Résumés
Résumé
Cet article propose un rapprochement et une confrontation entre la notion de rythme d’Henri Meschonnic et celle d’articulation (Artikulation ; Gliederung) de Wilhelm von Humboldt. Ces notions présentent plusieurs parentés, bien qu’elles s’inscrivent dans des contextes épistémologiques différents et qu’elles ne soient nullement réductibles l’une à l’autre. On les compare ici en particulier sur le plan de l’enracinement du langage dans le corps et du rôle central joué par le signifiant dans la pensée. Ce rapprochement se veut un parcours heuristique pour repenser le rythme dans le discours. On essaie d’abord de donner une sorte de profondeur à la notion de Meschonnic, c’est-à-dire d’en éclairer certains aspects sous un autre jour : avec la notion d’articulation, on devrait mieux comprendre, en particulier, comment le rythme permet de dépasser la représentation instrumentale du langage. On reformule ensuite la définition du rythme à la lumière du concept d’articulation, lequel se révèle utile en particulier pour en considérer la dimension sensible, perceptible, que la théorie de Meschonnic laisse de côté.
Abstract
This essay compares two notions: Henri Meschonnic’s “rhythm” and Wilhelm von Humboldt’s “articulation” (Artikulation, Gliederung). Although they originate from very different epistemological contexts and one can’t be identified with the other, there are significant similarities between the two notions: both concepts imply a strong relationship between language and body and give a fundamental value to the signifier in the capacity for thought. The comparison is a heuristic way to rethink the concept of rhythm in the discourse. At first, we try to give a kind of “depth” to Meschonnic’s notion by casting new light on some aspects: with “articulation”, one should understand better how “rhythm” allows us to avoid a representation of language as an instrument. Then, we try to rewrite the definition of rhythm: the concept of articulation allows us to take into account the perceptible side of rhythm, which is neglected in Meschonnic’s theory.