Cet ouvrage porte sur un sujet devenu incontournable au fil des ans, soit la question du développement durable et de l’engagement des entreprises, notamment des PME, dans ce qu’on peut aussi appeler la soutenabilité. Précisons dès le départ que l’auteur centre son analyse sur l’un des acteurs majeurs de ce défi, l’entrepreneur, tout en comprenant que son action n’est pas indépendante du contexte dans lequel son entreprise évolue. Puisqu’on sait que toute initiative de la plupart des petites entreprises ne peut se faire qu’avec l’accord et l’appui du milieu ou de la collectivité qui les entoure. Ce dernier, toutefois, ne manque pas de souligner la complexité du phénomène, complexité qui tient aux interdépendances entre l’économique, le social et l’environnemental. Les sept chapitres sont répartis en trois sections, soit une discussion sur les fondements théoriques de ce besoin de prendre parti pour un entrepreneuriat soutenable (chapitres 1 à 4), ensuite une application, notamment en recourant à des exemples en économie du Sud (chapitres 5 et 6), et enfin la question du comment former plus d’entrepreneurs ainsi responsables (chapitre 7). Le premier chapitre met le menu en précisant d’abord le concept à l’origine de cette notion d’entrepreneuriat soutenable, soit l’éthique. Puisque la théorie économique traditionnelle explique que le seul objectif de tout entrepreneur serait de faire de l’argent ; les façons plus ou moins différentes d’atteindre cet objectif ne relevant que des moyens. En ajoutant que tant l’entrepreneur que le marché ou les demandeurs agissent rationnellement et en fonction de leurs seuls intérêts. Ce qui veut dire que même l’éthique ne relèverait que d’un calcul payant, par exemple si les clients souhaiteraient plus de respect pour l’environnement. Évidemment, il y a bien d’autres façons de voir la réalité en comprenant que tout individu est en même temps un être social et que sa rationalité relève de son histoire et de son éducation et, ainsi des influences de tous ceux qui l’entourent, comme l’explique Habermas (1987). Reconnaissant qu’ainsi tout entrepreneur a des valeurs, dont certaines font qu’il peut agir de façon désintéressée tout en restant jusqu’à un certain point rationnel. En cela, l’auteur rappelle que ces comportements ouverts au social ne peuvent que s’amplifier à la suite des multiples crises qui ont marqué nos économies dans les dernières décennies. Il utilise pour cela le mot « covilisation » rappelant que les défis des entrepreneurs doivent tenir compte des nouvelles valeurs dans la société. Il explique ainsi que si la notion d’éthique remonte aux Grecs et s’explique par la recherche du mieux vivre dans nos sociétés, en entrepreneuriat, elle s’arrête aux rapports avec les collaborateurs et les autres parties prenantes comme les clients et les fournisseurs, et finalement avec la communauté qui l’entoure. Du côté pratique, cette éthique peut toutefois être superficielle et se limiter à la recherche d’une image, ou encore ne relever que de la recherche d’une meilleure légitimité sinon provenir des convictions religieuses. Elle peut aussi faire partie d’une meilleure recherche d’efficacité en faisant participer ses employés ou en répondant à leurs aspirations. Le chapitre 2, pour sa part, reprend une des questions touchant l’écologie, soit « si les PME auraient plus tendance à rechercher un comportement responsable que les grandes entreprises », en particulier du fait qu’elles seraient plus à taille humaine et donc plus respectueuses des besoins de leurs employés et de leur famille et, finalement de leur communauté. À ce propos, les analyses, posant par ailleurs des problèmes de définition et de qualité des enquêtes, seraient contradictoires. Certaines études considèrent que les grandes entreprises, généralement obligées de répondre aux normes administratives et aux pressions concurrentielles, seraient plus respectueuses …
Parties annexes
Références
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