Éditorial

Le repreneuriat : une voie entrepreneuriale forte ![Notice]

  • Louise Cadieux et
  • Pierre Gratton

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  • Louise Cadieux
    DBA, professeure retraitée, département de management, École de gestion, Université du Québec à Trois-Rivières

  • Pierre Gratton
    DBA, chargé de cours, département de management, École de gestion, Université du Québec à Trois-Rivières

Précurseure, en 2009, la Revue internationale PME consacrait un numéro spécial sur le thème du repreneuriat. Depuis, les efforts de chercheurs provenant de divers horizons permettent de mieux circonscrire ce champ de recherche. La carrière repreneuriale (Cadieux, Gratton et St-Jean, 2014 ; Tremblay et Gasse, 2015), l’arrimage des profils stratégiques du repreneur et de la PME (Drainville, 2016), la négociation repreneuriale (Gratton, 2018 ; Lamarque, 2018), le repreneuriat en équipe (Cisneros, Beaucage et Veilleux, 2019), l’accompagnement repreneurial (Boumedjaoud et Messeghem, 2020 ; Cisneros et Deschamps, 2016 ; Geindre, Deschamps et Fatien, 2014 ; Thévenard-Puthod, Picard et Chollet, 2014), le repreneuriat collectif (Four, Corbin-Charland, Lavoie et Desjardins, 2019 ; Guillotte, Merrien, Charbonneau et Fouquet, 2021), la responsabilité sociale en contexte de reprise (Mazari, 2018), l’audit social en préacquisition (Boussaguet et André, 2022) sont des illustrations de sujets explorés. Certains chercheurs ont aussi tenté de mieux circonscrire le concept de transfert d’entreprise et le vocabulaire y étant associé (Aubry et Wolff, 2016 ; Cadieux, Lecorne, Gratton et Grenier, 2020 ; Deschamps, 2018). C’est dans cette lancée, qu’en 2022, paraissait le premier ouvrage académique rassemblant des textes incluant un éventail de problématiques liées au repreneuriat sous toutes ses formes (Deschamps, Missonnier, Thévenard-Puthod, Robic et Barbelivien, 2022). Le repreneuriat demeure un sujet largement discuté par les membres des communautés scientifique et professionnelle. Au cours des toutes dernières années, plusieurs encouragent le dynamisme d’une culture entrepreneuriale dans l’écosystème économique et social des pays aux prises avec la croissance du vieillissement des propriétaires-dirigeants de PME, mais aussi avec celle des nouveaux entrepreneurs souhaitant reprendre une PME pour amorcer leur carrière entrepreneuriale (Cadieux et al., 2020 ; Cadieux, 2024 ; Cisneros, Marchand et Mejia, 2023 ; St-Jean et Duhamel, 2023). À ce sujet, les résultats d’une étude menée en 2019 par Duhamel, Cadieux, Brouard et Laurin montrent qu’en 2017, les intentions de transferts des propriétaires-dirigeants de PME canadiennes avaient bondi de 3,5 % sur un horizon temporel de cinq ans. Plus récemment, les résultats d’une large enquête lancée par la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (2022) révélaient que près des trois quarts des chefs de PME prévoient de prendre leur retraite avant 2032. Outre la vague causée par la démographie vieillissante des propriétaires-dirigeants de PME, d’autres facteurs pourraient contribuer à l’engouement croissant autour du repreneuriat. L’épuisement professionnel et personnel des chefs dans un contexte de pandémie, le trop grand nombre d’années passées à la barre de leur PME, la trop petite taille de l’entreprise exigent de consacrer beaucoup de temps à des activités avec lesquelles ils ont peu ou pas d’affinité. Le cycle de vie du secteur industriel dans lequel évolue la PME en est un exemple (Duhamel, Cadieux et Brouard, 2021 ; Hill, 2023 ; St-Jean et Duhamel, 2023). L’augmentation des intentions des propriétaires-dirigeants à la tête de PME en bonne santé (Duhamel, Cadieux et Brouard, 2021) encourage les aspirants entrepreneurs à emprunter la voie du repreneuriat, ce qu’ils font pour des raisons personnelles et professionnelles qui se distinguent de celles des créateurs. Comparés à ces derniers, les repreneurs sont plus scolarisés et plus expérimentés professionnellement (Raymond, Cadieux et St-Pierre, 2012). Leur âge moyen se situant dans la mi-quarantaine (Boumedjaoud, Cloutier et Messenghem, 2020, Cadieux et al., 2020 ; Cisneros, Marchand et Mejia, 2023), il est possible d’émettre l’hypothèse que ceux-ci seraient à un tournant de leur vie favorisant une aventure professionnelle plus stimulante en termes d’accomplissement. Or, malgré les ressources dont ils disposent, plus d’un repreneur sur cinq affirme avoir tenté l’expérience sans que le processus aboutisse (Cisneros, Marchand et Mejia, 2023), ce qui peut s’expliquer par leur méconnaissance du …

Parties annexes