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Cet ouvrage s’intéresse à la gestion stratégique de l’information pour les PME, qui est décrite comme constituant l’intelligence économique. Quoique la perspective adoptée soit essentiellement française, l’ouvrage prend également appui sur les travaux en Europe et aux États-Unis. Alors que le modèle de l’intelligence économique (IE) en France s’articule généralement autour de trois piliers que sont la veille, l’influence et la sécurité, cet ouvrage est plutôt basé « sur l’aide à la création d’intelligence collective et la décision compétitive » (p. 31).
Étant les principaux moteurs de l’économie, les PME doivent s’intéresser à la gestion stratégique de l’information pour l’innovation et l’exportation. Les entrepreneurs ou dirigeants de tous types d’entreprises représentent le public cible du livre, mais il vise aussi les étudiants en Master et Licence.
L’auteur de l’ouvrage, Christophe Bisson, est enseignant-chercheur en intelligence économique et système d’information stratégique à l’Université de Kadir Has, à Istanbul. Il est aussi membre associé du laboratoire de recherche DICEN-Paris, IDF, en plus d’être consultant. L’ouvrage se divise en trois grands chapitres, en plus d’une introduction, d’une conclusion et d’une bibliographie. Chaque chapitre comprend deux parties et chaque partie comprend entre trois et dix sections. L’organisation de la structure du texte est inutilement compliquée.
Le chapitre I s’articule autour des concepts de la gestion stratégique de l’information et du cadre d’application. La partie A traite des différents types d’information, de la veille, du knowledge management (gestion des connaissances), du marché de l’IE et de la sécurité. La partie B porte sur le cadre d’application en s’intéressant aux acteurs de l’IE, aux différents réseaux de veille, au profil du professionnel de l’IE, au code de déontologie, aux problèmes de développement de l’IE dans les PME, au facteur culturel et à l’introduction des notions de veille dans les normes ISO 9001 et 9004. Ce chapitre intéressera ceux qui souhaitent se familiariser avec le concept d’IE et/ou en approfondir certains aspects. Ce chapitre présente divers tableaux et figures. Il présente un bon nombre de concepts, mais il pourrait y avoir davantage de synthèse, de critiques et de présentation des choix privilégiés par l’auteur.
Le chapitre II s’intitule « La méthodologie et les outils informatiques d’IE ». Dans la partie A, qui traite de la méthodologie de l’IE, il est question du cycle du renseignement, et des méthodes. La partie B porte sur les outils informatiques d’IE, en particulier les données sur Internet, les sources d’informations pour la collecte de renseignements technico-financiers, la recherche d’informations sur les médias sociaux, les outils de veille sur Internet, les différents types de traitement par logiciel et les techniques de diffusion au sein d’outils informatiques.
Le système stratégique de signaux précoces © (3SP) développé par l’auteur comprend une méthode et un logiciel. La méthode 3SP comprend sept étapes portant notamment sur les thèmes critiques, une analyse des changements, une étude de scénarios et l’exploration des implications avant la mise en place (p. 137). Plusieurs écrans du logiciel sont présentés, mais il y a peu de détails. L’auteur suppose qu’un audit des pratiques de veilles existantes est déjà préparé pour utiliser le 3SP, mais ne propose pas d’outils ou de méthodes pour réaliser cet audit ou un diagnostic des pratiques d’IE.
Le chapitre III est une étude de cas concernant la mise en place d’un système d’IE complet au sein d’une PME. La société « TECH » est une PME française de haute technologie, qui conçoit, fabrique, commercialise et installe des lignes de production de circuits imprimés. Il s’agit d’une PME ayant un chiffre d’affaires autour de 20 millions d’euros et 85 employés. Elle exporte 90 % de sa production sur le marché mondial principalement en Europe, en Amérique du Nord et en Asie. La discussion du cas devrait intéresser aussi des PME dans d’autres types d’entreprises et d’autres secteurs d’activité. La partie A s’intéresse à la conception de l’IE chez TECH, en particulier le contexte, la réflexion sur la mise en place de l’IE, la collecte d’informations, le traitement (plutôt que l’analyse ?) de l’information, la diffusion, le stockage, la gestion et la mise en place. La partie B discute de la solution informatique pour accompagner l’IE en France.
L’intérêt de l’ouvrage est de combiner les qualités pédagogiques du professeur et les dimensions pratiques du consultant. Il s’agit d’un compromis qui pourrait plaire/déplaire aux deux groupes. La bibliographie est volumineuse, mais il manque un bon nombre d’études menées, notamment celles provenant du Canada. Le livre propose des exemples concrets de pratiques accessibles aux PME. Même s’il est centré sur la France, l’ouvrage devrait intéresser les lecteurs de l’ensemble de la francophonie. Somme toute, les objectifs poursuivis (même s’ils ne sont pas décrits clairement et explicitement) sont atteints et cet ouvrage est fortement recommandé aux personnes s’intéressant à la fois à la PME et à la gestion stratégique de l’information ou à l’intelligence économique.