Numéro 41, printemps 2023 dormir sleeping Sous la direction de Aleksandra Kaminska, Alanna Thain et Dayna McLeod
Sommaire (16 articles)
Articles
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L’oeil et l’oreille du sommeil. Lire les vidéo-polysomnographies avec des infirmières de nuit
Amélie Barbier
p. 1–30
RésuméFR :
Ce texte s’appuie sur une enquête ethnographique dans le service des pathologies du sommeil de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris. La nuit, une équipe d’infirmières veille sur des ordinateurs : les écrans diffusent en direct les vidéos et les tracés électrophysiologiques de patients atteints de troubles du sommeil. Nous proposons d’explorer les stratégies de veille des soignantes, ainsi que les techniques du regard, de l’écoute et de l’attention qu’elles portent sur cette communauté locale de dormeurs. Alors qu’elles lisent les signes du sommeil, « une autre sorte de soin » se dessine, faite de savoirs et savoir-faire transmis en situation, ainsi que d’une sensibilité et une solidarité attachées à l’espace-temps nocturne.
EN :
This text is based on ethnographic fieldwork carried out in the sleep disorders unit of the Pitié-Salpêtrière hospital in Paris. At night, a team of nurses watches over computers: the screens show live videos and electrophysiological tracings of patients with sleep pathologies. We propose to explore the caregivers’ strategies of staying awake, as well as their techniques of looking, listening, and paying attention to this local community of sleepers. As they read the signs of sleep, “another kind of care” takes shape, made of knowledge and skills passed on in situ, as well as a sensitivity and solidarity attached to the nocturnal space-time.
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The New Horizontal Worker: Privacy, Sexuality, and Professionalism in the Digital Bedroom
Cressida J. Heyes et Hannah Haugen
p. 1–28
RésuméEN :
In this essay we examine media coverage in 2020 and 2021 of the COVID-19-related practice of “working from bed.” Although presented as a new phenomenon, working from bed has a long history. We suggest that the late modern bourgeois understanding of the bedroom as a private space has long been manipulated by artists, writers, and other celebrities, both through staged photos and more self-conscious representation. These representations play on the paradox of a public figure making their intimate self visible and invite an audience without losing control of the scene. By contrast, media representation of (and advice about) working from bed for white-collar professionals is fraught with anxiety about how to create an image of a desexualized, generic worker whose bed, bedroom, and self-in-bed are newly available to clients, co-workers, and bosses. Presenting distinctive challenges for women workers, the advice we surveyed focuses on aesthetics and comportment, using “professionalism” as a code for discipline and trivializing the consequences of home surveillance.
FR :
Dans cet essai, nous examinons la couverture médiatique qui a eu lieu en 2020 et 2021 concernant la pratique du « travail au lit » liée aux directives de la COVID-19. Bien que présenté comme un phénomène nouveau, le travail au lit a une longue histoire. Nous suggérons que la conception bourgeoise tardive de la chambre à coucher en tant qu’espace privé a longtemps été manipulée par des artistes, des écrivains et d’autres célébrités, à la fois par des photos mises en scène et par une représentation plus consciente d’elle-même. Ces représentations jouent sur le paradoxe d’une intimité mise à nue par une personnalité publique contrôlant l’image de cette intimité représentée. En revanche, la représentation médiatique du travail au lit (et les conseils à ce sujet) pour les professionnels en col blanc sont empreints d’anxiété quant à la manière de créer l’image d’un travailleur générique et désexualisé dont le lit, la chambre à coucher et le soi au lit sont nouvellement disponibles pour les clients, les collègues et les patrons. Les conseils que nous avons recueillis se concentrent sur l’esthétique et le comportement, utilisant le « professionnalisme » comme un code de discipline et banalisant les conséquences de la surveillance à domicile, ce qui représente un défi particulier pour les travailleuses.
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“Everyone Enjoys a Siesta After Lunch in the West Indies”: Fictions of Labour and Languor
Nicole Dufoe
p. 1–21
RésuméEN :
This paper explores historical depictions of tourism in the West Indies, focusing on Frieda Cassin’s With Silent Tread, published in the 1890s and considered the first Antiguan novel. In both form and content, it exemplifies the commodification of the Caribbean as reprieve from the increasingly 24/7 demands of industrialized England, while attempting to elide the strenuous post-emancipation working conditions, chronic illness, and environmental exhaustion. The recurrent fictionalized image of the sleeping Black figure normalizes the rest in which the tourist temporarily indulges before returning, revived, to their imagined natural state of productivity—in 1890, and today. At the same time, rest becomes a potential act of resistance: rupturing the picturesque paradise.
FR :
Cet article examine les représentations historiques du tourisme aux Antilles, en se concentrant sur With Silent Tread de Frieda Cassin, publié dans les années 1890 et considéré comme le premier roman antiguais. Tant dans la forme que dans le contenu, il illustre la marchandisation des Caraïbes comme un répit aux exigences de plus en plus fréquentes de 24 heures sur 24, 7 jours sur 7 de l’Angleterre industrialisée, tout en essayant d’éliminer les conditions de travail pénibles après l’émancipation, les maladies chroniques et l’épuisement environnemental. L’image fictive récurrente de la figure noire endormie normalise le repos auquel le touriste se livre temporairement avant de revenir, ravivé, à son état naturel de productivité imaginaire — en 1890 et aujourd’hui. En même temps, le repos devient un acte potentiel de résistance : rompre le paradis pittoresque.
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Unveiling The Dream: The New Frontiers of Dream Technology and Radical Rest
Mia Imani et Saelyx Finna
p. 1–26
RésuméEN :
This article situates the meeting points of dream tech and the radical rest movement, centering on Black creative and community practices to contextualize the emergence of dream tech in academic research labs, tech startups, consumer markets, and artistic incubations. The article describes the rise of the Radical Rest movement, led by Black activists and artists, in response to the need to reclaim sleep and dreams from colonial agendas and capitalist systems of oppression. This movement has developed parallel to the rapid growth of sleep technology, offering new products for sleep-deprived consumers of the global North. The next frontier of this new multibillion-dollar industry is dream neurotech—technology that directly interfaces with the dreaming mind. The article introduces dream tech by unearthing a largely forgotten dream that shaped the trajectory of modern Western science, a trajectory that is contrasted with views about consciousness in sleep espoused by classical Indian philosophers. With this historical and global context for understanding how sleep and dreams are measured and quantified, the article then historicizes racial sleep inequities in the U.S. to frame how systematic oppression continues to have adverse effects on the sleep health of Black Americans. The article examines the aims of commercial dream tech, discerning agendas and assumptions that reverberate with the Cartesian dualism underlying Western scientific views of dreams, selfhood, and consciousness. These views will be complicated by the practices and values of Black activists and artists in the contemporary Radical Rest movement. Their work uplifts physical and emotional rest as a powerful site for healing trauma and resisting the oppressive vectors of white supremacy and capitalism.
FR :
Cet article s’intéresse aux points de rencontres entre le mouvement du repos radical dirigé par les pratiques créatives et communautaires noires et celui de la technologie des rêves qui émerge notamment à travers les laboratoires de recherche académique, les start-ups technologiques, les marchés de consommation ainsi que dans l’incubation artistique. Cette étude s’intéressera plus particulièrement à l’essor du « Radical Rest movement » régi par des activistes et des artistes noirs, un mouvement né de la nécessité de retrouver un sommeil et des rêves libérés des systèmes d’oppression capitalistes et coloniaux. Dès lors, ce mouvement a émergé en réponse à la croissance rapide d’une technologie du sommeil occidentale proposant de nouveaux produits aux consommateurs du Nord global qui souffrent de sommeils défectueux. Cette récente industrie de plusieurs milliards de dollars se développe par ailleurs à la frontière de la « neurotechnologie des rêves » — une technologie qui interagit directement avec l’esprit en train de rêver. Cet article souhaite ainsi étudier la technologie des rêves en éveillant un rêve largement oublié par la science occidentale moderne et qui en a pourtant façonné la trajectoire. Une trajectoire qui, nous le verrons, contraste avec les conceptions de la philosophie indienne classique s’intéressant à l’état de conscience dans le sommeil. À travers le portrait de ce contexte historique et global qui permet de comprendre les façons dont le sommeil et les rêves sont mesurés et quantifiés, cette étude retrace ensuite l’histoire des inégalités raciales en matière de sommeil aux États-Unis pour montrer comment cette oppression systémique continue d'avoir des effets néfastes sur la santé du sommeil des Noirs américains. Enfin, cet article examine les objectifs de la technologie commerciale des rêves, en discernant les programmes et les hypothèses qui se répercutent sur le dualisme cartésien et sous-tend les conceptions scientifiques occidentales des rêves, de l’identité et de la conscience. Finalement, ces points de vue seront complexifiés et discutés à travers l’étude des pratiques et des valeurs soutenues par les activistes et artistes noirs du « Radical Rest movement », dont le travail fait du repos physique et émotionnel : un lieu puissant de guérison des traumatismes et de résistance aux vecteurs d’oppression de la suprématie blanche et du capitalisme.
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Practices and Environments of Collective Sleep in Twenty-First-Century Latin American Film
Zaira Zarza
p. 1–21
RésuméEN :
What do practices of sleep—or lack thereof—convey about power, social and class divides, and political structures in Latin American postcolonial societies? How does cinema represent and critique binaries such as conscious/unconscious, utopian/dystopian, individual/social, and private/public that are often associated with settings where sleep-wake cycles take place? In exploring these questions, this article analyzes practices and, more specifically, environments of collective sleep as affective landscapes and narrative tools in contemporary Latin American films. It draws from atmospheric family dramas in neoliberal Argentina and dark sci-fi comedies in post-socialist Cuba to examine embodied and em(bed)ded relations before, during, and after acts of sleeping, dreaming, and awakening.
FR :
Que révèle le sommeil sur les relations de pouvoir, les divisions de genre et de classe, et les structures politiques dans les sociétés postcoloniales ? Comment le cinéma représente-t-il les binarités corps / esprit, conscient / inconscient, utopique / dystopique, et privé / public associées aux cycles de sommeil / éveil ? Cet article analyse des pratiques et des environnements collectifs du sommeil, du rêve et de l’éveil en tant que paysages affectifs dans des films d’Argentine et de Cuba.
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Des dormeurs confiés à nos regards. Figurer et éprouver la sociabilité paradoxale du sommeil
Camille Bui
p. 1–33
RésuméFR :
Cet article interroge la manière dont les images photographiques et filmiques peuvent constituer un moyen de représenter la relation entre dormeur et veilleur, mais aussi devenir le médium de la confiance qui les lie. Les mises en scène du sommeil étendent au tiers à qui elles s’adressent le lien éthique — réel ou imaginaire — qui joint dormeur et veilleur, et, de cette façon, invitent à renouveler les métaphores du spectateur comme rêveur ou voyeur.
EN :
This article explores how photographic and filmic images can not only represent the relationship between a sleeper and a watcher but also become the medium of the trust binding them. The images of sleep invite their spectator to imaginarily participate in the ethical bond—may it be real or fictional—that joins the sleeper and the watcher before their eyes, thus calling for a renewal of the metaphors of the spectator as dreamer or voyeur.
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The Scent of Sleep: On Night Knowledge and Its Atmospheres
Sandra Huber
p. 1–31
RésuméEN :
What does scent have to say concerning the wider networks involved in the lived experiences of sleep? In this essay, I discuss the connection of scent to sleepers and sleepers to scent, not only in the ways that scent may enter our dreams to change them up but also the ways that technologies and methodologies of air, perfume, breath, or exhaust connect us as sleepers to the worlds of botany, synthetics, and other realms of kinship and sense that exist apace from dominant modes of waking or seeing. If sleep and scent have historically been situated as “empty” and “passive,” this essay aims to show how full, vital, and roomy these spaces can be. In this line, I move scent and sleep through an atmospheric methodology of rooms to unravel their wider relationship to night knowledge, an epistemology that seeks alternatives to enlightened knowledges of the day, reaching into secrets and spirits. To do so, my archive involves theory, technology, perfume blogs, artists, dreamers, anthropologists, activists, poets, architects, and botanical, animal, and synthetic elements. Finally, I ask: if sleep had a scent, what would it be?
FR :
Qu’est-ce que l’odeur a à dire sur les réseaux plus larges impliqués dans les expériences vécues du sommeil ? Dans cet essai, je discute du lien entre l’odeur et les dormeurs et entre les dormeurs et l’odeur, non seulement de la manière dont l’odeur peut entrer dans nos rêves pour les modifier, mais aussi de la manière dont les technologies et les méthodologies de l’air, du parfum, de l’haleine ou des gaz d’échappement nous relient, en tant que dormeurs, aux mondes de la botanique, de la synthèse et à d’autres domaines de la parenté et du sens qui existent en dehors des modes dominants de l’éveil ou de la vision. Si le sommeil et les odeurs ont été historiquement considérés comme « vides » et « passifs », cet essai vise à montrer à quel point ces espaces peuvent être pleins, vitaux et spacieux. Dans cette ligne, je déplace l’odeur et le sommeil à travers une méthodologie atmosphérique de pièces pour démêler leur relation plus large avec la connaissance nocturne, une épistémologie qui cherche des solutions de rechange aux connaissances éclairées du jour, en atteignant les secrets et les esprits. Pour ce faire, mes archives impliquent la théorie, la technologie, les blogs sur les parfums, les artistes, les rêveurs, les anthropologues, les activistes, les poètes, les architectes et les éléments botaniques, animaux et synthétiques. Enfin, je pose la question suivante : si le sommeil avait un parfum, quel serait-il ?
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Listening with Insomnia
Anabelle Lacroix
p. 1–17
RésuméEN :
Insomnia is a disturbance of sleep, an “alarm bell”—or a signal to be listened to. This paper follows this signal to investigate what it means to “listen with insomnia” rather than against it (listening to fall asleep for future productivity). Through the analysis of the curatorial project Freedom of Sleep (21 April–16 May 2021), and my own experience of insomnia, which was the basis of the project, I develop a framework for listening with insomnia as a political practice. To this end, I draw on ideas of anxiety as a virtue and on the queer feminist theory of multi-level listening to positively reframe the common understanding of insomnia as an alarm bell. Rather than being seen as a depletion or a deficiency, “listening with insomnia” contributes to understanding insomnia as a resource, as an epistemology (a way of knowing).
FR :
L’insomnie est une perturbation du sommeil, une « sonnette d’alarme », ou un signal à écouter. Cet article explore ce que signifie « écouter avec l’insomnie », plutôt que contre elle (écouter pour s’endormir pour une productivité future). À travers l’analyse du projet curatorial Freedom of Sleep (21 April–16 May 2021) et de ma propre expérience de l’insomnie, qui était à la base du projet, je développe un contexte pour écouter avec l’insomnie en tant que pratique politique. Pour y parvenir, je m’appuie sur les idées de l’anxiété en tant que vertu et sur la théorie féministe queer de l’écoute à plusieurs niveaux pour apporter une compréhension positive de l’insomnie comme une sonnette d’alarme. Plutôt que d’être vue comme un épuisement ou une carence, « l’écoute avec l’insomnie » contribue à comprendre l’insomnie comme une ressource, une épistémologie (une forme de savoir).
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Bedtime Stories: Audiobooks, Podcasts, and Reading as Listening (and Sleeping)
Josh Dittrich
p. 1–20
RésuméEN :
This essay approaches sleep podcasts as bedtime stories, exploring the contradictory phenomenology of reading and listening while falling asleep. The first part categorizes audiobook and podcast listening as aural reading through an expanded definition of aurality and a logic of mediated self-control. The essay then proposes a concept of so(m)niferous reading to describe the paradoxical audio-textual inattentiveness that mediates the experience of going to sleep in a typical sleep podcast like Drew Ackerman’s Sleep With Me (2013). Finally, the essay contextualizes the so(m)niferous reading of audiobooks/podcasts in the discourse of children’s bedtime stories, raising critical questions about the subjectivity and agency of so(m)mniferous readers in the contemporary sleepscape.
FR :
Cet article se concentre sur le genre du « podcast pour s’endormir » en examinant la phénoménologie contradictoire qui nous mène à lire, écouter et s’endormir tout en même temps. La première partie catégorise l’écoute des livres audio et des podcasts comme une lecture aurale à travers une définition élargie de l’auralité et d’une logique du contrôle médiale. L’article propose ensuite le concept de la lecture so(m)nifère pour décrire le paradoxe de l’inattention audio-textuelle qui médiate l’expérience de s’endormir. À cet effet, le podcast Sleep With Me (2013) par Drew Ackerman sert d’exemple central. Enfin, l’article contextualise la lecture so(m)nifère des livres audio et des podcasts dans le discours de la littérature pour les enfants (en particulier les histoires au coucher), se posant des questions critiques sur la subjectivité des lecteurs so(m)nifères dans le sleepscape contemporain.
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Do Humans Dream of Electric Ads?
Doron Darnov
p. 1–21
RésuméEN :
Responding to Molson Coors’ 2021 attempt to implant commercials into the dreams of sleeping consumers, I explore how emerging forms of “targeted dream incubation” threaten to transform sleep from a condition of economic refuge into a state of intensified exposure to “24/7” rhythms of economic engagement. More specifically, I argue that developing research in “dream engineering” shifts contemporary relationships to sleep by suggesting that the time we spend asleep might become even more suitable to imposed procedures of economic production and consumption than time spent awake. Rather than re-affirming a fundamental incompatibility between sleep and capitalism, I argue that targeted dream incubation anticipates a future in which capitalism incorporates and exploits sleep as a novel frontier of economic optimization.
FR :
En réponse à la tentative de Molson Coors d’implanter des publicités dans les rêves des consommateurs endormis, j’explore comment les formes émergentes d’« incubation de rêves ciblés » menacent de transformer le sommeil d’une condition de refuge économique en un état d’exposition intensifiée à des rythmes d’engagement économique « 24/7 ». Plus précisément, je soutiens que le développement de la recherche en « ingénierie des rêves » modifie les relations contemporaines au sommeil en suggérant que le temps que nous passons à dormir pourrait devenir plus adapté aux procédures imposées de production et de consommation économiques que le temps passé à l’état d’éveil. Plutôt que de réaffirmer une incompatibilité fondamentale entre le sommeil et le capitalisme, je soutiens que l’incubation ciblée des rêves anticipe un avenir dans lequel le capitalisme incorporera et exploitera le sommeil comme une nouvelle frontière d’optimisation économique.
Recherche-création / Research-Creation
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Beware the LOLcats : une recherche-création sur les illustrations populaires du sommeil préindustriel
Albertine Thunier
p. 1–22
RésuméFR :
Cette recherche-création propose de stimuler les réflexions autour des travaux de l’historien du sommeil Roger Ekirch. Quelques-unes de ses hypothèses, en particulier celles portant sur les sociabilités du sommeil, sont illustrées par le truchement de représentations de chats anthropomorphes. Ces figures, prélevées au sein des cultures populaires contemporaines et du début de l’ère moderne, seront restituées sous la forme de mèmes internet dits LOLCats.
EN :
This research-creation proposes to stimulate reflections on the work of the sleep historian Roger Ekirch. Some of his hypotheses, in particular those concerning the sociability of sleep, are illustrated by means of representations of anthropomorphic cats. These figures, taken from contemporary and early modern popular cultures, will be rendered in the form of internet memes called LOLCats.
Essai vidéo / Video Essay
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Watch me sleep: Self-surveillance and aging queer performance anxiety
Dayna McLeod
p. 1–8
RésuméEN :
Watch me sleep is a video essay that compares Restless, a video installation comprised of night-vision surveillance footage of Dayna McLeod and her girlfriend sleeping, with an excerpt of Under Surveillance: 12hrs at the PHI, a live-feed performance that featured her sleeping alone at the PHI Centre—an arts research and exhibition centre in Montreal—that was livestreamed as part of a fifteen-day broadcasting program in February 2021. This video essay puts in conversation different affective moments of sleeping between these projects: one for an installation where the artist had editing control over footage of her sleeping self and what was eventually shown to an audience, and the other, where she had little to no control over what was shown to the original livestreaming audience because she was asleep.
FR :
Watch me sleep est un essai vidéo qui compare Restless, une installation vidéo composée de séquences de surveillance nocturne de Dayna McLeod et de sa compagne en train de dormir, avec un extrait de Under Surveillance: 12hrs at the PHI, une performance dans laquelle elle dormait toute seule au Centre PHI — un centre de recherche et d’exposition sur les arts à Montréal — qui a été présentée en direct dans le cadre d’un programme de diffusion de quinze jours en février 2021. Cet essai vidéo met en conversation différents moments affectifs de sommeil entre ces projets : l’un pour une installation où elle avait le contrôle du montage sur les images de son moi endormi et ce qui a été montré à un public, et l’autre, où elle avait peu ou pas de contrôle sur ce qui était diffusé en direct car elle dormait.
Artiste invité / Guest Artist
Hors dossier
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Sacrifices numériques : la mémoire au-delà des algorithmes
Hernán Ulm
p. 1–18
RésuméFR :
À partir du concept de « rituels de la perception », nous proposons d’étudier les devenirs techniques et artistiques qui configurent les tensions esthétiques et politiques qui définissent notre agencement social. En adoptant une perspective généalogique, l’article construit un parcours qui montre comment certaines évidences de notre techno-numéricité sont produites à l’intérieur de pratiques discursives et non discursives qui précèdent l’appareil computationnel. En ce sens, nous essayons de montrer comment les pratiques de l’art définies en tant qu’« interruptions des flux quotidiens de la sensibilité » et inscrites à l’intérieur de l’agencement produisent des déviations, des altérations, des suspensions du commun sensible, et nous permettent d’ouvrir notre présent à des formes non programmées de l’existence.
EN :
Based on the concept of “rituals of perception,” we propose a study of the technical and artistic becomings that shape the aesthetic-political tensions defining our social agency. Adopting a genealogical perspective, the article demonstrates how certain certitudes of our techno-digitality are produced within discursive and non-discursive practices that precede the computational apparatus. In this sense, we attempt to show how artistic practices defined as “interruptions of the daily flows of sensibility” and inscribed within the assemblage produce deviations, alterations, suspensions of the sensible and allow us to open our present towards non-programmed forms of existence.