Innover en région éloignée des milieux métropolitains, oui c’est possible. C’est ce que démontre un collectif d’auteurs appartenant au Groupe de recherche interdisciplinaire de l’est du Québec (Rimouski) et au Centre de recherche en développement territorial du réseau de l’Université du Québec. L’encadrement offert à des PME reliées au secteur bioalimentaire sert ici d’appui aux thèses étayées dans cet ouvrage. J’ai souvent cité R. Leigeggener qui a écrit que l’on ne peut innover avec n’importe qui, ni n’importe comment et pas n’importe où, en mentionnant que j’étais d’accord avec les deux premières prémisses, mais pas avec la dernière moyennant la satisfaction de certaines conditions. C’est l’objet du présent volume. Ses responsables, tous deux professeurs à l’Université du Québec à Rimouski, auraient pu se référer à une étude de l’INRPME où on compare les taux de l’innovation de la région la plus excentrique du Québec, la Gaspésie, dans le golfe du St-Laurent avec la Montérégie située tout juste au sud de Montréal. En effet, ayant l’agroalimentaire (ressources marines) parmi ses secteurs dominants, la Gaspésie, selon cette étude, a un taux d’innovation quasi similaire à ce que présente la Montérégie. On peut y voir une preuve que les régions métropolitaines n’ont pas le monopole de l’innovation comme le soutient dans le chapitre 2, Richard Shearmur. En introduction, il est fait allusion aux systèmes agroalimentaires localisés que certains auteurs, telle notre amie Colette Fourcade, ont fait connaître sous l’acronyme de SYAL. Sont évoqués ici des lieux de ressources, dont la mise en valeur tout en suscitant une valeur ajoutée fournit une identité (régionale ou de terroir) au produit fabriqué. Oui, on pense à la crevette de Matane, dont tout comme pour les cerises, le temps est bien court. Neuf auteurs ont été invités à répondre à quatre catégories de questions : 1) quelles formes prend l’innovation dans le bioalimentaire, comment peut-on la repérer ? 2) comment les acteurs publics territoriaux parviennent-ils à traduire les programmes de soutien en respectant les spécificités territoriales ? 3) quelles compétences sont requises de la part des agents de développement appelés à encadrer les activités bioalimentaires ? 4) dans quelle mesure les proximités géographiques et organisationnelles compensent-elles les désavantages de l’éloignement des grands centres ? Le premier chapitre, dû à Y. Fournis, professeur à l’UQAR, et à une de ses doctorantes, A. Dumarcher, ne cherche pas à répondre à ce questionnement puisqu’il se veut une synthèse de la documentation se rapportant à l’innovation en régions. En fait, le chapitre soulève une question supplémentaire : assiste-t-on à l’émergence d’une fabrique (sic) territoriale de l’innovation ? Avec raison, les auteurs soulignent les travaux de D. Doloreux (Université d’Ottawa) sur les systèmes régionaux d’innovations, dont certains lecteurs de la RIPME ont pu prendre connaissance en parcourant le JSBE (2008) ou encore Entrepreneurship and Regional Development (2008). C’est le chapitre suivant, dû à Richard Shearmur, professeur à l’Université McGill, qui intéressera au premier plan le lecteur de la RIPME. Ayant été élevé en partie à Londres et à Paris, celui qui fait souvent oeuvre commune avec Doloreux, parle la langue de Shakespeare comme celle de Molière à l’« anglaise » et à la « française ». Comme on le voit souvent dans des ouvrages à multiples mains, Shearmur aurait pu se contenter d’offrir ici un résumé-synthèse de ses publications dans des revues telles que Regional Studies ou Cities. Or, dans le cas présent, à nouveau en collaboration avec Doloreux, l’auteur a sondé les reins de pas moins de 376 entrepreneurs jugés comme étant innovateurs. Pour introduire sa contribution, il évoque le Manuel d’Oslo (oui, le bien connu – OCDE, …
Parties annexes
Références
- OCDE (2005). Manuel d’Oslo. Paris, OCDE.