Résumés
Résumé
Dans les deux domaines de l’activité créatrice de Iannis Xenakis que sont la musique et l’architecture, on peut constater parfois la présence de principes identiques. Se pose alors la question de la nature des liens entre les deux champs : s’agit-il d’une pure ubiquité poïétique ou bien plutôt du transfert d’un concept propre à l’un des domaines vers un autre auquel il est extrinsèque et donc facteur d’innovation ? L’étude des rapports entre les deux oeuvres contemporaines que sont Metastasis et le Couvent de la Tourette permet d’y dégager deux principes y apparaissant de manière ubiquitaire : l’utilisation de permutations et l’élaboration d’un système d’organisation proportionnelle des durées et des dimensions spatiales. En revanche, les glissandi de Metastasis et les paraboloïdes hyperboliques du Pavillon Philips qui témoignent de l’intérêt de Xenakis pour les phénomènes de continuité, répondent à un principe de transfert qui induit des écarts perceptuels non négligeables d’un domaine à l’autre. Ultérieurement, Xenakis en viendra à travailler conjointement dans les dimensions spatiale et temporelle avec la « cinématique sonore » qu’il développa à la fois dans sa production électroacoustique et instrumentale des années soixante et soixante-dix. Dans Persephassa et Windungen qui en constituent des exemples emblématiques, la vitesse de déplacement du son dans l’espace apparaît comme un nouveau paramètre compositionnel.
Abstract
In both fields of his creative activity, music and architecture, Iannis Xenakis appears to have used sometimes identical concepts. The purpose of this paper is to inquire into the way Xenakis elaborated links between both areas: is it a pure ubiquity of the same poietical principle or rather a transfer of a genuine concept of a field to another where it is heterogeneous and totally new? Studying the connections of contemporary works as Metastasis and Couvent de la Tourette, two main principles appear as ubiquitous in both works: the use of permutations and the construction of a proportional system in spatial and temporal dimensions. On the other hand, Metastasis’ glissandi and the PhilipsPavilion’s hyperbolic paraboloids, which show up Xenakis’ interest for continuous phenomena, are a matter of transfer and present noticeable perceptual differences from a field to another. Xenakis finally melted both spatial and temporal dimensions in the « sound cinematic » he elaborated in either electroacoustical and instrumental music in the sixties and seventies. In Persephassa and Windungen, emblematic examples of this cinematic, sound speed in space appears as a new compositional parameter.
Parties annexes
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