![Couverture représentant la thématique La justice écologique au coeur du travail écosocial : construire des connaissances et développer des pratiques à la hauteur des enjeux socioécologiques](/fr/revues/interots/2024-n159-interots09350/coverpage.jpg 135w)
Numéro 155, 2022 Le travail social transnational, décolonial et antiraciste : des pistes pour un renouvellement des pratiques d’intervention, de recherche et d’enseignement Sous la direction de Roxane Caron, Edward Ou Jin Lee et Myriam Richard
Sommaire (16 articles)
Résultats de recherche
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Élargir notre horizon en travail social : saisir l’expérience de personnes réfugiées à travers une perspective transnationale et intersectionnelle
Roxane Caron, Lourdes Rodriguez del Barrio, Marie-Jeanne Blain et Myriam Richard
p. 9–22
RésuméFR :
Cet article vise à contribuer au développement d’une perspective transnationale et intersectionnelle en travail social afin d’élargir notre compréhension des parcours de personnes réfugiées. Un tel exercice est réalisé à partir d’un retour critique sur des recherches que les autrices ont menées depuis 2016 auprès de personnes réfugiées de Syrie. Dans un premier temps, les résultats empiriques seront réinterrogés à partir des angles morts repérés dans le cadre d’une recherche qui visait à documenter l’expérience de personnes réfugiées en provenance de Syrie établies au Québec grâce au programme de parrainage collectif. Dans un second temps sera abordé comment ce premier projet s’est avéré un point tournant conduisant les chercheuses à élargir leur perspective nationale vers une approche transnationale et intersectionnelle. Cet élargissement a donné lieu à deux nouvelles recherches ancrées au-delà des frontières de l’État-nation à la suite de travaux fondateurs (dont ceux de Glick Schiller, Basch et Blanc-Szanton, 1992; Wimmer et Glick Schiller, 2002), mais aussi à l’invitation à déjouer le nationalisme méthodologique dans le champ des recherches transnationales (voir par exemple Levitt et Jaworsky, 2007). Notre article pose maintenant la question suivante : comment cette invitation à l’intention des chercheur.e.s peut-elle également s’appliquer aux pratiques d’intervention de travailleurs sociaux impliqués sur le plan local tout autant qu’international? Notre argumentaire exposera comment une perspective transnationale et intersectionnelle permet d’approfondir une compréhension des parcours complexes des personnes réfugiées à travers, notamment, les réseaux et alterstices déployés par les personnes.
EN :
This article seeks to contribute to the development of a transnational and intersectional perspective of social work in order to broaden our understanding of the refugee experience. Carried out by the authors, this exercise was based on a critical review of research they conducted since 2016 with refugees from Syria. First, the empirical results will be reinterrogated based on “blind spots” identified in the context of a research project that sought to document the experiences of refugees from Syria who settled in Québec through the private sponsorship program. The second part of the paper will discuss how this first project proved to be a turning point that led the researchers to broaden their national perspective towards a transnational and intersectional approach. This broadening resulted in two new research projects rooted beyond the borders of the nation-state following seminal works (including those of Glick Schiller, Basch & Blanc-Szanton, 1992; Wimmer & Glick Schiller, 2002) a well as the invitation to challenge “methodological nationalism” (see, for example, Levitt and Jaworsky’s, 2007). The article asks the following question: How can this invitation to researchers also be applied to the practices of social workers involved locally as well as internationally? Our argument will support how a transnational and intersectional perspective can deepen an understanding of the complex pathways of refugees through the networks and alterstices they negotiate.
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Racisme et femmes descendantes de migrants asiatiques : décoloniser les savoirs sur l’interculturalité en travail social au Québec
Sophie Hamisultane, Edward Ou Jin Lee, Josiane Le Gall, André Ho et Charlène Lusikila
p. 23–36
RésuméFR :
Durant le contexte de pandémie, nous avons entrepris avec les auteur.e.s de cette proposition une recherche préliminaire sur le racisme envers les personnes descendantes de migrants (PDM) asiatiques. Nous avons pris contact par l’entremise des médias sociaux avec un groupe qui s’est mobilisé durant cette période où le racisme envers les Asiatiques s’est amplifié dans la mesure où les premiers signes de la COVID-19 ont été identifiés en Chine. Pour cette recherche, nous avons effectué des consultations auprès de femmes descendantes de migrants (FDM) asiatiques au Québec. Au regard des résultats, et en nous appuyant de recherches antérieures sur l’héritage colonial concernant les PDM vietnamiens, nous proposerons une réflexion sur les effets du racisme, qui existaient bien avant la pandémie, dans la construction de soi des PDM asiatiques au Québec dans une visée de décolonisation des savoirs sur l’interculturalité en travail social.
EN :
During the pandemic, we undertook, with the authors of this proposal, preliminary research on racism against Asian descendants of migrants (ADMs). Via social media, we contacted a group that mobilized during this period of heightened anti-Asian racism, as the first signs of COVID-19 were identified in China. For this preliminary research, we carried out consultations with women of Asian descent (ADMs) in Quebec. Based on the results, and drawing on previous research on the colonial heritage of Vietnamese ADMs, we will propose a reflection on the effects of racism that existed long before the pandemic, as well as on the self-construction of Asian descendants of migrants in Quebec with a view to decolonizing knowledge on interculturality in social work.
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Travail social et développement international : réflexions autour d’une convergence disciplinaire
Morgane Rosier, Jody-Ann Anderson et Clothilde Parent-Chartier
p. 37–55
RésuméFR :
Cet article examine les liens entre le développement international (DI) et le travail social (TS) dans une perspective interdisciplinaire. Nous évaluons le degré de rapprochement du DI et du TS en pratique, dans l’enseignement et dans la recherche grâce au concept de convergence disciplinaire à quatre dimensions : les problèmes, les paradigmes, les personnes et les produits ou solutions. En nous basant sur une revue de la littérature, une analyse d’offres de cours et une autoethnographie collaborative, nous montrons que malgré une certaine convergence des deux disciplines en pratique, celle-ci se manifeste moins dans l’enseignement et la recherche. De plus, nous soulignons que la convergence peut avoir des aspects négatifs : les deux disciplines ont une approche technique en inadéquation avec des enjeux profondément politiques. Enfin, le DI gagnerait à être enrichi de certains éléments du TS au profit d’une meilleure compréhension, d’un meilleur enseignement et d’une meilleure pratique, et ultimement d’une meilleure réponse aux enjeux sociaux actuels dans un monde transnational.
EN :
This article examines the links between international development (ID) and social work (SW) from an interdisciplinary perspective. We assess the extent to which ID and SW are linked in practice, teaching and research through the four-dimension concept of disciplinary convergence that encompasses problems, paradigms, people and products or solutions. Based on a literature review, an analysis of course offerings and collaborative autoethnography, we argue that although there is some convergence of the two disciplines at the level of practice, this is less the case in teaching and research. Moreover, we show that convergence can have negative aspects as both disciplines maintain a technical approach that is often at odds with the deeply political issues they wish to address. Finally, ID would benefit from being enriched by certain elements of SW to strengthen its understanding, teaching, and practice, and ultimately better respond to current social issues in a transnational world.
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Au-delà de la question culturelle : pour une intervention conscientisée aux réalités sociohistoriques des populations Noires de Montréal
Charlène Lusikila et Vincent Mousseau
p. 57–67
RésuméFR :
En travail social, à Montréal, l’intervention auprès des personnes Noires est souvent construite dans une logique d’interculturalité. Toutefois, nous avançons que l’intervention doit dépasser le cadre de l’interculturel, car dans le cas des personnes Noires, le racisme joue un rôle prépondérant dans les injustices auxquelles iels sont confrontés. Les personnes Noires présentent des réalités identitaires complexes et intersectionnelles, influencées par les multiples aspects de leur positionnement social. Dans cet article, nous faisons dans un premier temps ressortir les expériences de racisme anti-Noir qui marquent l’histoire de Montréal, dans le but de cerner les nuances de leur racisation. Ensuite, en ayant recours à une autoethnographie collaborative, nous explorons les manières dont une approche antiraciste est mieux adaptée pour l’intervention auprès des communautés Noires de Montréal, le tout inspiré par nos savoirs expérientiels et réflexifs en tant que travailleur·euse·s sociaux·ales Noir·e·s.
EN :
While social work with Black populations in Montreal is often viewed through the lens of interculturality, we propose that we must move beyond this framework in our interventions. In the case of Black populations, it is essential to recognize the predominant role that racism plays in the injustices they face. What’s more, Black people have complex and intersectional identities that are influenced by the multiple aspects of their social positioning. In this article, we first highlight the experiences of anti-Black racism that mark Montréal’s history, with the aim of identifying the nuances of their racialization. Through collaborative autoethnography, we then explore the ways in which an anti-racist approach is best suited to intervention with Black communities in Montreal, all inspired by our experiential and reflective knowledge as Black social workers.
Récits de pratique
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Ashukana (créer des ponts) : récit d’un projet de décolonisation et de sécurisation culturelle en protection de la jeunesse mené par le Centre d’amitié autochtone du Lac-Saint-Jean
Lisa Ellington et Sonia De Grand’Maison
p. 69–82
RésuméFR :
Sous la forme d’un récit de pratique, cet article résume un projet mené en 2020-2021 par le Centre d’amitié autochtone du Lac-Saint-Jean (CAALSJ), visant la décolonisation des interventions en protection de la jeunesse auprès des jeunes et des familles des Premières Nations vivant en milieu urbain. Il fait état des principaux faits saillants issus d’entretiens menés auprès des employés du CAALSJ (7), du CIUSSS de la région (16) et de familles d’accueil non autochtones hébergeant des enfants des Premières Nations (4). Il présente ensuite quelques retombées du projet se traduisant par des outils concrets visant à assurer une sécurisation culturelle au sein des services.
EN :
Taking the form of a “narrative of practice”, this article summarizes a project led by the Lac-Saint-Jean Native Friendship Centre (CAALSJ) aimed at decolonizing youth protection interventions with First Nations youth and families living in urban areas. It presents the main highlights of interviews conducted with employees of the CAALSJ, the CIUSSS and non-Indigenous foster families of First Nations’ children. It then presents some of the project’s spin-offs, namely concrete tools aimed at ensuring cultural safety within services.
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Changer notre façon de voir, de connaître et de critiquer à travers l’enseignement : un récit de pratique sur l’utilisation de l’approche décoloniale dans la formation en travail social
Philippe Roy, Annie Lambert, Julie Noel, Vicky Boldo et Maëlle Normandin
p. 83–95
RésuméFR :
La formation en travail social fait une place grandissante aux savoirs autochtones et aux réalités qui les concernent, dans un effort de réparation des oppressions exercées par la profession dans le passé. Cet article présente une application de l’approche décoloniale dans la planification et la réalisation d’un cours d’intervention sur la défense de droits en contexte autochtone. Dans un récit de pratique, les membres de l’équipe – professeur-e-s, étudiante et praticienne-entraîneure – croisent leur regard pour faire ressortir les modalités pédagogiques, les stratégies et les retombées sur le plan de l’éthique, de la positionnalité et de la réflexivité en travail social. Sur quatre jours consécutifs, les personnes étudiantes endossent le rôle d’une organisatrice communautaire d’un centre d’amitié autochtone fictif. Elles doivent remplir diverses tâches entourant l’intervention dans une situation de racisme. L’article fait ressortir comment l’équipe s’inspire de l’approche décoloniale pour faire vivre aux personnes étudiantes une expérience d’apprentissage en mettant de l’avant la voix des personnes concernées par le sujet du cours. Les principaux moyens comprennent l’implication de personnes autochtones à titre de praticiennes-entraîneures et de comédien-ne-s. Également, le cours est articulé autour d’une vignette basée sur le récit d’un étudiant autochtone. La démarche cherche à déconstruire les rapports de pouvoir issus de la colonisation pour permettre le développement d’une posture éthique et réflexive dans l’intervention auprès des communautés autochtones. En somme, ce récit de pratique explore donc les possibilités et défis d’une application de l’approche décoloniale dans la formation en travail social.
EN :
Social work training is increasingly making room for Indigenous knowledge and realities in an effort to address the oppression exercised by the profession in the past. This article presents an application of the decolonial approach in the planning and implementation of an intervention course on advocacy for Indigenous rights. Through a practical narrative, the members of the team – professors, students, and practitioner-coaches – share their views on the pedagogical approaches, strategies, and consequences in terms of ethics, positionality, and reflexivity in social work. Over four consecutive days, students take on the role of a community organizer in a fictional Native Friendship Centre. They must perform various tasks related to intervention in a racist situation. The article highlights how the team is inspired by the decolonial approach to provide students with a learning experience that highlights the voices of those affected by the subject of the course. The focus is on the involvement of Indigenous practitioner-coaches and actors. The course is also structured around a vignette based on the story of an Indigenous student. The approach seeks to deconstruct the power relationships resulting from colonization to allow the development of an ethical and reflexive posture in the intervention with Indigenous communities. In short, this practice narrative explores the possibilities and challenges of applying the decolonial approach in social work education.
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La recherche-action participative comme soutien à l’autodétermination au Nunavik : regards sur les processus, implications et défis
Dominique Gaulin, Marie-Hélène Gagnon-Dion, Léa Plourde-Léveillé et Sarah Fraser
p. 97–111
RésuméFR :
À travers l’histoire, les chercheurs universitaires ont participé à la destruction et à la dévaluation des ressources intellectuelles, spirituelles et culturelles des Premiers Peuples, contribuant à l’effacement des modes de pensée et d’être de ces communautés (Ferrazzi, Tagalik, Christie et al., 2019). Face à cette réalité, notre équipe de recherche Pitutsimajut Partnership-Research développe depuis près de 10 ans des projets en collaboration avec des partenaires au Nunavik afin de soutenir le processus d’autodétermination des communautés et des organisations de la région en co-développant des outils et services guidés par les savoirs inuit, culturellement ancrés et sécuritaires pour les enfants, familles et communautés du Nord. Les écrits sur les recherches participatives nous offrent des pistes quant aux principes et aux réflexions éthiques qui peuvent guider nos actions. À travers nos partenariats, nous avons ressenti le besoin de partager notre expérience afin de contribuer aux savoirs quant aux spécificités des pratiques dites de recherche-action participative. Dans cet article, nous nous penchons sur l’implication des acteurs, les processus privilégiés, les principes essentiels ainsi que les défis rencontrés au fil des années. Cet article permet d’éclairer davantage l’articulation de la recherche-action participative en contexte autochtone.
EN :
Throughout history, academic researchers have participated in the destruction and devaluation of First Peoples’ intellectual, spiritual and cultural resources, contributing to the erasure of these communities’ ways of thinking and being (Ferrazzi, Tagalik, Christie et al., 2019). In response to this reality, for nearly 10 years, Pitutsimajut Partnership-Research – our research team – has been developing collaborative projects with partners in Nunavik to support the self-determination process of communities and organizations in the region by co-developing tools and services that are guided by Inuit knowledge, are culturally grounded, and safe for northern children, families, and communities. The literature on participatory research offers us insights into the principles and ethical reflections that can guide our actions. Through our partnerships, we felt the need to share our experience, contributing to the knowledge about the specificities of participatory action research practices. In this article, we look at the involvement of stakeholders, preferred processes, essential principles as well as challenges encountered over the years. This article sheds more light on the articulation of participatory action research in an Indigenous context.
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There is always a story to tell : récit de pratique d’intervention sociale en contexte de guérison traditionnelle crie
Jeanne Boulva-Bélanger, Sharon Blackned et Rosalynn Rabbitskin
p. 113–121
RésuméFR :
Les traumas intergénérationnels comme conséquence du colonialisme canadien sont maintenant un enjeu psychosocial reconnu auprès des Premières Nations du Canada. Ce phénomène laisse place à une redéfinition du rôle des services psychosociaux dans les différentes communautés autochtones du pays. Dans cette perspective, ce récit de pratique présente une expérience d’intervention sociale innovante en deux temps (septembre et novembre 2020) avec les membres de la communauté crie de Nemaska en Eeyou Estchee. Au travers des différentes activités traditionnelles (canot, cercle de partage et tente de sudation) chapeautées par l’équipe psychosociale locale, le partage émotionnel est utilisé comme outil de guérison. Les différentes activités de partage émotionnel permettent aux participants de se conscientiser face aux impacts psychologiques de la colonisation, mais également de se réapproprier leur histoire et d’en faire un moteur d’action concret pour briser la chaîne de transmission des traumas intergénérationnels.
EN :
Intergenerational traumas resulting from Canadian colonialism are now a recognized psychological issue among Canada’s First Nations. This phenomenon is giving way to a redefinition of the role of psychosocial services in the country’s various Indigenous communities. This is the perspective from which this practice narrative presents an innovative social intervention experience carried out in two phases (September and November 2020) with members of the Cree community of Nemaska in Eeyou Estchee. In different traditional activities (canoe, sharing circles, sweat lodge) led by the local psychosocial team, emotional sharing was used as a tool for healing. The different emotional sharing activities helped participants to not only become aware of the psychological impacts of colonisation but to reappropriate their history and use it to drive concrete action to break the chain of transmission of intergenerational trauma.
Débats et analyses critiques
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Quelle place pour le discours critique de la race dans le travail social antiraciste et décolonial ?
Caroline Keisha Foray
p. 123–136
RésuméFR :
Cet article analyse la place de la race dans les discours en travail social. Une recension critique de la littérature démontre que les enjeux raciaux sont abordés à travers quatre tendances : l’interculturalisme, l’analyse des inégalités, les pratiques d’intervention antiracistes et, enfin, l’intersectionnalité et l’anti-oppression. Néanmoins, ces tendances n’ont pas su faire de la race un objet d’analyse critique pour le travail social. Faisant usage des théories discursives de Foucault, cet article soutient que la théorie critique de la race (Critical Race Theory) peut apporter plusieurs pistes de réflexion pour s’engager dans un travail social antiraciste et décolonial.
EN :
This article analyzes the place of race in the social work discourse. A review of the literature shows that racial issues are addressed through four trends: interculturalism, inequality analysis, anti-racist intervention practices, and intersectionality and anti-oppression. Nevertheless, these trends have failed to make race an object of critical analysis in social work. Making use of Foucault’s discursive theories, this paper argues that Critical Race Theory can provide several avenues of reflection for engaging in anti-racist and decolonial social work.
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Table ronde multidisciplinaire : regards croisés sur les approches critiques transnationales en travail social
Myriam Richard, Roxane Caron, Ahmed Hamila, Natalie Kouri-Towe, Josiane Le Gall, Gada Mahrouse, Claudio Bolzman et Edward Ou Jin Lee
p. 137–149
Articles hors thématique
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Les pratiques centrées sur la nature et l’aventure et le travail social : perspectives disciplinaires et théoriques
Virginie Gargano
p. 151–165
RésuméFR :
Au cours des vingt dernières années, les travaux portant sur la nature et l’aventure ont connu un essor important, et ce, dans différents champs disciplinaires. Des effets sont démontrés sur la santé, qui se manifestent grâce à différentes pratiques centrées sur la nature et l’aventure (PCNA). Dans le but de circonscrire leur place dans l’univers psychosocial, cet article met en relief les bases théoriques sur lesquelles elles s’appuient ainsi que les effets répertoriés. Pour y arriver, il sera d’abord question de la définition des PCNA, des différents courants disciplinaires dont elles sont issues et des théories les soutenant. Par la suite, les bénéfices sur les plans physiologique, psychologique et social seront brièvement exposés, suivis d’une proposition d’un spectre les intégrant sur une trame évolutive. Finalement, les forces, les limites et les enjeux reliés à l’implantation des PCNA en travail social seront mis en évidence.
EN :
In the last twenty years, research on nature and adventure has grown significantly in different fields of expertise. Effects on health have been demonstrated through various practices centred on nature and adventure (PCNA). To define their place in the psychosocial universe, this article highlights the theoretical principles on which they are based as well as the effects that have been documented. To this end, the definition of these practices will first be exposed, followed by the different disciplinary currents from which they originate and the theories supporting them. Then, the physiological, psychological, and social benefits on health will be briefly presented followed by a spectrum integrating them on an evolving framework. Finally, the strengths, limitations and issues related to the implementation of PCNA in social work will be highlighted.
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Séparés, mais toujours connectés ? Exploration des usages des technologies de l’information et de la communication entre parents et enfants de familles séparées
Claudia Turcotte, Jeanne Guillemette et Kévin Lavoie
p. 167–177
RésuméFR :
Les technologies de l’information et de la communication (TIC) ont pris de l’ampleur depuis les dernières années. En contexte de séparation parentale, ces technologies représentent des moyens privilégiés pour que les coparents communiquent entre eux pour l’organisation de la vie familiale en garde partagée, mais aussi pour que les parents gardent contact avec leurs enfants et maintiennent une relation avec eux malgré leur absence. Cet article propose une recension des écrits s’intéressant à l’utilisation des TIC pour communiquer en contexte de séparation parentale. Les constats des recherches sont présentés par l’entremise de quatre dimensions : 1) les différents types de technologies utilisées; 2) l’influence de la qualité de la relation coparentale sur la communication; 3) les avantages perçus des TIC et 4) les inconvénients perçus par les parents, les enfants et les professionnels concernés. Les conclusions sont ambivalentes quant à l’utilisation de TIC au sein des familles séparées, puisque la qualité des liens entre le parent et l’enfant peut être influencée positivement et négativement par ce type de communication. Le peu d’écrits scientifiques sur ce sujet présente une limite importante. Des pistes de recherches futures et des recommandations pour l’intervention sont suggérées.
EN :
Information and communication technologies (ICT) have been gaining momentum in recent years. In the context of parental separation, these technologies represent privileged means for co-parents to communicate with each other on the organization of family life in shared custody, but also for parents to keep in touch with their children and maintain a relationship with them despite their absence. This article proposes a review of the literature on the use of ICT to communicate in the context of parental separation. Research findings are presented in four dimensions: 1) the different types of technologies used; 2) the influence of the quality of the co-parental relationship on communication; 3) perceived advantages; and 4) the perceived disadvantages of ICTs by the parents, children and professionals involved. Conclusions about the use of ICT in separated families are ambivalent, since the quality of the relationship between parent and child can be influenced positively and negatively by this type of communication. The shortage of scientific literature on this topic is an important limitation. Avenues for future research and recommendations for intervention are suggested.
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Les hommes travailleurs fly-in fly-out en contexte minier : réflexions pour la pratique des travailleurs sociaux
Christel Brouillette, Gabriel Gingras-Lacroix, Oscar Labra, Tommy Cousineau et Martine Roch
p. 179–193
RésuméFR :
Les conditions de vie qu’entraine l’utilisation de la pratique de navettage aérien (fly-in fly-out ou FIFO) au sein du secteur minier exposent les travailleurs, majoritairement des hommes, à de nombreux défis affectant différentes sphères de leur vie. Cependant, les réalités vécues par ces professionnels sont peu connues. Cette recherche documentaire vise donc à exposer l’état actuel des connaissances concernant les effets que peut avoir le système de navettage aérien sur les hommes travaillant dans le domaine minier. L’analyse des 72 documents collectés a permis d’examiner les effets que le système FIFO avait sur la santé mentale et physique, la conciliation travail-famille et la demande d’aide des hommes. Pour donner suite à cette analyse, plusieurs pistes d’intervention sont également proposées pour prendre en compte les besoins en matière d’intervention psychosociale des hommes ayant un travail FIFO.
EN :
Living conditions associated with the fly-in fly-out (FIFO) practice in the mining sector expose male workers to many challenges that affect different dimensions of their life. However, little is known about the realities faced by these professionals. This documentary research seeks to expose the current state of knowledge concerning FIFO’s effects on men working in the mining field. The analysis of 72 documents made it possible to examine the effects of the FIFO system on men’s mental health, physical health, and help-seeking. Following this analysis, several avenues of intervention relating to FIFO workers’ psychosocial needs are also proposed.
Pistes de lecture
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Rencontres radicales : pour des dialogues féministes décoloniaux, sous la direction de Manal Altamimi, Tal Dor et Nacira Guénif-Souilamas, Paris, Cambourakis, 2018, 315 pages
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Penser l’engagement des jeunes « en difficulté » : leurs expériences à partir des milieux de vie, sous la direction d’Elisabeth Greissler, Isabelle Lacroix et Isabelle Morissette, PUQ, 2020, 280 pages