sémiologie à la musique et Le combat de Chronos et d’Orphée. Il a appliqué ses concepts sémiologiques à divers sujets : les oeuvres de Wagner (Tétralogies ; Wagner androgyne ; Les esquisses de Richard Wagner pour Siegfried’s Tod) ; la pensée musicale de Pierre Boulez (préfaces et articles) ; la musique des Inuit (Canada), des Aïnou (Japon), des Baganda (Ouganda) et des Indiens Nahuas (Mexique) (disques et nombreuses études) ; les relations entre musique et littérature (Proust musicien). Il est également l’auteur d’un roman (Opera) et d’une autobiographie intellectuelle (La musique, la recherche et la vie). Il prépare actuellement un Traité de musicologie générale et un essai sur Wagner antisémite.
Dans le domaine de la musique du XXe siècle, il a publié plusieurs volumes des écrits de Pierre Boulez (Points de repère, I-Imaginer ; Regards sur autrui (Points de repère II) ; Leçons de musique (Points de repère III). Il a réalisé une édition critique de sa correspondance avec John Cage. Il a été le rédacteur en chef de la revue CIRCUIT, « revue nord-américaine de musique du XXe siècle », de 1990 à 1998, qui a accueilli les écrits de Claude Vivier (volume II, 1991). Il a été le directeur général d’une Encyclopédie de la musique en cinq volumes publiée entre 2001 et 2005, en italien, chez Einaudi et de 2003 à 2007, en français, chez Actes Sud, sous le titre général : Musiques. Une Encyclopédie pour le XXIe siècle.
Il a reçu en novembre 2009 la Médaille d’or du Conseil de Recherches en Sciences Humaines du Canada pour l’ensemble de ses réalisations en recherche.
Bibliographie
- Beardsley, Monroe C. 1958. Aesthetics. New York : Harcourt Brace.
- Boudon, Raymond. 1968. À quoi sert la notion de « structure » ? Essai sur la signification de la notion de structure dans les sciences humaines. Paris : Gallimard.
- Gardin, Jean-Claude. 1974. Les analyses de discours. Neuchâtel : Delachaux et Niestlé.
- Gardin, Jean-Claude. 1979. Une archéologie théorique. Paris : Hachette.
- Gilson, Étienne. 1963. Introduction aux arts du beau. Paris : Vrin.
- Lévi-Strauss, Claude. 1955. « The Structural Study of Myth », in « Myth, a Symposium », Journal of American Folklore, 78, no 270 (oct.–déc.) : 248–244. Version française révisée : « La structure des mythes », Anthropologie structurale. Paris : Plon, 428–444.
- Lévi-Strauss, Claude. 1964. Mythologiques, Le cru et le cuit. Paris : Plon.
- Molino, Jean. 2009. Le singe musicien. Essais de sémiologie et d’anthropologie de la musique. Arles : Actes Sud / Ina.
- Nattiez, Jean-Jacques. 1999. La musique, la recherche et la vie. Un dialogue et quelques dérives. Montréal : Leméac.
- Nattiez, Jean-Jacques. 2008. Lévi-Strauss musicien. Essai sur la tentation homologique. Arles : Actes Sud.