Résumés
Résumé
Revenant sur l’imaginaire cinématographique de la « première mondialisation » des années 1890-1940, innervée par le paradigme du rythme, cet article étudie plus particulièrement Melodie der Welt (1929). Walter Ruttmann y porte à une échelle internationale certains motifs caractéristiques des expérimentations avant-gardistes des années 1920, afin de proposer une véritable « Symphonie du monde ». La réception contemporaine de ce film – notamment en France, chez Alexandre Arnoux, André Levinson et Émile Vuillermoz – permet de le rapporter aux conceptions universalistes qui font florès dans le champ artistique de la seconde moitié des années 1920, telle la notion de « Grand Rythme » chez l’historien d’art Élie Faure. Les idées de simultanéité et de synchronisme, au-delà des frontières comme des époques, reviennent dans Melodie der Welt au travers de certaines formes collectives d’expressivité gestuelle rythmée, au premier plan desquelles figurent la danse et le travail. À la même époque, on peut trouver des positions opposées à cette démarche dans divers textes de Siegfried Kracauer, notamment ceux qui comparent la démarche de Ruttmann à celle de Dziga Vertov.
Abstract
This article addresses the pivotal role devoted to rhythm at the time of the « first globalization » (ca 1890-1940), through a detailed consideration of Melodie der Welt (Walter Ruttmann, 1929), which reuses typical features of the “City Symphony” genre as a visual ground for working out a new “World Symphony”. By taking into account this experimental documentary film’s reception, mainly in France (Alexandre Arnoux, André Levinson, Émile Vuillermoz…), one can relate Ruttmann’s endeavour to broader universalist ideas of the 1920s (such as simultaneity and synchronism across borders and times, or the “Great Rhythm” concept developed by the art historian Élie Faure). Rhythmical gesture, embodied by images of collective dancing and working, occupies a privileged position in Melodie der Welt. Ruttmann’s attempt has been thoroughly condemned by Siegfried Kracauer, whose writings provide a fruitful comparison with Dziga Vertov’s work.