Volume 44, numéro 3, 2024 OSSA13 Keynotes and Joint Blair Prize Winners
Sommaire (6 articles)
Articles
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On the Ethics of Real-Life Examples of Argument
Scott F. Aikin
p. 323–338
RésuméEN :
Argumentation theorists know that their work has real-life application, and similarly, they draw inspiration for that work from real-life experiences. Sometimes, it comes from some public medium – the newspaper, a blog, a debate stage. But we also draw from more private reason-exchanges – a conversation with a neighbor, small-talk with a colleague, or a lovers’ spat. A few worries about publicly theorizing about those more private cases arise. We may be making public something that was unguarded, and so betray a trust. Our theoretical reflections may themselves warp the relationship we’d originally savored, particularly when our partners know about the possibility of them being publicly scrutinized. Novelists and poets regularly struggle with this challenge with their work, and we argumentation theorists should, too.
FR :
Les théoriciens de l’argumentation savent que leur travail a des applications concrètes et, de la même manière, ils s’inspirent d’expériences réelles. Parfois, ces idées proviennent d’un média public – un journal, un blog, une tribune de débat. Mais nous nous inspirons aussi d’échanges de raisonnement plus privés – une conversation avec un voisin, une petite conversation avec un collègue ou une dispute amoureuse. Nous craignons de théoriser publiquement sur ces cas plus privés. Nous pouvons rendre public des commentaires irréfléchis et ainsi trahir une confiance. Nos réflexions théoriques peuvent déformer la relation que nous avions initialement très appréciée, en particulier lorsque nos partenaires savent qu’ils peuvent être scrutés publiquement. Les romanciers et les poètes sont régulièrement confrontés à ce défi dans leur travail, et nous, les théoriciens de l’argumentation, devrions également le faire.
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Does Argumentation Change Minds? A Cognitive and Evolutionary Approach
Cristián Santibáñez
p. 339–360
RésuméEN :
Our intuition is straightforward: yes, argumentation changes minds. But many cognitive and discursive habits suggest otherwise. As the literature in the psychology of reasoning incessantly emphasizes, we hardly change our minds because a predisposed robust confirmation bias (or myside bias) is at work when we argue. To adequately answer the questions of why, how, and if argumentation changes minds, I frame the problem from an evolutionary perspective. I argue argumentative competence changes minds because its ultimate goal is to construct the future, to predict more accurately. This converges with evolutionary analyses of other cognitive skills and cultural inventions. To explain my perspective, I use the distinction between ultimate and proximal goals of a trait.
FR :
Notre intuition est simple: oui, l’argumentation change les mentalités. Mais de nombreuses habitudes cognitives et discursives suggèrent le contraire. Comme le soulignent sans cesse les écrits sur la psychologie du raisonnement, nous ne changeons guère d’avis parce qu’un biais de confirmation robuste (ou biais de-mon-côté) prédisposé est à l’oeuvre lorsque nous argumentons. Pour répondre adéquatement aux questions de pourquoi, comment et si l’argumentation change les mentalités, je pose le problème dans une perspective évolutionniste. Je soutiens que la compétence argumentative change les mentalités parce que son but ultime est de construire l’avenir, de prédire avec plus de précision. Cela converge avec les analyses évolutionnistes d’autres compétences cognitives et inventions culturelles. Pour expliquer ma perspective, j’utilise la distinction entre les buts ultimes et proximaux d’un trait.
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Appeals to “Normality” and “Common Sense” in the Face of Global Uncertainty: An Interdisciplinary Discourse-Historical Approach
Ruth Wodak
p. 361–397
RésuméEN :
Crises cause fear, panic, uncertainty, and helplessness. Uncertainty and insecurity challenge everyone involved; everyone expects instructions, planning, explanations and security. However, we confront scaremongering, simplifications, a range of legitimation strategies and fallacies. Specifically, the fallacies are often placed before community, national or even local interests. These developments are illustrated with a detailed qualitative and quantitative discourse analysis of debates in Austria, in the summer of 2023. I argue that the fallacious appeals to common sense and normality depend on their context, with different content, functions, and effects being observable. Such appeals instrumentalize a ‘politics of emotions’ in different ways. Thus, a novel political logic is normalized, superseding rational discourse, deliberation, and expert-led policy formulation.
FR :
Les crises provoquent la peur, la panique, l’incertitude et l’impuissance. L’incertitude et l’insécurité mettent à l’épreuve tous les acteurs concernés ; chacun attend des instructions, une planification, des explications et la sécurité. Cependant, nous affrontons des alarmismes, des simplifications, une série de stratégies de légitimation et d’erreurs. Plus précisément, les erreurs sont souvent placées avant les intérêts communautaires, nationaux ou même locaux. Ces évolutions sont illustrées par une analyse qualitative et quantitative détaillée du discours des débats en Autriche, à l’été 2023. Je soutiens que les appels fallacieux au bon sens et à la normalité dépendent de leur contexte, avec des contenus, des fonctions et des effets différents observables. De tels appels instrumentalisent une « politique des émotions » de différentes manières. Ainsi, une nouvelle logique politique est normalisée, remplaçant le discours rationnel, la délibération et la formulation de politiques dirigées par des experts.
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Particularism About Arguments
José Alhambra
p. 399–430
RésuméEN :
The aim of this paper is to develop the notions of particularism and generalism in argumentation theory. Generalism is the claim that to argue we need general rules that specify which data support which conclusions, while particularism denies it. The problem is that it is not always clear what these rules consist of, and in what sense argumentation depend on them. To clarify this, I will first introduce the discussion in moral philosophy and show how it has been adapted to argumentation theory. Then I will distinguish some ways of understanding rules and contend that their alleged necessity might be supported in at least three ways. This will allow me to identify some variants of generalism and, on this basis, to outline what I consider to be the most promising reading of particularism.
FR :
L’objectif de cet article est de développer les notions de particularisme et de généralisme en théorie de l’argumentation. Le généralisme est l’affirmation selon laquelle pour argumenter, nous avons besoin de règles générales qui précisent quelles données soutiennent quelles conclusions, alors que le particularisme le nie. Le problème est qu’il n’est pas toujours clair en quoi consistent ces règles et dans quel sens l’argumentation en dépend. Pour clarifier cela, je commencerai par introduire la discussion en philosophie morale et montrerai comment elle a été adaptée à la théorie de l’argumentation. Ensuite, je distinguerai quelques façons de comprendre les règles et soutiendrai que leur prétendue nécessité pourrait être soutenue d’au moins trois façons. Cela me permettra d’identifier certaines variantes du généralisme et, sur cette base, d’esquisser ce que je considère comme la lecture la plus prometteuse du particularisme.
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Defeasible Reasoning in Islamic Legal Theory
Muhammed Komath
p. 431–467
RésuméEN :
Logicians commonly understand nonmonotonic types of reasoning can warrant rational acceptance of conclusions. The significance and legitimacy of these forms of arguments, which were long considered fallacious, has been contentious among logicians in the Aristotelian logical tradition. In contrast, Islamic jurisprudence (fiqh), has long recognised the importance of non-deductive forms of reasoning, and demonstrated how conventionally understood fallacies are not essentially fallacies. Qiyās – generally representing analogical reasoning – is such a case of defeasible reasoning in Islamic legal theories. I show through works of two emblematic medieval Muslim jurist-logicians, al-Juwainī and al-Ghazzālī, that understanding the legitimacy of non-deductive forms of arguments is core to Islamic legal theories (usūl al-fiqh), which proposed a dialectical method (jadal) of approach.
FR :
Les logiciens comprennent généralement que les types de raisonnement non monotones peuvent justifier l’acceptation rationnelle des conclusions. L’importance et la légitimité de ces formes d’arguments, qui ont longtemps été considérées comme fallacieuses, ont été controversées parmi les logiciens de la tradition logique aristotélicienne. En revanche, la jurisprudence islamique (fiqh) a depuis longtemps reconnu l’importance des formes de raisonnement non déductives et a démontré que les sophismes conventionnellement compris ne sont pas essentiellement des sophismes. Le qiyās – qui représente généralement le raisonnement analogique – est un exemple de raisonnement réfutable dans l’argumentation islamique. Je montre à travers les travaux de deux juristes-logiciens musulmans médiévaux emblématiques, al-Juwainī et al-Ghazzālī, que la compréhension de la légitimité des formes d’arguments non déductives est au cœur des théories juridiques islamiques (usūl al-fiqh), qui ont proposé une méthode d’approche dialectique (jadal).