Résumés
Résumé
Le repreneuriat familial étant en constante diminution en France, les entreprises sont de plus en plus reprises par des tiers, souvent très éloignés de la structure reprise. Dans ce contexte, deux principaux défis sont à relever. Le premier réside dans la réalisation effective de la transaction. Il faut en effet que cédants et repreneurs se rencontrent et parviennent à se mettre d’accord sur le transfert de l’entreprise. Or, de nombreuses difficultés d’ordre psychologique peuvent perturber, voire empêcher, la réalisation de la transaction. Le second défi est celui de la pérennisation des structures reprises. La signature d’un acte de vente entre un cédant et un repreneur n’est pas un indicateur de réussite de l’opération, la survie des entreprises reprises demeurant précaire. Les repreneurs peuvent notamment avoir du mal à prendre en main la nouvelle structure et à trouver leur place auprès des différentes parties prenantes, internes et externes, de l’entreprise.
Cet article propose d’expliquer une partie des échecs des reprises externes (c’est-à-dire l’absence de transaction ou l’échec post-reprise), en mettant en avant les facteurs subjectifs qui influencent le processus. Dans une perspective sociocognitive des organisations, il se fonde sur le concept de représentation sociale qui autorise la prise en compte de l’ensemble des acteurs concernés par la reprise (cédant et repreneur, certes, mais aussi salariés et parties prenantes externes) et qui permet d’éclairer les blocages pouvant se produire à toutes les phases du processus (tant en amont qu’en aval). Pour assurer la réussite d’une reprise externe, il est en effet nécessaire que les différents acteurs prennent conscience de l’existence éventuelle d’un écart de représentation (sur l’entreprise à reprendre, les compétences à posséder, le mode de management requis…), et ce, le plus en amont possible du processus. Les acteurs doivent ensuite être en mesure de faire évoluer leurs représentations afin de réduire cet écart qui peut se révéler paralysant.
Mots-clés :
- Reprise externe,
- Difficultés de la reprise,
- Représentations sociales,
- Approches sociocognitives,
- Accompagnement,
- Aspirations
Abstract
Family successions are in continuous decline in France. In the contrary, companies are increasingly taken over by external buyers. In this context, two main challenges are at stake. The first is the realization of the transaction. Buyers and sellers have to meet and agree on the transfer of the business. However, many psychological problems can disrupt or prevent the completion of the transaction. The second challenge is the sustainability of the firm acquired. The signing of the sale contract is not an indicator of the success of the operation. The business survival remains precarious. Buyers may have difficulties to take in hand the new structure and to find their place among the various stakeholders of the company, internal and external.
This article proposes to explain some failures of firms transfers (that is to say the lack of transaction or a failure after the transfer), highlighting the subjective factors that influence the process. In a social-cognitive perspective of organizations, we chose to use the concept of social representation which can encompass both all phases of the process (both upstream and downstream) and all actors involved : seller, buyer, employees and external stakeholders. To ensure a successful takeover, it is necessary that the different actors are aware of the possible existence of a representation gap (on the company, on the competences required, on the type of management required…) the earliest possible. Then actors must be in a position to change their representations in order to reduce this gap which can be paralyzing.
Resumen
Las sucesiones familias están en continuo declive en Francia. A contrario, las empresas están más y más compradas por un comprador externo. En este contexto, dos principales desafíos aparecen. Lo primero es la realización de la transacción. Los compradores y los vendedores deben encontrarse y llegar a un acuerdo sobre la transferencia de la empresa. Sin embargo, muchos problemas psicológicos pueden perturbar o impedir la realización de la transacción. El segundo reto es la sostenibilidad de la empresa comprada. La firma de la compraventa no es un indicador de buen funcionamiento, la supervivencia del negocio sigue siendo precaria. Los compradores pueden encontrar dificultades en tomar en sus manos la nueva estructura e integrarse con las distintas partes de la empresa, internos y externos.
En este artículo se propone explicar algunas fallas de las compras externas (es decir, la falta de compromiso o el fracaso posterior a la compra), destacando los factores subjetivos que influyen el proceso. En una perspectiva socio-cognitiva de las organizaciones, se optó por utilizar el concepto de representación social que puede abarcar tanto todas las fases del proceso ya todos los actores : el vendedor, el comprador, los empleados…. Para garantizar una exitosa compra, es necesario que los diferentes actores sean conscientes de la posible existencia de una diferencia de representación (en la empresa transferida, en las facultades requeridas, en el tipo de gestión necesario…) y eso lo más temprano posible. Luego, los actores deben estar en capacidad de cambiar sus representaciones para reducir esta diferencia que puede ser paralizante.
Zusammenfassung
Nachfolgeregelungen innerhalb der Familie sind in Frankreich stark abnehmend. Vermehrt werden Lösungen mit Dritten gefunden, die oft nicht in Beziehung mit der bestehenden Unternehmensführung stehen. Diese Entwicklung ist mit zwei Herausforderungen verbunden. Die erste liegt in der eigentlichen Umsetzung der Nachfolge. Der abtretende Unternehmer und der Nachfolger müssen sich über die Einzelheiten des Transfers einig werden. Zahlreiche Schwierigkeiten, auch psychologischer Natur, können die Lösungsfindung stark erschweren. Das zweite Hindernis ist die erfolgreiche Fortsetzung des Unternehmens. Mit dem Unterzeichnen des Vertrages ist noch keinesfalls der Erfolg gewährleistet. Nachfolger sind bei der Übernahme mit einer Reihe von Schwierigkeiten konfrontiert. Beispielsweise kann es äussert schwierig sein, sich gegenüber den diversen internen und externen Anspruchsgruppen richtig zu positionieren.
Parties annexes
Bibliographie
- Abric, J.C. (1989), « L’étude expérimentale des représentations sociales », dans D. Jodelet (dir.), Les représentations sociales, Paris, Presses universitaires de France.
- Abric, J.C. (1994), Pratiques sociales et représentations, Paris, Presses universitaires de France, coll. « Psychologie sociale »
- Bah, T. (2009), « La transition cédant-repreneur : une approche par la théorie du deuil », Revue française de gestion, no 194, p. 123-148.
- Barach, J.A., J. Ganitsky, J.A. Carson et B.A. Doochin (1988), « Entry of the next generation : strategic challenge for family business », Journal of Small Business Management, vol. 26, p. 49-56.
- Baron, R. (2004), « The cognitive perspective : a valuable tool for answering entrepreneuship’s basic “why” questions », Journal of Business Venturing, vol. 19, no 2, p. 221-239.
- Baumert, H. (1992), Succession dans la PME familiale, Paris, Les Éditions d’Organisation, coll. « PME ».
- Bernard, M.J. et R. Paliard (2009), « La mue nécessaire du repreneur d’entreprise », dans M. Coster (dir.), Entrepreneuriat, Paris, Pearson Education.
- Bornard, F. (2007), La représentation de l’objet entreprise par son créateur : quelles influences sur le processus entrepreneurial ?, Thèse de doctorat en sciences de gestion, Université de Savoie.
- Boussaguet, S. (2007), « Réussir son entrée dans l’entreprise : le processus de socialisation du nouveau dirigeant », Économie et Société, no 16, janvier, p. 145-165.
- Bruneau, J.P. (2002), Psychanalyse et entreprises : création, développement et transmission des PME, Paris, Presses du Management.
- Bruyat, C. (1993), Création d’entreprise : contributions épistémologiques et modélisation, Thèse de doctorat en sciences de gestion, Université Pierre-Mendès-France, Grenoble.
- Busenitz, L. et J. Barney (1997), « Differences between entrepreneurs and managers in large organisations : biases and heuristics in strategic decision-making », Journal of Business Venturing, vol. 12, p. 9-30.
- Capet, M. (1998) « La confiance des salariés dans le patron », Économie et Société, tome 32, nos 8-9, août-septembre, p. 155-168.
- Chaineau, A. (1989), La transmission d’entreprises : enjeux et perspectives, Paris, Presses universitaires de France.
- Cossette, P. (2004), L’organisation : une perspective cognitiviste, Québec, Les Presses de l’Université Laval.
- Couteret, P. (1998), « Gérer les ressources humaines de la petite entreprise par la confiance », Revue internationale PME, vol. 11, nos 2-3, p. 95-111.
- CRCI Rhône-Alpes (2006), « Transregio : transmission d’entreprises dans sept régions européennes. Étude comparative et bonnes pratiques », Étude disponible sur le site <www.rhone-alpes.cci.fr/transregio/Brochure.pdf>.
- Cuzin, R. et A. Fayolle (2004), « Les dimensions structurantes de l’accompagnement en création d’entreprise », La Revue des sciences de gestion, no 210, p. 77-88.
- Dearborn, D.C. et H.A. Simon (1958), « Selective perception : a note on the departmental identifications of executives ? », Sociometry, no 21, p. 140-144.
- Deschamps, B. et R. Paturel (2009), Reprendre une entreprise : de l’intention à l’intégration du repreneur, Paris, Dunod, coll. « Entrepreneurs ».
- Doise, W. (1992), « L’ancrage dans les études sur les représentations sociales ? », Bulletin de Psychologie, vol. 45, no 405, p. 189-195.
- Festinger, L. (1957), A Theory of Cognitive Dissonance, Stanford, Stanford University Press.
- Filion, L.J. et C. Bourion (2008), « Les représentations entrepreneuriales », Revue internationale de Psychosociologie, numéro spécial, vol. 14, no 32.
- Henriet, B. (1999), « La gestion des ressources humaines face aux transformations organisationnelles », Revue française de gestion, juin-août, p. 82-93.
- Jodelet, D. (dir.) (1989), Les représentations sociales, Paris, Presses universitaires de France.
- Julien, P.-A. et M. Marchesnay (1998), La petite entreprise, Paris, Vuibert.
- Kets De Vries, M.F.R. (1985), « The dark side of entrepreneurship », Harvard Business Review, no 63, p. 160-167.
- Kets De Vries, M.F.R. (1986), « Personality, culture and organization », Academy of Management Review, vol. 11, no 2, p. 266-279.
- Lansberg, I. (1999), Succeeding Generations : Realizing the Dream of Families in Business, Boston, Mass., Harvard Business School Press, 379 p.
- Lauriol, J. (1998), La décision stratégique en action, une perspective socio-cognitive, Paris, L’Harmattan.
- Lecointre, G. (2008), La transmission d’entreprise en pratique, Paris, Gualino éditeur.
- Lehman, P.J. (1993), « Le financement de la transmission des PME », Revue française de gestion, no 95, septembre-octobre, p. 116-121.
- Mahé de Boislandelle, H. (1998), Gestion des ressources humaines dans les PME, Paris, Economica.
- Marshall, J.P., R. Sorenson, K. Brigham, E. Wieling, A. Reifman et R.S. Wampler (2006), « The paradox of the family firm CEO : owner age relationship to succession-related processes and plans », Journal of Business Venturing, vol. 21, p. 348-368.
- Meier, O (2002), « Problèmes de succession dans les PME familiales : freins et résistance culturelle », Gestion 2000, no 4, juillet-août, p. 109-126.
- Mouline, J.P. (2000), « Dynamique de la succession managériale dans la PME familiale non cotée », Finance Contrôle Stratégie, vol. 3, no 1, p. 197-222.
- Moscovici, S. (1961), La psychanalyse, son image et son public, Paris, Presses universitaires de France.
- Mounod, E., T. Durand et B. Ramanansoa (1995), « Faut-il abandonner les cartes cognitives pour redécouvrir les représentations sociales ? », IVe Conférence annuelle de l’AIMS, Paris, p. 264-286.
- Muller, J. (1996), « Le sujet et le pouvoir », dans J. Muller (dir.), Le pouvoir dans les organisations : masques et mouvances, Groupe d’études, de recherche et d’intervention, Paris, L’Harmattan, p. 15-69.
- Oaksford, M., F. Moreris, B. Grainger et J.M.G. Wililiams (1996), « Mood, reasoning, and central executive processes », Journal of Experimental Psychology : Learning, Memory, and Cognition, no 22, p. 476-492.
- OSÉO BDPME (2005), La transmission des petites et moyennes entreprises :l’expérience d’Oséo Bdpme, étude no 6203.02, juin.
- Pailot, P. (1999), « Freins psychologiques et transmission d’entreprise : un cadre d’analyse fondé sur la méthode biographique », Revue internationale PME, vol. 12, no 3, p. 9-32.
- Picard, C. et C. Thévenard-Puthod (2004), « La reprise de l’entreprise artisanale : spécificités du processus et conditions de sa réussite », Revue internationale PME, vol. 17, no 2, p. 94-121.
- Picard, C. et C. Thévenard-Puthod (2006), « Confiance et défiance dans la reprise d’entreprises artisanales », Direction et Gestion, revue des sciences de gestion, no 216, mai-juin, p. 99-113.
- Pritchett, P. (1985), After the Merger : Managing the Shockwaves, Homewood, Dow Jones Irwin.
- Sammut, S. (2003), « L’accompagnement de la jeune entreprise », Revue française de gestion, no 144, mai-juillet, p. 153-164.
- Savall, H. et V. Zardet (1995), « Management socioéconomique de l’entreprise ou comment régénérer confiance et performances », dans F. Bidault, P.Y. Gomez et G. Marion (dir.), Confiance, entreprise et société, Paris, Éditions Eska, p. 163-180.
- Torrès, O. (2007), « Approche descriptive de la spécificité de gestion des PME : le mix de proximité », dans L.J. Filion (dir.), Management des PME, Paris, Pearson Education France.
- Vatteville, E. (1994), « Le risque successoral », Revue française de gestion, no 98, mars-mai, p. 18-27.
- Verstraete, T. (2001), « Entrepreneuriat : modélisation du phénomène », Revue de l’Entrepreneuriat, vol. 1, no 1.
- Verstraete, T. (2003), Proposition d’un cadre théorique pour la recherche en entrepreneuriat : PhE = f [ (C x S x P) ⊂ (E x O) ], Paris, Éditions de l’ADREG.
- Weick, K.E. et M.G. Bougon (1986), « Organizations as cognitive maps : charting ways to success and failure », dans H.P. Sims Jr et D.A. Giola (dir.), The Thinking Organization : Dynamics of Organizational Social Cognition, San Francisco, Jossey-Bass, p. 102-135.